Les médias sociaux et le choc des générations
Les programmes de football du Rouge et Or de l’Université Laval et des Carabins de l’Université de Montréal se livrent chaque année une guerre de tranchées sur le terrain et dans le recrutement. Le sentiment d’appartenance à son établissement scolaire et à son club sportif est généralement très fort. Pour certains, il devrait être plus fort que l’amitié et les médias sociaux. Pour d’autres, non.
Photo Métro Média – Charles Lalande
«Des coéquipiers et de bons amis du cégep sont devenus des ennemis à l’université simplement parce qu’on a choisi deux équipes différentes. C’est comme ça que ça marchait, mais je n’ai plus l’impression que c’est le cas aujourd’hui avec la nouvelle génération», a confié un ancien étudiant-athlète qui a terminé son stage universitaire en 2015 lors d’une conversation à micro fermé.
Prenons l’exemple d’Étienne Moisan et de Marco Dubois. Au cégep, le premier évoluait avec les Cheetahs de Vanier tandis que le second défendait les couleurs des Spartiates du Cégep du Vieux-Montréal.
«Je me rappelle de lui avoir parlé quelques fois sur le terrain, et je ne peux pas répéter ce que je lui ai dit à un journaliste. Ce n’était pas très joli», se rappelle Moisan en riant, sachant que son langage peu soigné pourrait déplaire à sa mère!
Puis, les deux receveurs de passes se sont engagés à l’Université Laval en vue de la saison 2014. Le hasard a également voulu qu’ils soient tous les deux inscrits en Relations industrielles.
Portant pour la première fois le même maillot, ils sont devenus, avec les années, inséparables!
Photo Métro Média – Charles Lalande
Nouvelle génération
En 2018, Moisan disputera sa cinquième et dernière saison avec le Rouge et Or tandis que Dubois vient de graduer chez les professionnels avec le Rouge et Noir d’Ottawa.
L’an dernier, ils étaient stupéfaits de constater que certains de leurs jeunes coéquipiers entretiennent d’étroites relations pendant la saison avec leurs ennemis jurés des Carabins pendant que les vétérans mettent cela sur la glace tant et aussi longtemps que les hostilités ne sont pas terminées.
«C’est une composante nouvelle, et les plus vieux doivent dealer avec ça. Quand on parle de la situation avec eux, ils s’excusent car ils ne veulent pas mal faire», explique Dubois, qui croit lui aussi que c’est «une affaire de générations».
«Les gars prennent des photos ensemble sur le terrain après le match et les publient sur Instagram, ça me met dans tous mes états», enchaîne Moisan.
Les deux potes vont plus loin: leur devoir est de «cultiver la haine contre les Carabins». À leur départ, ce sera aux autres de le faire avec les nouvelles recrues.
«L’été, quand je m’entraîne, et que je suis exténué, je pense aux Carabins pour me motiver. En ce moment, ils [NDLR: les jeunes de l’équipe] accordent trop d’importance à leurs médias sociaux et à leur apparence, alors il faut établir les règles afin de ne pas tolérer le surplus de camaraderie. Il faut leur enseigner à les détester», conclut Moisan dans une envolée oratoire.
Photo Métro Média – Charles Lalande