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Le Service de police de la Ville de Québec et le profilage racial: Encore un effort!

Tribune libre Métro
Photo: Infographie Métro Média

Le 6 décembre 2021, environ 200 citoyennes et citoyens de Québec de toutes les origines ethniques ont marché pour demander la reconnaissance du profilage racial policier.  Comme par hasard, trois jours plus tard, le 9 décembre 2021, le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a annoncé, sans le rendre public, «un plan de développement pour de meilleures pratiques policières». Ce manque de transparence de la part du SPVQ n’est pas de bon augure pour rebâtir la confiance avec la population de la Ville de Québec.

Qu’à cela ne tienne, un communiqué de presse nous apprend que ce plan comporte quatre volets dont un qui nous intéresse en particulier. Il s’agit du quatrième volet qui vise à réaliser des sondages ponctuels afin de mesurer le degré de confiance de la «population de l’agglomération» envers le SPVQ. Comme il l’a admis d’emblée, le SPVQ est conscient que les récents évènements hautement médiatisés de brutalité policière et de profilage racial, au moins dans une des vidéos, de certains de ses policiers peuvent avoir affecté la confiance des citoyens envers le service de police.

Certes, le sondage fait partie des outils que le SPVQ comme toute autre organisation peut utiliser afin de mesurer la perception du public à son égard. Toutefois, en ce qui concerne le profilage racial, le SPVQ devrait éviter le biais de sélection consistant à glisser une question dans un sondage destiné à toute la population de la Ville alors que la population majoritaire n’est pas affectée par le profilage racial. Il va sans dire que les personnes blanches n’ont jamais été profilées sur la base de leur couleur de peau, d’autant plus que bien peu d’entre elles ont déjà eu affaire à la police. De ce fait, leur perception de la police pourrait être teintée par leur expérience personnelle exempte de tout profilage racial. Le SPVQ aurait beau jeu par la suite pour utiliser un tel résultat biaisé afin de disqualifier les revendications visant à contrer le profilage racial et denier l’existence du problème à Québec.

Il y aurait donc lieu pour le SPVQ de faire un sondage spécifique destiné aux communautés autochtones et racisées qui ont un rapport particulier avec la police. Mieux encore, un sondage sur le profilage racial devrait viser plus particulièrement les hommes racisés qui seraient les plus profilés à Québec. Ces précautions méthodologiques permettraient d’avoir des données pertinentes sur la perception de la police dans les communautés racisées et auprès des Autochtones notamment en ce qui concerne le profilage racial.

En outre, le SPVQ ferait preuve d’audace et d’ouverture en allant au-delà d’un simple sondage sur les perceptions. Il peut commander une étude indépendante sur le profilage racial policier à Québec, comme celles faites à Repentigny et Montréal, afin d’éclairer la population de Québec sur ce phénomène qui compromet la cohésion sociale et affecte le lien de confiance à son endroit. Les données probantes issues de cette étude permettront sans aucun doute de mesurer l’ampleur et les manifestations du profilage racial au sein du SPVQ, de sortir du dialogue de sourds entre les personnes racisées et le SPVQ, et d’avoir les recommandations qui permettraient d’élaborer un plan d’action contre le profilage racial. N’attendons pas d’avoir un mort comme à Repentigny et à Montréal pour réagir. Il est temps pour la Ville de Québec de reconnaître le profilage racial policier et de s’engager à le combattre.

 

Mbaï-Hadji Mbaïrewaye, Québec

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