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Tenons-nous vraiment à la fête des Mères?

CHRONIQUE – Ils se pensent subtils. Ils croient qu’on ne se rend pas compte que toute cette panique morale entourant la possible annulation d’une fête des Mères ne constitue en fait qu’un langage codé pour dire que les préoccupations des communautés LGBTQ+ vont trop loin et que, si ça continue, les repères les plus fondamentaux de la société – comme les mères – seront abolis. Message sous-entendu : c’est la faute des gais, lesbiennes, trans et probablement des drag queens si on ne peut plus célébrer l’hétérosexualité comme dans le bon vieux temps. Conclusion : les hétéros sont persécutés.

Pourtant, derrière la plupart des décisions de moduler d’une manière ou d’une autre la fête des Mères ou celle des Pères, il semble y avoir davantage la préoccupation de protéger d’une tristesse inutile des enfants dont la mère est décédée ou qui n’ont tout simplement pas de père. La Coalition des familles LGBT+ a d’ailleurs tenu à préciser cette semaine que les familles LGBTQ2S+ ne souhaitent généralement pas l’abolition de ces fêtes.

Si la Coalition doit réagir par voie de communiqué à ce genre de nouvelle, c’est qu’elle sait très bien que ce sont les communautés de la diversité sexuelle et de genre qui sont attaquées lorsque de telles « controverses » font surface. Ce n’est pas parce qu’on a voulu épargner la sensibilité d’un enfant dont la mère s’est suicidée cet hiver qu’on déchire sa chemise. C’est parce qu’on craint que les wokes nous enlèvent encore une fois une chose à laquelle on tient.

Non seulement les organisations de défense des minorités sexuelles et de genre ne revendiquent pas d’abolir les fêtes des Mères ou des Pères, certaines d’entre elles vous encouragent à célébrer ces événements. Aux États-Unis, GLAAD, une importante organisation militante, offre des ressources aux médias pour les aider à inclure des enjeux touchant les familles homoparentales à leur couverture de la fête des Mères. Par exemple, on rappelle que dans certains États américains, les couples homoparentaux ne sont toujours pas autorisés à adopter un enfant. Au Québec, je suis certaine que la Coalition des familles LGBT+ se ferait un plaisir d’aider les journalistes à présenter des histoires qui illustrent les défis particuliers qui se posent aux familles issues de la diversité sexuelle et de genre. Et non, les médias qui décideront de ne pas aborder de tels enjeux ne seront pas traités d’homophobes.

Cette tempête médiatique entourant la fête des Mères pourrait laisser croire que l’on tient aux mères, si ce n’était que l’on s’en fout, en réalité. On apprenait récemment que 3000 éducatrices de la petite enfance ont quitté leur emploi dans la dernière année. Pour chaque éducatrice de perdue, ce sont entre 6 et 8 enfants qui n’ont plus de place en milieu de garde. Et compte tenu de l’écart salarial persistant, ce sont le plus souvent les mères qui écopent de cette absence de filet social. Dans les années où ils ont été mis en place, les CPE ont permis d’augmenter de près de 10% la participation des femmes au milieu du travail et de réduire considérablement la pauvreté.

Si les mères étaient importantes, on ne déchirerait pas notre chemise au sujet d’une fête devenue commerciale dont la créatrice revendiquait elle-même l’abolition. On s’assurerait que les éducatrices – majoritairement des femmes – aient des conditions de travail aussi alléchantes que celles de milieux typiquement masculins. 

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