Le Phoenix encore arrêté
(Par Louise Grégoire-Racicot)Les marins indiens du Phoenix ont, le soir du 28 mai, porté plainte contre leur employeur. Transports Canada a immédiatement réagi en interdisant au capitaine du bateau de quitter le port de Québec, en soirée du 28 mai.
C’est ce qu’a confirmé la porte-parole de Transports Canada, Lyne Montpellier, vendredi midi.
Rappelons que le Phoenix était en panne à Québec plus tôt cette semaine. Le navire se trouvait à Sorel-Tracy depuis deux ans et demi après que la compagnie qui le possédait, Menpas Shipping, eut abandonné le bateau et son équipage, qui comptait notamment des marins turcs. À son arrivée à Québec cette semaine, le Phoenix est tombé en panne au Port de Québec. Voilà que ce dernier est de nouveau arrêté, cette fois-ci en raison des marins non payés.
« Transports Canada a reçu une plainte formelle concernant les conditions administratives touchant les marins à bord du Phoenix. L’équipage est composé de 17 marins provenant majoritairement de l’Inde. Transports Canada prend très au sérieux cette situation. Une nouvelle interdiction de départ a été immédiatement émise pour le Phoenix. »
À 15h, elle n’avait pas encore expliqué ce que signifiaient « les conditions administratives » dont elle parlait. Tout ce qu’elle mentionnait, c’est que « des inspecteurs de Transports Canada se rendront à bord pour effectuer les vérifications en vertu de la convention internationale Marine International Labour Code 2006 (MLC). On continuera de suivre ce dossier de très près. »
Entretemps, un inspecteur de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), Vince Giannopoulos, qui avait dénoncé la situation de détresse dans laquelle se trouvaient les marins turcs l’été dernier à Sorel-Tracy, a été appelé pour rencontrer l’équipage et vérifier combien de marins sont touchés par l’allégation de privation de trois mois de salaire. Au moment de lui parler, vendredi, à 14h30, il montait à bord du cargo actuellement ancré près de l’ile d’Orléans.
Il ne se dit cependant pas du tout étonné de ces allégations. « Ce navire bat aussi pavillon de complaisance comme l’était le Phoenix Sun avant, et ces cargos ne se soumettent pas aux règles qui régissent la navigation au pays. Si je venais juste de commencer dans cet emploi, j’aurais peut-être été surpris mais au cours de la dernière année, j’en ai vu beaucoup! »
Rappelons que le bateau a d’abord été immobilisé au quai 104 de Québec, près du bassin Brown, depuis le 24 mai pour y subir des réparations à son système de propulsion. Il devait quitter Québec vers Dubaï vendredi matin.
Des réactions à Sorel-Tracy
Le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, a vite réagi à la nouvelle que les marins n’avaient pas été payés depuis trois mois. En transmettant sur sa page Facebook, il écrivait au sujet de ces marins. «Utilisés par des propriétaires sans scrupule pour contourner les règles de sécurité et le droit du travail.»
Paradoxalement, la Ville de Sorel-Tracy avait remis, le 22 mai dernier, une plaque à cet armateur alors que le cargo s’apprêtait à quitter le port de Sorel, plaque qui reconnait son professionnalisme et celui de son équipe ainsi que sa fidélité à payer ses droits de quaiage et services reçus.
Québec Hebdo