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La Banque du Canada et l’insécurité alimentaire

Tribune libre Métro
Photo: Infographie Métro Média

La Banque du Canada a de nouveau augmenté son taux directeur. Une annonce peu souhaitable qui a des répercussions pour tous même à l’épicerie. Voyons les faits…

Les besoins essentiels de base de la vie comportent la nourriture et le logement. Quelques données nous révèlent que le coût du logement a fort probablement un effet considérable sur les dépenses à l’épicerie. Selon les derniers résultats trimestriels d’Empire/Sobeys/IGA, l’entreprise a enregistré une baisse de 16 millions de dollars de ventes alimentaires par rapport au même trimestre l’année dernière, malgré l’inflation. Une tendance similaire s’observe chez Loblaw/Provigo, avec une augmentation des ventes alimentaires de seulement 3,1 % en un an, malgré une inflation soutenue au-delà de 9 % au cours des 12 derniers mois. Chez Metro, nous constatons une augmentation modeste de 5,8 % des ventes alimentaires dans les mêmes magasins au dernier trimestre.

En d’autres termes, les enseignes se maintiennent à flot en matière de ventes alimentaires. Les consommateurs recherchent activement des offres spéciales, délaissent les marques nationales et fréquentent des magasins de rabais. Bien sûr, les prix alimentaires augmentent, mais il reste toujours possible de trouver des produits à prix réduit. En moyenne, les supermarchés offrent entre 15 000 et 60 000 produits, selon la superficie du magasin. Donc, les choix existent. Pour le logement, les solutions alternatives diffèrent énormément et s’avèrent beaucoup moins accessibles.

« La Banque du Canada a de nouveau augmenté son taux directeur. Les données révèlent que les Canadiens étouffent financièrement, étant pris en otage par le coût du logement, et se voient contraints de faire des compromis à l’épicerie. »

Dr. Sylvain Charlebois

Les hausses successives du taux d’intérêt ont entraîné des difficultés pour presque tout le monde. Pour les locataires, le prix des loyers au Canada a bondi au cours de la dernière année. Par exemple, un appartement d’une chambre se loue désormais en moyenne 1 828 $ par mois, selon le site Rentals.ca. Cela représente une augmentation de 13,03 % en un an, soit 238 $ de plus mensuellement, ce qui totalise une dépense supplémentaire de près de 3 000 $ par an. Une hausse similaire affecte les appartements de deux chambres, puisque le loyer mensuel moyen au Canada s’élève à 2 243 $, une augmentation de 10,7 % en un an, et environ un tiers des Canadiens louent leur logement.

Pour les propriétaires et les emprunteurs hypothécaires, la situation devient encore pire. En achetant une maison d’une valeur de 500 000 $ l’année dernière, avec une hypothèque amortie sur 25 ans et une mise de fonds de 20 %, les paiements mensuels avoisinaient les 1 700 $ dollars, selon le taux d’intérêt. Maintenant, avec les taux actuels, les paiements dépassent les 2 800 $ par mois, soit une augmentation d’environ 1 100 $ mensuellement et près de 13 000 $ annuellement. C’est beaucoup d’argent pour maintenir le même niveau de vie. De plus, au fil du temps, de nombreux ménages se voient contraints de renégocier leur prêt hypothécaire à un taux dorénavant nettement supérieur.

Comparativement à l’épicerie où la substitution reste relativement possible, il devient très difficile de changer quoi que ce soit en ce qui concerne le loyer ou le paiement hypothécaire. Un changement implique soit de vendre et déménager, soit de trouver un colocataire pour partager les frais de logement. Quel que soit le choix, un changement d’adresse engendre toujours des frais.

Les données révèlent que les Canadiens étouffent financièrement, étant pris en otage par le coût du logement, et se voient contraints de faire des compromis à l’épicerie. Il s’agit d’accommodements tant financiers que nutritionnels, avouons-le. Étant donné que la hausse des loyers et des taux hypothécaires est là pour un certain temps, le contexte macroéconomique actuel nous pousse à adopter une attitude plus économe, un peu comme ce que nous avons connu au début des années 80. À l’époque, les produits en promotion remportaient un grand succès, non seulement de manière temporaire, mais ils devenaient la norme pour de nombreux ménages.

Un jour, l’abondance et les petites gâteries reviendront, mais cela prendra du temps.

Dr. Sylvain Charlebois, directeur principal, Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire

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