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Occupation Double: analyse de la violence psychologique envers Jonathan

Jonathan d'Occupation Double a été rejeté par plusieurs candidats de l'émission, ce qui l'a poussé à partir. L'autrice India Desjardins dénonce l'intimidation dont il a été victime.
Jonathan d'Occupation Double a été rejeté par plusieurs candidats de l'émission, ce qui l'a poussé à partir. Photo: Métro/Gracieuseté Productions J

LETTRE OUVERTE – Lorsqu’on analyse des télé-réalités, on se fait souvent dire « change de poste si t’es pas contente ». Cette réaction ne tient pas compte du fait qu’on aime souvent regarder des télé-réalités pour en discuter, analyser les aspects sociaux et psychologiques, comme d’autres aiment regarder le hockey et en analyser les aspects sportifs. Et on ne dit jamais aux gérants d’estrade qui discutent de notre sport national « de changer de poste ».

Cette analyse, d’abord publiée sur un groupe de discussion privée au sujet de OD, est faite dans le cadre du jeu de télé-réalité Occupation Double, basé sur ce qui nous est présenté comme images, et ne reflète pas une opinion sur les comportements des candidats hors de cette émission.
Avertissement : Ce texte contient des spoilers.
Traumavertissement : Ce texte traite de violence psychologique, violence verbale, d’intimidation et de violence conjugale.

Depuis le départ de Jonathan de la maison des gars de OD Martinique, on parle beaucoup d’intimidation. Ce qui me réjouit là-dedans, c’est que nous sommes beaucoup plus sensibles et allumé.e.s socialement à cette réalité. La plupart des fans d’OD ont nommé cette situation et l’ont même dénoncée. 

Dans la chronique d’Hugo Dumas du 12 octobre 2022, il écrit :  « La production d’Occupation double affirme qu’elle n’a pas caché le côté sombre de Jonathan aux téléspectateurs et qu’il s’agit d’un conflit de personnalités entre lui et le reste de la distribution masculine, ce qui a rendu leur cohabitation impossible. »

La production est en contact avec les participant.e.s tous les jours et je ne veux pas les contredire. Cela dit, j’ai l’impression que de parler de conflit de personnalité banalise ce qu’a vécu Jonathan et ce à quoi nous avons assisté comme public. À la demande du journal Metro, je partage avec vous une analyse que j’ai faite depuis la fin septembre sur un groupe privé de discussion sur OD, où j’avais vu poindre de la violence envers Jonathan. Je ne suis pas une experte, mais la violence psychologique me préoccupe énormément et j’ai eu l’occasion d’apprendre beaucoup sur le sujet en écrivant mon essai Mister Big ou la glorification des amours toxiques ou en travaillant sur mon balado Tomber : Michel Brûlé.  Décortiquer la situation qu’a vécue Jonathan à OD me semble une occasion parfaite pour comprendre comment naît parfois la violence dans un groupe et peut-être éventuellement, puisque maintenant nous sommes capables de la nommer socialement, la prévenir. Et ceci est fait totalement à titre… de gérante d’estrade!

Partie 1, La naissance du conflit

Analyse du 27 septembre 2022 

Suite à un moment où Jonathan parlait à Clémence, on a vu Félix arriver et dire de façon assez expéditive que c’était à son tour de lui parler.

À la suite de cette situation, on a vu Jonathan exprimer respectueusement à Félix qu’il n’avait pas aimé son approche et la façon dont il lui a formulé cette demande. Il a parlé au « je » et il était respectueux. On sentait un réel désir de ne pas laisser les choses s’envenimer entre eux.

Félix a répondu brusquement (ou « abrusquement » dans le vocabulaire OD) qu’il a fait ça parce que Jonathan avait exagéré le temps qu’il a passé avec Clémence, ce à quoi Jonathan a répliqué qu’il pouvait faire attention. (Donc il était prêt à reconnaître ses torts.) Mais Félix n’a pas aimé cette discussion et il a continué en étant froid avec Jonathan, appuyé par Michael. Plus tard on a vu Michael et Félix se faire une accolade de fierté.

Ensuite on a vu Jonathan un peu confus se confier à Philippe en disant « J’ai voulu améliorer les choses… » Il ne comprenait pas ce qui s’était passé.

Aux yeux du groupe, comme la réaction de Félix était forte, il a passé pour la personne qui était blessée, donc c’est lui qu’on a choisi de défendre. La tentative de communication non-violente de Jonathan n’a pas été remarquée, c’est la blessure d’ego de Félix qui l’a été.

Par la suite (épisode de dimanche), Jonathan a voulu essayer de régler ce conflit, en utilisant encore une fois la communication non-violente. Il n’était pas accusateur, parlait encore au « je » et était prêt à admettre des erreurs. Une conversation qui se déroulait bien jusqu’à ce qu’on sente qu’elle se termine et où chacun avait exprimé des points dans le respect. Mais là paf : Félix frappe Jonathan d’une insulte qui signifie « tout le monde te déteste ici ». Ce qui a surpris Jonathan qui a voulu se défendre et qui a eu ce qu’on appelle une violence réactionnelle (violence en réaction à une violence) car il lancé une insulte lui aussi. À ce moment, Félix s’est levé et est parti, laissant Jonathan dans une complète confusion sur la situation. (Et probablement de la culpabilité d’avoir insulté, ce qui ne semble pas son genre le voyant tenter de régler les conflits pacifiquement).

Ce qui nous amène au souper d’élimination. L’animateur Jay DuTemple parle aux deux gars. Jonathan se remet en question. Il se demande s’il a bien fait les choses (ce qui démontre sa confusion). Tandis que Félix est encore dans la violence (son « je m’entends bien avec 7 gars » crée un rejet total de Jonathan et aucune ouverture à régler le conflit.)

Ce que j’observe, c’est un comportement violent de la part de Félix, qui n’a pas aimé que son comportement irrespectueux de départ (aller interrompre Jonathan et Clémence assez brusquement) soit souligné, et qui décide de ne pas être à l’écoute de ce que l’autre avait à dire pour tenter d’améliorer les choses. Aussi, c’est correct si Félix n’a pas apprécié que Jonathan s’approprie le moment avec Clémence, mais les erreurs sont possibles et si c’est souligné avec respect, l’autre peut avoir la chance de s’améliorer, ce qui n’est pas été possible ici. Félix, au lieu d’exprimer respectueusement ce qui ne fait pas son affaire, utilise plutôt les insultes, le « silent treatment » (refus de communiquer avec une personne qui en fait la demande), la culpabilisation, le boudage, les menaces de « péter sa coche » et même une allusion à un risque de violence physique.

Pendant ce temps, une bonne résolution de conflit dans la non-violence a eu lieu chez les filles qui ont souligné à Dominique des comportements qu’elles n’appréciaient pas, ce à quoi Dominique a répondu: « Je ne réalisais pas, merci de m’en avoir parlé, je vais faire attention! »

Partie 2, Une accalmie

Analyse du 28 septembre 2022 

Félix est allé « régler » le conflit avec Jonathan en utilisant un truc de manipulation typique de la violence psychologique. Après avoir isolé Jonathan du reste du groupe pour quelques jours (pour qu’ainsi Jonathan comprenne quelle punition il risque en s’exprimant, même respectueusement), il va le voir pour dire « j’en ai parlé à tout le monde et je veux régler ça ».

Donc il a l’air de vouloir régler le conflit. Mais il installe qu’il a parlé aux autres (donc il a décidé lui-même quand se terminait le conflit et montre ainsi son influence sur le groupe). Aussi, il ne l’a pas fait dans un type de communication non-violente car il a inséré une insulte :  « je veux juste te dire que tu es fake. Tu es souriant avec les filles mais pas ici. »

Donc il veut régler le conflit, mais en instaurant sa domination et en insultant. Ce qui déstabilise Jonathan et le place tout de suite en échec plutôt qu’en situation d’égalité avec les autres membres du groupe.

Rappelons qu’avec les gars, Jonathan est isolé tandis qu’avec les filles, il est accueilli et se sent en sécurité, émotivement, donc c’est normal qu’il se sente mieux. Jonathan a encore une fois paru confus et a voulu s’expliquer mais Félix lui a coupé la parole pour dire que tout était réglé.

Ce qui a vraiment soulagé Jonathan donc il a préféré régler le conflit plutôt que de continuer à défendre son intégrité (risque versus bénéfice).

Jonathan a perdu du même coup la possibilité d’être spontané dans sa relation avec Félix. Car il ne voudrait plus redevenir isolé. Il sait ce qui l’attend comme punition s’il s’exprime et que ça tourne mal.

La violence psychologique est sournoise. Elle s’installe tranquillement avec ce genre de danse, de punition si quelqu’un s’exprime ou pose un geste qui déplaît à l’autre pour ensuite avoir un beau moment et possiblement une « lune de miel ». Ce qui réduit l’espace à une des deux personnes pour être elle-même et, éventuellement, cette personne perdra le contact avec ses propres émotions ou sa réalité. Remettant en question ses comportements. Menant à des sentiments de culpabilité et de perte d’estime de soi.

Il se peut également qu’en étouffant ses émotions, Jonathan soit enclin à de la « violence réactionnelle », donc avoir une réaction disproportionnée par rapport à un événement banal. On verra…

Dans l’épisode de mardi, Michael a fait des pas vers Jonathan. En reconnaissant des torts. En souhaitant mieux. Et Jonathan en accueillant tout ça sans en rajouter ou culpabiliser l’autre. On a assisté à une belle résolution de conflit, dans le respect.

Pour l’instant, selon la vision des autres, c’est une situation de conflit qui s’est réglée. Car les petites subtilités que vit Jonathan sont difficiles à percevoir.

Partie 3 : Le porte-poussière

Analyse du 3 octobre 2022 

La violence réactionnelle est une manifestation d’impuissance lorsque quelqu’un est victime de violence et qu’elle est à bout de ressource.

Jonathan a vidé le porte-poussière sur le lit de Michael et c’est un comportement typique d’un.e victime de violence : la personne est isolée du groupe et, éventuellement, devient celle qui semble la coupable. (Dans une situation de violence conjugale d’un homme envers une femme, par exemple, la femme va souvent être traitée par l’entourage ou le groupe de « folle », car les gens ne comprennent pas son comportement qui semble erratique alors que la personne violente reste en contrôle et charismatique car elle domine la relation). Les réactions d’une personne qui subit de la violence passent souvent pour pires que ce que la personne subit, qui est plus subtil et se passe derrière les portes closes.

Jonathan est isolé. Il a perdu sa possibilité d’être spontané car chaque fois qu’il est lui-même, il en subit des conséquences (isolement, bouderie, culpabilisation, insultes). Il confie lui-même qu’il marche sur des œufs.

Voici quelques éléments qu’on a appris au fil des épisodes:

1) Quand il y a des traîneries, il y a des bibittes. (Typique de pays tropicaux, où les fourmis s’accumulent, des puces de sables, des coquerelles, etc.) Ça devient pire quand il s’agit de vêtements mouillés (maillots, serviettes, etc.)

2) Les gars se laissent traîner (on l’a vu dans un épisode par un Jonathan qui a essayé avec humour de parler des ceintres pour ranger les serviettes).

3) Depuis la chicane avec Félix, quoique fasse Jonathan, il n’est pas dans la gang. Il est isolé, car les gars se montent un et l’autre contre lui. Il a subi la conséquence d’exprimer qu’il n’a pas aimé la façon dont Félix est venu lui dire de ne pas parler à Clémence et maintenant, sa marge de manœuvre est inexistante. Il essaie de s’intégrer, sans succès, malgré l’apparence de résolution de conflit, survenue suite à l’annonce du C.A.).

Donc, Jonathan, même s’il veut dire aux gars de se ramasser et qu’il essaie maladroitement avec l’humour (ceintres), rien ne passe. Même s’il a raison. Même si c’est gossant, le fait que les gars ne se ramassent pas accumule les bibittes. D’ailleurs, on voit que lorsqu’il y a des bibittes, les gars le gèrent assez mal (ils ont peur, ils crient, sont dégoûtés, ne savent pas quoi faire, etc.). Un « drame » qui pourrait être évité facilement en se ramassant. C’est un cercle vicieux.

Au party (préalable à l’épisode porte-poussière), Jonathan a appris que malgré une apparence de conflit réglé, tous les gars sont allés voir Clémence pour la pousser vers Michael, SACHANT qu’il s’agissait d’une stratégie pour Michael de rester et non d’un RÉEL intérêt. Les gars se foutent de Clémence. Elle est utilitaire pour garder leur « boy  ». Donc, ce « boys club » continue de rejeter Jonathan, qui semble différent du reste du groupe de gars. Apprendre ça a été un coup fatal pour Jonathan.

Mon hypothèse est donc que l’affaire du porte-poussière a été une violence réactionnelle. Une façon de dire: vous êtes poches avec moi, je suis capable de l’être aussi.

Évidemment, ce n’est pas correct. Et lui-même le sait. Mais ce que je vois là-dedans est une manifestation de souffrance, d’impuissance. Et c’est lui, maintenant qui passe pour le pas correct. Alors que lui subit des petites attaques répétées tous les jours.

Si on observe la situation, alors que nous avons eu quelques éléments d’informations… Les gars qui vont dire à Clémence d’aller vers Michael, c’est de la manipulation. Les filles voient même de l’altruisme là-dedans. Les gars feraient ça pour « protéger » Clémence (Ah bon? Elle a besoin de chevaliers pour la protéger de ses sentiments? Elle n’est pas capable de se faire sa propre idée? C’est une demoiselle en détresse ? Bon, elle semble une personne anxieuse mais elle est transparente et elle est capable de gérer ça par elle-même et c’est ce qu’elle fait en parlant de ce qui la rend anxieuse à Jonathan, qui la rassure du mieux qu’il peut). Donc comme public, on est capables de voir que malgré le porte-poussière vidé dans le lit, la personne qui subit de la violence est Jonathan. Et que, comme toutes les victimes de violence, il y réagit mal. Ce n’est pas son mode d’expression naturelle.

Partie 4, Violence systémique

Analyse du 11 octobre 2022 

Le boys club veut éliminer Clémence pour une question de « vibe » dont Jonathan serait le responsable.

On dit à Jonathan qu’il est responsable de cette élimination car il gâche l’ambiance dans la maison et il en vient à le croire. Il dit même à Clémence qu’il est responsable.

(D’ailleurs, chapeau à la réalisation de nous montrer les visages de Isaak, Félix et Philippe comme si on était dans une scène du Parrain, ça appuie le ridicule de la situation !)

Ensuite, une fois que c’est fait, les gars vont dire à Jonathan que « ce n’est pas lui personnellement », que « c’est la game ».

Ça ressemble à du gaslighting — le fait de présenter une réalité alternative pour que la victime doute d’elle-même—  qui est une forme de manipulation.

Bien sûr que c’est un jeu. Et les candidats ont le droit à leur stratégie. Mais il y a une différence entre une stratégie pour éliminer quelqu’un du jeu, et une stratégie pour éliminer quelqu’un d’un groupe à l’intérieur du jeu.

Ce qui est vraiment complexe avec le gaslighting, c’est que le manipulateur est tellement convaincant que même la victime doute de sa propre réalité, et dans ce cas-ci, les proches doutent aussi de la victime, car une autre réalité leur est présentée. Aussi, le manipulateur est souvent bon pour se faire aimer en restant en apparence gentil et charismatique malgré l’attaque. Il montre aussi sa domination, ce qui empêche qui que ce soit de défendre la victime (comme Jimy, qui voit bien que d’avoir des opinions différentes de ce groupe a des conséquences, donc même s’il exprime son désaccord, il ne peut agir en conséquence car il connaît les représailles possibles, soit l’exclusion). Et c’est exactement comme ça qu’on isole une victime.

Donc ici, on dit à Jonathan qu’il est le responsable et on le voit en train de faire sa valise à se demander ce qu’il a pu bien faire.

Ce qui lui est reproché :

1. Il a pété sa coche sur le ménage (et a reconnu son erreur) en vidant un porte-poussière dans le lit de Michael, qui lui, selon la version de Jonathan, s’était coupé les ongles et les avait laissés traîner par terre. Comme je le mentionnais en partie 3, il peut s’agir d’une violence réactionnelle. (Malgré tout c’est une erreur reconnue et pour laquelle on a appris qu’il y a eu des excuses.) Je me demande par contre si les autres se sont excusés de se laisser traîner ou ont admis une certaine responsabilité dans cette situation qui a dégénérée.

2. Les gars lui reprochent d’avoir « stoolé ». Ce qu’on sait est qu’il a été honnête avec Virginie quand elle lui a posé la question sur l’intérêt de Philippe pour elle. Donc il n’a pas respecté les « règles du boys club », et il a plutôt décidé d’être honnête envers une fille qu’il a considérée comme son égale par rapport au reste du groupe (qu’il ne semble pas séparer pas dans sa tête entre les gars et les filles). « Ne pas stooler » fait partie de la masculinité toxique. Car la valeur de défendre « les bros » doit prévaloir sur toute autre valeur (honnêteté, intégrité). Et dans ce règlement, « stooler » Jonathan sur un comportement (comme l’a fait Michael aux filles lorsqu’il a révélé le porte-poussière) n’est pas grave (ou de même valeur) car il ne fait pas partie du boys club. D’ailleurs dans ce boys club, les filles sont accessoires aux stratégies des gars et ils les instrumentalisent soit pour sortir un homme qui ne fait pas partie du club, soit pour en garder un autre (exemple : Michaelen utilisant Clémence, ou encore Philippe en utilisant Virginie).

Avec le gaslighting, nous aussi comme public on en vient à douter, à se demander ce qu’on a manqué. Mais il faut rassembler ce qu’on sait de Jonathan.

Ce qu’on sait sur Jonathan:

  • On a d’abord vu sa tentative de communication non-violente pour tenter de régler un conflit.
  • On voit qu’il respecte Clémence dans son anxiété. (Il la rassure, ne la juge pas, l’accepte telle qu’elle est.)
  • Il a respecté le consentement de Clémence pour le premier baiser même quand la bouche de celle-ci était à un centimètre de la sienne (moment qui m’a procuré une petite larme je dois l’avouer).
  • Il a également respecté Clémence dans sa décision d’intégrer le C.A. (Plusieurs personnes, surtout des personnes qui viennent de vivre une situation de violence et de rejet, pourraient être tentées de reproduire ce qu’elles viennent de vivre et de culpabiliser l’autre. Jonathan a laissé Clémence libre. Encore une fois, par son comportement, on voit qu’il est sain.)
  • Quand on lui mentionne un défaut, il veut tout de suite améliorer la situation. (Exemple: Il ne parlait supposément pas assez aux autres filles. Ce qu’il a tenté de rectifier, mais qui n’était pas à la hauteur des attentes des filles, qui lui ont reproché sa manière de faire… J’ajouterais à ce sujet que Jonathan est constamment mis en échec par le groupe quoiqu’il fasse pour tenter d’améliorer ce qu’ils/elles attendent de lui.)

Donc avons-nous vraiment manqué quelque chose de spectaculaire où Jonathan est vraiment irrespectueux et un monstre pas croyable envers les gars? Je ne pense pas.

Petit détail:

À OD Extra diffusé le dimanche 9 octobre, on nous a montré une scène où les gars ont ri en gang. L’animateur a pointé le rire de Jonathan en disant: « Il rit comme une madame au jour de l’an. »

Cette phrase encapsule possiblement ce que le groupe n’aime pas de Jonathan. Ce n’est pas un gars qui est ce que la société attend des gars. Il fait le ménage, il fait pipi assis, il pleure, et il rit en plus… comme une « madame ». (J’aurais une autre analyse à faire au sujet de ce genre de blague/commentaire mais je vais rester focalisée sur mon sujet principal de violence psychologique.)  Ce commentaire — qui ne se voulait assurément pas méchant de la part de l’animateur — dénote tout de même cette pression qu’ont les hommes de se conformer à un modèle précis de masculinité, sans quoi ils sont rejetés ou ridiculisés. Je recommande à ce sujet de lire Pour l’amour des hommes, de Liz Plank et La volonté de changer : les hommes, la masculinité et l’amour, de Bell Hooks.

Bref, les gars ont décidé d’éliminer Clémence. Jonathan a décidé de partir.

La décision de partir était la meilleure que Jonathan puisse prendre pour sa santé mentale. Il fallait qu’il fasse ça aussitôt qu’il a su que personne ne voulait de lui. Dommage car en faisant ça il a subi une injustice (ne pas pouvoir rejoindre le C.A.) et il aurait probablement pu le faire s’il avait attendu le 5 à 7 pour choisir les nouveaux candidats, car il aurait probablement été éliminé à ce moment. Mais rester aurait été d’endurer une situation intolérable et il a vraiment montré ce qu’il faut faire en situation de violence: partir.

Quand on vit de la violence, il y a de grands deuils à faire. Des avantages (affectifs, financiers ou sociaux) à laisser derrière. Il y a aussi de l’injustice. Parce que la victime ne réussit souvent pas à faire valoir son point de vue, n’est pas crue, et doit elle-même renoncer à certaines choses, alors que la personne violente (ou le groupe violent) continue à avoir des avantages. Il faut vraiment qu’on arrive à voir une sécurité affective et psychologique comme le plus grand avantage et de plus grande valeur (ce qui est souvent difficile).

Dans cette situation, on a eu en peu de temps l’occasion d’observer, dans une micro-société, une situation de violence, qui est même devenue systémique, envers une personne, ses conséquences et ses injustices.

Personnellement, pour moi, Jonathan est le plus grand dans cette situation. Et ce qui arrive est le mieux qu’il puisse lui arriver. J’espère que ce qu’il a vécu ne laissera pas de trace. Et qu’il verra à quel point le public l’appuie. J’espère aussi qu’il ne reproduira pas les comportements qu’il a vécus, et qu’il ne se remettra pas en question dans sa masculinité. Parce que ce qu’il est comme homme, plusieurs aimeraient que ce soit un modèle de masculinité plus souvent valorisé.

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