Répondre aux besoins spécifiques des citoyens de l’île
Certains projets se développent dans l’ombre à l’île d’Orléans, mais ont non seulement les moyens de leurs ambitions, mais également de bonnes intentions envers les moins favorisés de l’île. C’est le cas La Démarche ICÎ de l’Association bénévole de l’Île d’Orléans. Tour d’horizon de ce beau projet.
C’est en octobre 2021 que Karine Moisan, alors engagée en tant que chargée de projet, a commencé la démarche. «L’idée que j’ai eue c’était de faire une recherche-action, c’est-à-dire de commencer par faire un portrait des besoins dans la communauté. Depuis, nous sommes maintenant deux à travailler sur le projet puisqu’un coordonnateur a été ajouté qui lui va être responsable des actions qui seront mises en place quand toute la recherche sera terminée», commence celle qui est responsable de la recherche au niveau qualitatif et sociologue de formation.
La Démarche ICÎ, dont l’acronyme signifie Initiative pour la Collectivité de l’île d’Orléans, est une démarche en développement des communautés financée à hauteur de 500 000$ pour les trois prochaines années par la Fondation Lucie et André Chagnon. L’objectif est de lutter contre la défavorisation sur le territoire de la MRC de l’île d’Orléans. Donc, dès le départ, la défavorisation a été mesurée sur l’île.
«Avec les statistiques officielles, on a été capables de voir qu’il y a des indicateurs sur le territoire. Il y a trois dimensions à considérer: la pauvreté ou la défavorisation matérielle (revenu disponible, capacité de s’alimenter, se loger et se déplacer), la défavorisation culturelle (diplôme, compétences, accès à la culture générale), et la défavorisation sociale (absence de capital réseau, isolement)», énumère la sociologue.
Dans la MRC de l’île d’Orléans, il y a de grands écarts de revenus entre les ménages, mais également entre les municipalités. Il y a également une présence importante de familles monoparentales et des obstacles au niveau de la mobilité pour l’accès à l’éducation après le niveau primaire et à l’emploi.
«Il n’y a pas d’école secondaire sur l’île, il n’y a pas non plus d’épicerie. Il y a donc plusieurs problématiques que nous avons identifiées et qui sont toute reliées ensemble finalement autour d’un enjeu central: la mobilité sur l’île qui est le nerf de la guerre.»
Pourtant, selon l’analyse conceptuelle effectuée, 95% des gens de l’île n’ont jamais utilisé le service de transport collectif PLU Mobile pourtant si populaire sur la Côte-de-Beaupré. «On réalise que le service est peu connu des résidents, alors que beaucoup de résidents disent que le service ne répond pas à leurs besoins. On essaie donc avec divers partenaires de voir ce qu’on pourrait faire pour faciliter la mobilité des citoyens», explique-t-elle. Karine Moisan croit que la demande est plus grande qu’il n’y parait et que c’est en la démontrant qu’il sera peut-être possible d’obtenir éventuellement une meilleure offre de services.
Trois grands enjeux
Actuellement, parmi les démarches en cours, l’une a pour objectif de mieux préciser les besoins des jeunes de l’île. «Qu’est-ce qui se passe pour un jeune qui habite à l’île dont les parents ne veulent pas ou ne peuvent pas le voyager? C’est un enjeu de défavorisation et d’isolement par rapport aux autres jeunes de l’île, mais aussi par rapport à ceux qui grandissent en ville.»
Les ainés, les ados et les mamans monoparentales sont les trois populations les plus vulnérables au niveau de l’isolement et de la défavorisation. La Démarche ICÎ en est à l’étape de créer trois grands chantiers: l’isolement, la sécurité alimentaire, et la mobilité.
«On a approfondi nos connaissances et on travaille à développer des partenariats pour mettre en place ces chantiers en formant des comités sur ces sujets. On a beaucoup d’idées. On aimerait aussi briser l’isolement des personnes âgées en leur permettant par diverses activités de partager leurs compétences et leurs habiletés, qui ont souvent un sentiment d’inutilité. On aimerait tisser des liens entre les générations avec des activités diverses. On veut vraiment faire les bons choix et faire les bonnes actions pour répondre aux besoins de nos résidents», termine Karine Moisan.
Si participer au comité pour la mobilité ou à celui pour les adolescents (14-18 ans) vous interpelle, vous pouvez faire part de votre intérêt à Yannick Pavard au ypavard@abiorleans.ca.