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Musique: 2022, ça a «groové»!

Photo: iStock
Jules Couturier, Caroline Bertrand, Jason Paré

Les salles de spectacle sont de retour, sans les contraintes pandémiques des deux dernières années. Si la levée des confinements et des mesures sanitaires s’est bien fait ressentir durant les shows, c’est aussi le cas sur les albums des artistes qui avaient envie de faire danser leur public à grands coups d’électro ou de disco!  

Saupoudrez des notes de nostalgie et faites une bonne place aux langues autochtones, vous voilà avec la potion magique des tendances musicales de l’année au Québec.  

Peu d’artistes québécois.es écouté.e.s sur les plateformes d’écoute de musique  

Toutes langues confondues, la proportion d’écoutes associée à des artistes québécois.es sur les services interactifs d’écoute de musique en continu est de 8% pour la période du 15 octobre 2021 au 13 octobre 2022, selon les données de Nielsen Music/MRC Data. Dans les ventes d’albums physiques et numériques, les artistes d’ici représentent plutôt 30%.  

Quant aux chansons francophones, seulement deux pièces québécoises se retrouvent dans le top 100 des pistes les plus jouées sur les services d’écoute de musique en continu au Québec, soit Copilote de FouKi avec Jay Scøtt (17e rang) et L’Amérique pleure des Cowboys fringants (49e rang). 

Trois artistes francophones du Québec se retrouvent dans le top 50 des interprètes les plus écouté.e.s chez nous sur ces mêmes plateformes. Il s’agit des Cowboys fringants (16e rang), d’Enima (19e rang) et de FouKi (39e rang). 

La nostalgie des années 2000 

On dit que les cycles de tendances se répètent généralement tous les 20 ans. Il est donc tout naturel que la musique et les looks des années 2000 connaissent une nouvelle effervescence aujourd’hui. 
 
Écoutez les albums de Sophia Bel ou de Claudia Bouvette parus cette année et observez les looks des deux autrices-compositrices-interprètes, vous croirez vivre un voyage dans le temps. Ainsi, sur l’opus de Claudia Bouvette, TheParadise Club, on décèle aisément les influences d’Akon, Fergie et Gwen Stefani, des artistes qu’elle chérit depuis l’adolescence. 
 
Ajoutez à ça que certaines des valeurs chères à la génération Z, comme l’ouverture à la vulnérabilité et aux questions de santé mentale, trouvent écho dans la connexion aux émotions présentes dans la pop-punk, un des styles musicaux dominants du début du siècle.  

D’ailleurs, peu de temps après la sortie d’Anxious Avoidant, Sophia Bel mentionnait à Métro l’importance qu’a eue pour elle le groupe Fall Out Boy, vers lequel elle est retournée en écrivant l’album: «J’étais en train de soigner certaines blessures, j’étais dans l’acceptation de qui je suis, d’où je viens, pourquoi je suis comme je suis. Il fallait que je retrouve mes racines. Il était donc naturel de retourner à ce que j’écoutais quand j’étais plus jeune.» 

Claudia Bouvette, ici en prestation à Osheaga 2022
Claudia Bouvette, ici en prestation à Osheaga 2022

L’électro pour (enfin!) danser 

Nos artistes avaient envie de danser et de faire danser cette année. L’électro s’est immiscé dans la musique de plusieurs artistes qui se concentraient auparavant sur des instruments dits plus traditionnels.  

À titre d’exemple, les guitares folks dépouillées, longtemps centrales dans la musique des Sœurs Boulay, ont été presque entièrement évacuées au profit de claviers soyeux sur leur dernier album, Échapper à la nuit, paru cette année.  

C’est que la pandémie a été difficile, et au sortir de cette période, les artistes n’avaient plus envie de se morfondre dans leurs chansons, mais plutôt de célébrer. 
 
«Le but, c’est qu’on se retrouve tout le monde ensemble pour danser et chanter», expliquait Lydia Képinski à Métro en parlant de son album Depuis, aux sonorités très électro, paru cette année.  
 
Même son de cloche du côté de Rosie Valland, qui a également lancé un album électro-pop ces derniers mois. Elle n’avait nullement envie de «traîner de la lourdeur» au sortir de la pandémie, étant plutôt mue par un désir très profond de composer de la musique joyeuse, dansante et lumineuse. «J’avais envie d’être dans la fête», résumait-elle en entrevue.  

Lydia Képinski sur le parvis de l’église Saint-Michel-Archange, dans le Mile End. / Josie Desmarais/Métro

La place accrue de la musique autochtone  

Le rayonnement de la musique en langues autochtones a poursuivi son essor cette année. ICI Musique a inauguré à l’automne sa première émission entièrement vouée aux artistes issus de communautés autochtones, Minotan!. Le rappeur et acteur Samian est à la barre de cette émission qui a enrichi le répertoire de la chaîne. 

La première directrice de la station, Geneviève Levasseur, corrobore en entrevue avec Métro la place accrue qu’occupe la musique des artistes autochtones, qui teintent leurs chansons d’une multitude d’influences. «Les émissions se partagent leurs coups de cœur, la musique autochtone circule beaucoup», fait-elle observer. 

D’ailleurs, les Révélations Radio-Canada, qui mettent au premier plan de jeunes artistes plus que talentueux.euses à l’avenir prometteur, se sont bonifiées d’une nouvelle catégorie cette année. L’artiste innue Kanen, avec son indie-folk sensible, est ainsi devenue la première Révélation en musique autochtone

L’ADISQ n’est pas en reste, l’institution ayant créé cette année la catégorie du meilleur album en langues autochtones. C’est l’autrice-compositrice-interprète attikamek Laura Niquay qui a remporté le prix inaugural décerné dans cette catégorie, en plus de repartir avec le Félix de l’artiste autochtone de l’année, catégorie qui, elle, a vu le jour en 2019. 

L’autrice-compositrice-interprète attikamek Laura Niquay, lauréate des catégories de l’artiste autochtone de l’année et de l’album de l’année en langues autochtones au plus récent Gala de l’ADISQ, se produira au Verre bouteille durant le Taverne Tour.
L’autrice-compositrice-interprète attikamek Laura Niquay, doublement récompensée au plus récent Gala de l’ADISQ. Photo : Monse Muro

Le disco à son apogée 

Comme pour s’extirper de la torpeur pandémique, on assiste à une recrudescence des influences disco dans la musique pop. Des artistes embrassent totalement ou en partie ces sonorités rutilantes aux lignes de guitare basses donnant envie de se déhancher. 

Cette année, la plus québécoise des Acadiennes, Lisa LeBlanc, a amené ce style à son apogée grâce à son plus récent album, Chiac Disco, paru en mars et sacré album pop de l’année au plus récent Gala de l’ADISQ.  

Bien des artistes ayant sorti à la fin de 2021 des albums puisant dans les influences disco ont trimballé leur groove sur les scènes de la province en tournée cette année. Pensons au groupe Choses Sauvages qui, avec son deuxième opus, s’est établi comme figure phare du néo-disco au Québec, ou à la formation indie-rock Bon Enfant, dont l’album Diorama, teinté de synthés étincelants, a remporté le prix de l’album rock au Premier Gala de l’ADISQ cet automne.  

Aujourd’hui, c’est sans la moindre ironie que des artistes d’ici, comme Barry Paquin Roberge ou Le Couleur, se réapproprient le disco et proposent des mélodies glam, entraînantes et groovy qui actualisent un style qui a jadis pu sembler ringard et lui redonnent ses lettres de noblesse. 

Lisa LeBlanc au FME
Lisa LeBlanc au FME. Photo: Dominic Mc Graw

2022 a été une année faste pour la musique locale. Voici les morceaux qui ont ravi les oreilles de l’équipe de Métro :

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