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5 espèces menacées au Québec… et des solutions pour les protéger!

Le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent fait partie des espèces menacées au Québec. Photo: Gerald Corsi

En ce 11 mai, afin de souligner la Journée mondiale des espèces menacées, l’on braque les projecteurs sur cinq espèces fauniques menacées ou vulnérables peuplant le Québec.  

« On parle beaucoup du déclin de la biodiversité, mais heureusement, il y a aussi de bonnes nouvelles! », souligne en entrevue avec Métro Pascal Côté, scientifique à Conservation de la nature Canada (CNC), un organisme qui se voue à la sauvegarde de la faune et la flore. 

« On n’est plus dans les années 70 : on a aujourd’hui une bonne connaissance des espèces, et beaucoup de mesures sont mises en place. Ça ne veut pas dire que toutes les espèces iront mieux dès maintenant, mais il y a une prise de conscience, un changement de mentalité », ajoute l’expert en conservation, qui dresse le portrait de cinq espèces. 

Rainette faux grillon. Photo : Conservation de la nature Canada

Rainette faux-grillon de l’Ouest 

Principales menaces 

C’est la destruction de son habitat, les milieux humides, qui menace avant tout cette grenouille ayant fait les manchettes au cours des dernières années. Les activités agricoles et les nouveaux lotissements résidentiels, notamment, ont particulièrement mis à mal les milieux humides, indique Pascal.  

Mesures de protection 

Une nouvelle loi provinciale, les Plans régionaux des milieux humides et hydriques, oblige les municipalités régionales de comté (MRC) de l’ensemble de la province à déposer d’ici juin des plans visant à protéger ces milieux, précise-t-il. « C’est un bon pas en avant. Il y a beaucoup de MRC qui n’avaient jamais fait ça, des plans de conservation de milieux naturels. » 

Il existe en outre des programmes visant à encourager les agriculteur.trice.s à adopter des mesures de protection lorsque des rainettes peuplent leurs terrains, et bon nombre y répondent favorablement, se réjouit l’expert. 

Béluga de l’estuaire du Saint-Laurent. Photo : Gerald Corsi

Béluga  

Principales menaces 

Les menaces ne datent pas d’hier. Le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent était chassé jusque dans les années 1970 et persécuté, car on l’estimait à l’époque nuisible, croyant à tort qu’il vidait les stocks de poisson, explique Pascal « Des avions lâchaient des bombes dans les troupeaux de bélugas pour les tuer. » La chasse a été finalement interdite. 

De plus, la pollution dans le Saint-Laurent et les Grands Lacs a contaminé plus tard la chaîne alimentaire du béluga. « C’était une dompe, il n’y avait pas de traitement des eaux usées, notamment industrielles », indique Pascal. Si les cancers ne sont plus aujourd’hui la principale cause de mortalité du béluga, le bruit du transport maritime en fait, lui, partie en interférant avec la communication des individus sous l’eau. 

Sur de 7000 à 10 000 individus à l’origine environ, l’on recense aujourd’hui 900 individus, dit Pascal, qui s’émeut de voir ce mammifère dans le fleuve alors qu’il vit surtout dans l’Arctique.  

Mesures de protection 

Un parc marin géré par le provincial et le fédéral y interdisant certaines activités industrielles, notamment minières, pétrolières et gazières, a été instauré dans les années 1990, indique Pascal. Les deux ordres de gouvernement ont d’ailleurs annoncé cette année qu’ils l’agrandiraient, souligne-t-il. 

Pygargue à tête blanche. Photo : Leta Pezderic

Pygargue à tête blanche  

Principales menaces 

Comme la plupart des rapaces, la reproductivité de cette espèce piscivore a périclité dans les années 1950 et 1960 à cause d’un pesticide répandu massivement, le DDT, qui a contaminé sa chaîne alimentaire. Les oiseaux pondaient ensuite des œufs à la coquille trop mince pour être viables, explique Pascal. L’interdiction du DDT a ensuite changé la donne. 

Le pygargue à tête blanche était de surcroît fusillé à une certaine époque, persécuté comme nombre de rapaces, chasse qui a été interdite. Depuis les années 1980, il a connu un rétablissement fulgurant, affirme Pascal. « Il y a des couples nicheurs dans plusieurs régions du sud du Québec, ce qui était impensable il y a 20 ans. » 

Mesures de protection 

Une réglementation dans l’industrie forestière tient compte de la nidification de l’espèce et impose que soit délimitée une zone tampon autour d’un nid. Les forestières sont en outre tenues d’effectuer un suivi, souligne Pascal. 

Goglu des prés. Photo : Yves Fortin

Goglu des prés 

Principales menaces 

Le goglu des prés niche non pas en hauteur, mais au sol, notamment dans les grandes cultures de foin, auxquelles se sont abondamment substituées celles du maïs et du soya dans le sud du Québec depuis 30 ans, causant ainsi son déclin, explique Pascal.  

De plus, alors que les fauches étaient effectuées auparavant plus tardivement l’été, laissant le temps au goglu de nicher et aux oisillons, de quitter le nid, elles se font aujourd’hui à répétition et plus tôt en saison, ce qui détruit les nids, expose l’expert.  

Mesures de protection 

Les agriculteur.trice.s qui adoptent des mesures pour préserver les oiseaux sur leurs terrains peuvent recourir à des programmes de subventions. Et ça fonctionne, assure Pascal. De plus, des terres agrestes préservées par CNC abritent de la culture fourragère, où la fauche est effectuée suffisamment tard pour que les oiseaux champêtres comme le goglu puissent nicher paisiblement.  

Petite chauve-souris brune. Photo : Leta Pezderic

Petite chauve-souris brune 

Principales menaces 

Depuis une quinzaine d’années, les espèces de chauve-souris résidentes, soit celles qui ne migrent pas l’hiver en territoire chaud, ont subi un déclin massif. La cause? Le syndrome du museau blanc, maladie transmise par un champignon originaire d’Europe qui s’est propagé très rapidement à partir de l’État de New York au début des années 2000, explique Pascal. En près d’une décennie, la population résidente a radicalement diminué. 

Le champignon se développe surtout dans les milieux froids et humides comme les grottes, les cavernes et les mines, là où hibernent justement en groupe les chauves-souris.  

Mesures de protection 

Comme le champignon se propage aussi par les vêtements et les outils humains, les spéléologues adoptent des mesures sanitaires rigoureuses pour prévenir sa propagation, indique Pascal. 

Si l’on trouve une chauve-souris chez soi ou à proximité, le site Chauves-souris aux abris constitue une ressource précieuse pour savoir quoi faire et ainsi, possiblement, lui éviter la mort. Il est même possible de bâtir des dortoirs, fait remarquer l’expert.  

Pour connaître toutes les espèces fauniques menacées ou vulnérables du Québec 

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