Un vent de méfiance autour du projet de développement George-Muir
CONSULTATION PUBLIQUE – Les travaux réalisés sans permis par Leboeuf Société immobilière dans le boisé au nord de la rue de Bigorre ont rebondi à la consultation publique du 18 juin qui portait sur la vision du développement du secteur de George-Muir présentée par la Ville de Québec. Pour les citoyens, cet épisode vient raviver le manque de confiance qu’ils entretiennent à l’égard du propriétaire des terrains et, partant, envers la Ville de Québec.
«Notre grosse inquiétude, les citoyens, c’est que ce promoteur-là, on sait comment il est, et le problème, c’est qu’on n’est pas sûrs que vous allez le contrôler», a lancé un résident de la rue Éric, après qu’un autre de la rue Anne-Bellehache eut dressé la liste des infractions du même type perpétrées par Leboeuf Société immobilière depuis 2008.
«Le promoteur a été avisé plusieurs fois que, tant qu’il n’a pas de permis, qu’il n’y a pas de règlementation, il n’a pas le droit d’effectuer de travaux. De sa propre initiative, il a décidé de le faire. Le premier qui est désolé, c’est moi», a avoué le conseiller du district des Monts, Patrick Voyer, qui est intervenu promptement dès que le cas a été porté à son attention. Au passage, il a reconnu que la Ville avait eu, par le passé, «des problèmes» avec la manière de faire du propriétaire; c’est pourquoi elle a travaillé sur ce projet de développement qui encadrera les plans de tout promoteur – l’actuel ou un autre qui rachèterait les lots –, en lui laissant une mince marge de manœuvre.
Construire dans un milieu humide?
L’incident dans le boisé Bigorre a également dirigé les projecteurs sur le sort futur réservé à cette zone humide, qui sera sacrifiée pour prolonger la rue et accueillir des résidences. «Ça se fait tu une rue là-dedans, savez-vous?», s’est enquis, incrédule, Luc Fortier, en interrogeant la logique derrière la décision de protéger une zone «molle» et pas l’autre.
«En fait, ce n’est pas parce que la zone est molle qu’on ne permet pas la construction. C’est qu’on souhaite conserver cette [autre] zone», a nuancé, dans un premier temps, une fonctionnaire de la Ville. «En ingénierie, tout se fait», a renchéri Pierre Hotte, de la Division de la gestion du territoire.
Il reste que l’examen des milieux humides menés conjointement par le ministère de l’Environnement et la Ville de Québec, préalablement à l’élaboration de la vision de développement, a conduit les experts des deux parties à juger le boisé au nord de Bigorre «comme étant, si on peut dire, de moindre valeur que celui au sud, puisqu’il n’est pas hydroconnecté», a rapporté une employée municipale.
De plus, les 11,6 hectares qui porteront le sceau de «milieu protégé» viennent compenser les 3,6 hectares qui seront reconvertis, selon l’entente conclue entre la Ville et le ministère. Il s’agit d’une entente verbale, mais Patrick Voyer en a déjà souligné le caractère exceptionnel puisque, règle générale, le ministère ne se prononce pas sur des dossiers dont le zonage ne permet pas la réalisation.
Incertitude et méfiance
Autant de réponses qui n’ont pas semblé apaiser les nombreuses préoccupations de la cinquantaine de citoyens présents, dont les points d’incertitude tendent à rendre méfiants. Entre la première présentation du projet, le 27 mai dernier, et la consultation publique du 18 juin, la confiance paraît s’être effritée.
Selon toute probabilité, les élus adopteront le projet de règlement le 2 juillet prochain. Ce sera ensuite aux citoyens de se prononcer sur son sort futur en choisissant de s’engager, ou non, dans un processus référendaire.
Membre du Groupe Québec Hebdo