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On a essayé de se procurer de l’Ozempic

Prescription Ozempic
Photo: Denis Novikov/iStock
Arianne Lebreux-Ebacher et Matéo Gaurrand-Paradot

L’Ozempic aurait la cote auprès des stars hollywoodiennes, mais est-ce facile de mettre la main dessus pour le commun des mortel.le.s? On a rencontré trois médecins via des services de télémédecine… en exagérant parfois notre poids. 

Première tentative  

Nous sommes restés fidèles à la réalité pour voir s’il était possible de mettre la main dessus, sans être nécessairement diabétique ou en surpoids. 

Âge, poids mentionné et taille : 24 ans, environ 152 livres, 5 pieds 7 pouces (IMC d’environ 23) 

Problèmes de santé mentionnés : Anxiété et hypothyroïdie, dont les symptômes peuvent comprendre une prise de poids 

Raison de la consultation : Obtenir l’Ozempic pour perdre une dizaine de livres à la suite d’une prise de poids rapide durant la pandémie. 

Durée de la consultation : Environ 14 minutes 

Résultat : Échec. On ne peut nous prescrire le traitement puisque l’IMC est en bas de 30 et qu’il n’y a pas de problème de santé considérable. 

Conseils du médecin : Consulter un.e nutritionniste, boire de l’eau, réduire la malbouffe et bouger plus. Ont aussi été recommandés des antidépresseurs favorisant la perte de poids (parce que, oui, certains médicaments pour traiter la dépression peuvent faire maigrir), offre que la journaliste a déclinée pour ne pas interrompre un autre traitement contre l’anxiété. 

Citation du médecin : «Un médecin va vous prescrire l’Ozempic seulement si vous êtes en état d’obésité. Sinon, il y a trop de risque pour la santé par rapport aux bénéfices.» Des professionnel.le.s de la santé ont pourtant affirmé à Métro que le médicament pouvait être prescrit sans qu’une personne soit considérée comme obèse, à condition que son poids ait des impacts négatifs importants sur sa santé physique ou mentale. 


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Deuxième tentative 

Nous avons menti sur notre poids, faisant grimper notre IMC jusqu’à un état de surpoids et disant souffrir d’autres problèmes de santé. 

Âge, poids mentionné et taille : 24 ans, environ 174 livres, 5 pieds 6 pouces (IMC d’environ 28) 

Problèmes de santé mentionnés : Anxiété et hypothyroïdie, dont les symptômes peuvent comprendre une prise de poids 

Raison de la consultation : Obtenir l’Ozempic pour perdre du poids à la suite d’une récente prise de poids rapide.  

Durée de la consultation : Environ 34 minutes 

Résultat : Échec. On ne peut pas nous prescrire le traitement puisque notre IMC est de 28,09. On nous explique que pour obtenir une prescription d’Ozempic pour perdre du poids, notre IMC doit être supérieur à 30 ou se situer entre 27 et 30 si notre surpoids est jumelé à certains problèmes de santé précis. L’hypothyroïdie et l’anxiété n’en font pas partie. 

Conseils du médecin : Avoir une bonne alimentation, bouger plus, faire un suivi avec le médecin et consulter un.e nutritionniste.  

Citation du médecin : «Je pense que ça serait plus te nuire que de t’aider de commencer ce médicament. Surtout si on pense que la majorité des gens vont le garder à long terme [et donc en subir les effets secondaires longtemps en plus de devoir débourser les coûts associés]. Tu es jeune pour penser que tu auras un médicament à t’injecter toutes les semaines pendant longtemps.» 

En d’autres mots, l’Ozempic apparaît comme une solution médicale de dernier recours pour traiter l’obésité. 

Troisième tentative  

Nous avons encore plus gonflé notre poids sur la balance, de sorte que notre IMC atteigne un niveau plus élevé d’obésité. Nous avons également feint avoir multiplié les actions pour perdre du poids, sans résultat. 

Âge, poids mentionné et taille : 22 ans, environ 207 livres et 5 pieds 9 pouces (IMC d’environ 30) 

Problèmes de santé mentionnés : Aucun 

Durée de la consultation : Environ 30 minutes 

Raison de la consultation : Obtenir l’Ozempic pour perdre du poids. Nous avons également mentionné que le surpoids était courant dans notre famille et que nous n’avons pas réussi à perdre du poids malgré plusieurs régimes et la pratique de deux sports. 

Résultat : Échec. On nous indique qu’on ne peut nous prescrire le traitement étant donné que nous sommes dans la vingtaine et que cela impliquerait de le prendre longtemps sans nécessité dans ce cas-ci, selon la professionnel.le. 

Pourtant, plusieurs médications demandent une prise quotidienne sur le long terme et on peut lire sur le site de la compagnie pharmaceutique que «les effets indésirables avec Wegovy [traitement semblable à l’Ozempic] chez les patients pédiatriques âgés de 12 ans et plus étaient similaires à ceux rapportés chez les adultes».  

Conseils du médecin : «Il faut tenter de perdre du poids autrement, tout en sachant que la médication est présente et qu’on ne vous laissera pas [empirer votre cas au point de souffrir de] graves problèmes de santé.» 

5 constats sur l’expérience 

1) Les médecins semblaient sur leurs gardes lorsqu’on a abordé l’Ozempic. La preuve : nous n’avons pas réussi à nous faire prescrire le médicament puisque nous n’étions pas «assez malades» ou «trop jeunes».  

2) Deux médecins sur trois nous ont posé des questions sur notre état mental, notre relation avec la nourriture et sur notre estime de soi. Comme nos réponses étaient majoritairement positives, aucun suivi psychologique n’a été recommandé. 

3) Trafiquer les données sur notre poids et notre grandeur est facilité par la télémédecine. Cependant, dans le cas d’une réponse positive aux demandes, une pesée officielle et des prises de sang prétraitement pourraient être exigées.  

4) Un des trois médecins nous a conseillé un régime alimentaire restrictif, alors que plusieurs études montrent que cette méthode se conclut souvent en échec et qu’un tel régime a des conséquences physiques et psychologiques négatives. 

5) Deux médecins sur trois nous ont indiqué leurs critères pour obtenir l’Ozempic : un IMC de plus de 30, ou entre 27 et 30 si la personne présente certains problèmes de santé.  

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