Punitions et conséquences : quand et comment?
De plus en plus de mamans élèvent leurs enfants seules au Québec. Les défis des mamans monos s’adresse à ces femmes et vise à les aider à relever leurs défis particuliers.
Beaucoup de mamans solos ont de la difficulté à garder une ligne directrice stable et conséquente dans leur éducation, passant sans cesse de la sévérité à la désinvolture. Le manque d’expérience, la trop grande fatigue qui s’accumule, beaucoup de raisons vont motiver le lâcher prise sur le moment, pour ensuite se fâcher quand les règles ne sont pas respectées. Nous avons demandé à Stéphanie Houle, diplômée en travail social et en éducation spécialisée, de nous éclairer un peu sur les punitions et les conséquences.
La constante oscillation entre la sévérité et la mollesse rend inévitablement les interventions inefficaces. Il existe beaucoup d’incompréhension face aux punitions, aux conséquences logiques et aux pauses dans le domaine de la parentalité où la mode est à laisser croire que la discipline n’est plus tendance. «D’entrée de jeu j’aimerais préciser que c’est important d’avoir un cadre défini avec des enfants et il faut se rappeler qu’ils vont éventuellement évoluer dans des cadres avec des règles dans la société. Les enfants ont donc besoin de limites», affirme Stéphanie Houle.
La punition sous-entend une intervention qui peut être dégradante pour l’enfant et qui n’est pas en lien avec la faute ou le comportement fautif. «On pense par exemple à mettre l’enfant dans le coin, le priver de dessert ou de sortie, des choses qui répriment l’enfant sans lui faire comprendre ce qui serait le bon comportement puisqu’il n’y a pas de lien. La punition peut aussi se rendre au châtiment physique. Ce que ça vient créer chez l’enfant c’est un réflexe de trouver des façons de contourner les règles davantage et de tricher quand il le peut au lieu de s’y conformer.»
Les punitions et les interventions plus rigides démontrent souvent un manque d’outils en éducation ou un épuisement parental qui s’installe. Et plus on va être lousse sur certaines règles, plus nos enfants vont en prendre plus large.
Stéphanie Houle, diplômée en travail social et en éducation spécialisée
Quand on parle de conséquences logiques, on pense plutôt aux actions qui seront posées par le parent pour corriger une situation et qui seront donc en lien avec le comportement de l’enfant. «Par exemple, un enfant qui lance sa voiture parce qu’il est fâché, la maman va lui retirer la voiture en lui disant: je vais te l’enlever parce que tu risques de la briser et je ne veux pas que tu la lances. Cette conséquence est alors logique et en lien direct avec la situation.»
Stéphanie Houle pense aussi que les temps de pause sont un outil pertinent dans l’arsenal d’éducation d’un enfant. «Dans les cas de la conséquence logique et de la pause, on prend le temps de se calmer et d’avoir une discussion avec l’enfant, en dehors de l’émotion. Alors que dans le cas de la punition, elle est souvent donnée sur le coup de la colère. Mais quand on comprend comment le cerveau de l’enfant fonctionne, on sait que pendant la crise, celui-ci est incapable de rationaliser ou de réfléchir. Il n’a pas accès à la partie rationnelle de son cerveau, donc ça ne serre à rien d’essayer de le rationaliser. Même nous comme adulte on a de la difficulté à le faire souvent devant une situation stressante. On réagit sur le moment, dans l’émotion au lieu de la réflexion et la rationalité. »
Il fait donc plus de sens de penser à établir des conséquences logiques plutôt que des punitions. «C’est certain que comme maman, on va répéter souvent. Ça fait partie de la job. Les parents qui sont plus sévères ne répètent pas nécessairement moins. La punition c’est vouloir atteindre l’enfant en pensant que si la punition ne fait pas «mal» elle ne donnera pas de leçon assez forte pour changer le comportement. Mais c’est un biais de la pensée parce que même si, sur le coup, ça peut être satisfaisant pour la maman, au final, l’enfant développera des moyens de contourner la règle», termine-t-elle.