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Philippe Brach, de supervedette à coureur des bois

Philippe Brach sort de sa tanière pour livrer au public un quatrième album, « Les gens qu’on aime ». Photo: JF Galipeau. Métro

Pendant cinq ans, de 2014 à 2019, Philippe Brach était partout. Il a sorti trois albums acclamés par le public et la critique qui lui ont valu plusieurs Félix, en plus de faire des centaines de spectacles partout au Québec et même ailleurs.  

Puis, il est disparu. Pendant des années, le nom de Philippe Brach a cessé de circuler. Le musicien de 33 ans refusait systématiquement toute proposition médiatique qui lui était faite. Jusqu’à mars 2023.  

L’auteur-compositeur-interprète sort de sa tanière pour livrer au public un quatrième album, Les gens qu’on aime. Où était-il? Que faisait-il? Où s’en va-t-il? C’est au New Canada Hot-Dog, sur la rue Beaubien, qu’il s’est assis avec Métro pour tout raconter. 

Besoin de se retirer 

Au lendemain de son ultime spectacle, présenté au Club Soda le 14 octobre 2019, Philippe Brach a fait sa valise et s’est envolé vers l’Afrique de l’Est, où il a voyagé pendant quatre mois. Il est revenu juste à temps pour vivre le confinement de la pandémie dans sa petite cabane dans le bois des Hautes-Laurentides, à environ trois heures de Montréal, là où il habite depuis six ans. 

Dans son village, l’artiste travaille dans le milieu communautaire. L’organisme avec lequel il collabore gère notamment la popote roulante, la friperie, le programme de proches aidants, le transport médical et plus encore. 

Philippe Brach, qui se dit « incapable d’arrêter », est quand même sorti de son coin de pays à quelques occasions, que ce soit pour faire les mises en scène de Yannick De Martino et d’Étienne Coppée ou pour réaliser un projet du musicien Velours Velours. 

Par contre, le cofondateur du festival La Noce a senti le besoin de mettre un terme à la vie de musicien médiatisé qu’il a vécue pendant cinq ans.  

« Je suis arrivé à un moment où j’étais sur la scène pour une 250e fois dans ma tournée à faire les mêmes tounes et je n’aimais pas le fait de comprendre ce que j’étais en train de faire. J’avais le sentiment que si je continuais, je n’aurais plus d’émotion quand je parle dans un micro. J’ai arrêté au bon moment », croit Philippe Brach.  

Le musicien n’est pas un fervent de la célébrité et pourrait très bien vivre sans exister publiquement, dit-il. 

Pendant des années, le nom de Philippe Brach a cessé de circuler. Jusqu’à mars 2023.  Crédit photo: JF Galipeau.

Besoin de revenir 

Pendant trois ans, Philippe Brach n’a pas touché à sa guitare. « Je me disais que peut-être que je n’allais plus jamais rien sortir et j’étais à l’aise avec ça. »  

Ces derniers temps, des idées de chansons qu’il n’a pas eu le choix d’écrire lui sont venues en tête. Il s’est exécuté, mais seulement quand les pièces lui venaient à l’esprit, jamais à temps plein.  

C’est finalement quand il a eu un ennui de santé qu’il s’est dit qu’il fallait prendre une décision: soit il faisait un album maintenant, soit il n’en faisait plus jamais. « C’est toujours plus plaisant de regarder la vie de façon tragique », rigole Philippe Brach.  

Ainsi, la création de l’album Les gens qu’on aime s’est enclenchée.  

« La production s’est faite de manière extrêmement précipitée », raconte l’artiste. Fin novembre, il a eu une « bulle au cerveau » : il a appelé tous ses collègues musicien.ne.s. Le 9 janvier, tout ce beau monde est entré en studio pour enregistrer l’album en six jours. Le 9 février, tous les mix partaient au matriçage, l’étape finale. 

« J’ai appelé mon label et réclamé une sortie en mars. Bookez-moi une centaine de shows pendant un an et demi! Ils hallucinaient ben raide, mais étaient vraiment contents », raconte le musicien. 

C’est que Philippe Brach n’aurait pas pu garder son album sur la glace pendant plusieurs mois, comme le font la plupart des artistes, qui organisent des sorties super planifiées. « Je suis le genre de gars qui se tanne vite. Ça n’aurait jamais vu le jour. » 

Un album inspiré par le vrai monde 

Les gens qu’on aime est l’opus le moins sombre de Philippe Brach. C’est un album qui s’écoute bien et sur lequel le musicien se permet quelques folies. Par exemple, la pièce Révolution (la chanson) aurait pu être un succès radio si l’artiste n’avait pas décidé de la conclure avec des bruits de noyade, croit-il. « J’aime l’idée que j’avais peut-être une pile de cash et que je l’ai mise en feu. » 

L’album est aussi plus ouvert, moins centré sur sa personne, lui qui y utilise très peu le « je ». C’est d’ailleurs un opus inspiré par les gens que côtoie Philippe Brach dans son village, des hommes et des femmes qui « se contre-crissent de ce qu’on pense d’eux ». 

« Il n’y a rien de plus beau que quelqu’un qui n’a pas de notion d’égo. Qui ne pense pas à être dans l’œil de l’autre. Les gens vrais qui parlent et agissent sans savoir qu’on est en train de réfléchir à eux. » Ce sont des personnes précieuses pour le musicien, « des êtres humains purs », de plus en plus rares à une époque où les gens ont souvent tendance à se mettre en scène sur les réseaux sociaux.  

Le message global que l’artiste veut transmettre avec son album est à la fois simple et radical. « Je parle d’une volonté de désapprendre ce qu’on nous a appris et de décrisser les systèmes en place pour repartir à neuf, penser à d’autres façons de vivre, de consommer, de gérer ce qui nous entoure. Parce que vraiment, ça ne marche pas ce qu’on a là, à plein d’égards. » 

Le musicien admet que si la vie publique ne lui a pas manqué, il s’ennuyait quand même de la scène. Dès cet automne, une centaine de dates de concerts à travers la province sont à l’agenda de Philippe Brach. Dans le lot, on compte deux spectacles concept, dont un prévu au MTelus le 18 novembre. Ne manquez pas votre chance de l’attraper, car il nous avertit : dès que c’est fini, il retourne dans sa tanière.  

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