La profession de microbrasseur a de la broue dans le toupet
PORTRAIT. «On doit être dans ceux qui buvons le moins au travail ou après», lance Michel Marcoux. Le préjugé du brasseur au coude léger, c’est de plus en plus chose du passé selon le doyen de l’équipe aux commandes de la Brasserie générale de Charlesbourg. Il estime que, de folklorique dans ses débuts, le métier s’est professionnalisé avec les années grâce à l’exigence des amateurs.
Dans les années 1980, quand bien même on s’intéressait à la bière, les ressources et les produits n’étaient pas disponibles, se rappelle Michel Marcoux qui, pour cette raison, a d’abord montré de la curiosité pour le vin. Il a néanmoins tenté ses premières expériences de brassage maison vers 1985, mais ne s’y adonnera professionnellement qu’à partir de 1997. Dans l’intervalle, Internet, les livres, les cours, les demandes d’amateurs avaient contribué à la popularité et au perfectionnement de la pratique.
Quand la maîtrise mène à l’innovation
Tellement même que, depuis, «tout a été fait»: bière aux fraises, aux kiwis, aux bleuets, aux fraises-kiwis-bleuets…, énumère-t-il dans la catégorie des fruits, avant d’ajouter que la créativité et la curiosité du brasseur n’ont de limite que le bon dosage d’une recette. Aussi, alors qu’il devient difficile d’innover – ou de prétendre à l’innovation –, ce sont bien davantage la maîtrise et la constance dans la pratique qui importeront.
Pourtant, la dernière-née de la Brasserie générale, la Chaga, une bière à base du champignon du même nom, n’est pas loin de combiner innovation et maîtrise. Plusieurs s’y seraient essayé, mais rares seraient ceux qui auraient suffisamment percé le secret de cette recette pour la commercialiser, selon les recherches de Michel Marcoux. Les amateurs se l’arrachent déjà, et les autres pourront la découvrir au Festibière, en même temps qu’une nouvelle variété, la Turbo-belge.
Les recettes gagnantes
Lorsqu’on lui demande ses coups de cœur parmi les quelque 400 sortes disponibles aujourd’hui sur le marché, notre brasseur évoque les bières au goût subtil, comme celles du Trou du diable. Puis, prêchant pour sa paroisse, il mentionne la Scotch ale, «au goût bien dosé. Quand je ramène du travail à la maison, c’est ça que je ramène», blague-t-il.
Pour Michel Marcoux, c’est là l’avantage d’être à la tête de sa propre microbrasserie. «C’était pour le plaisir d’avoir à réfléchir, d’avoir la liberté de manœuvre et de réfléchir à ces manœuvres», dira celui qui a fait le saut il y a tout juste six mois, avec un trio de jeunes brasseurs. Quand vient le temps de créer, les quatre passionnés mettent l’épaule à la roue. La relève et l’héritage qui travaillent de concert: ça aussi, ça doit être une recette gagnante.
Composantes de la bière, en ordre d’importance
– eau
– orge
– houblon
– levure
Membre du Groupe Québec Hebdo