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Ottawa blâme Moscou pour le retrait des États-Unis du traité nucléaire

WASHINGTON — Le gouvernement libéral fédéral a attribué le blâme à la Russie, vendredi, pour le retrait des États-Unis d’un traité vieux de trente ans sur les missiles nucléaires. Un différend qui ravive les craintes de la guerre froide et suscite des inquiétudes face à une nouvelle course à l’armement.

Le président américain Donald Trump a déclaré que la Russie a alarmé les États-Unis et ses alliés de l’OTAN en bafouant depuis des années, «en toute impunité» et à la vue du monde entier, le traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire signé par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1987.

Il reproche à la Russie d’avoir secrètement développé et mis à l’essai un système de missile interdit par l’accord et qui menace les troupes américaines à l’étranger et leurs alliés.

«Les États-Unis ont pleinement adhéré au traité depuis plus de 30 ans, mais nous ne demeurerons pas contraints par ses termes pendant que la Russie donne une fausse image de ses actions», a-t-il expliqué.

«Nous ne pouvons pas être le seul pays au monde lié unilatéralement par ce traité, ni par aucun autre. Nous irons de l’avant pour développer nos propres options de réponse militaire et nous travaillerons avec l’OTAN et nos autres alliés et partenaires pour priver la Russie de tout avantage militaire tiré de son comportement illicite.»

Cette décision n’est pas une surprise, étant donné les efforts diplomatiques infructueux des États-Unis visant à convaincre la Russie de respecter les termes du pacte. Il s’agissait du tout premier accord du genre à interdire toute une classe d’armes, soit les missiles de croisière lancés du sol d’une portée maximale de 5500 kilomètres. Une distance comparable au trajet entre Vancouver et Saint-Jean au Nouveau-Brunswick ou à deux fois celle qui sépare Moscou et Paris.

Les missiles de croisière sont guidés et propulsés et volent généralement à faible altitude, ce qui les rend difficiles à abattre pour les systèmes de défense antimissile actuels.

Depuis 2017, la Russie a déployé quatre bataillons du missile de croisière 9M729, ce qui porte son arsenal à près de 100 missiles, a révélé jeudi le Wall Street Journal.

Le Canada et l’OTAN ont tous deux pris le parti des États-Unis, en précisant que la position agressive et intransigeante de la Russie était responsable de la mort imminente d’un accord crucial de réduction des armes nucléaires considéré comme essentiel à la fin de la guerre froide.

Adam Austen, porte-parole de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, a déclaré que le Canada était déçu que les gestes faits par la Russie aient conduit à cette décision des États-Unis.

Il a ajouté que le Canada appuie fermement les efforts internationaux visant à débarrasser la planète des armes nucléaires, mais que ces démarches ne peuvent être efficaces que si tout le monde respecte les mêmes règles.

La position canadienne fait écho à celle de l’OTAN, qui rejette aussi la faute sur la Russie pour l’effondrement du traité. «Les Alliés appuient pleinement cette action, a secondé l’alliance militaire par voie de communiqué. La Russie va porter seule l’entière responsabilité de la fin du traité».

Les États-Unis plaident que le traité représente une entrave à un moment où les menaces se multiplient à travers le monde, non seulement en provenance de Russie, mais aussi de Chine. Cette dernière ne fait pas partie du traité et les autorités craignent qu’elle ait pu s’attribuer un avantage militaire significatif en Asie. D’un autre côté, la fin du traité pourrait également très bien servir les intérêts stratégiques de la Russie.

L’abandon du désarmement est de mauvais augure pour la sécurité de millions de personnes dans le monde, a prévenu une coalition de militants et de personnalités publiques, politiques et des affaires dans une lettre adressée au premier ministre Justin Trudeau la semaine dernière.

Sans ces traités, le monde va se retrouver sans aucune contrainte formelle concernant le contrôle des arsenaux nucléaires pour la première fois depuis 1972, a mis en garde la coalition dans sa lettre. Ces personnalités craignent une nouvelle course à l’armement un danger accru que les conflits politiques et militaires dégénèrent en une guerre nucléaire et une annihilation de la planète.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a confirmé que les États-Unis suspendraient leurs obligations liées au traité dès samedi et qu’ils entameraient le processus de retrait complet au cours des six prochains mois.

James McCarten, La Presse canadienne

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