Changer de corps et de vie
À la fin de la vingtaine, David Fortin mangeait ses émotions et ne faisait aucune activité physique, consacrant ses temps libres aux jeux vidéo. Dans son corps d’obèse morbide pesant «environ 450 lb», se cachait un homme malheureux et isolé. Puis, il a décidé que c’était assez.
Photos – David Fortin et Charles Lalande
Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est un parfait inconnu qui a provoqué en lui le désir de changer: «Je suis tombé sur une photo d’un homme, d’environ 60 ans, qui pesait 900 lb. Immédiatement, je me suis mis à pleurer. C’était carrément moi dans 40 ans que je venais de voir.»
Aussitôt, l’homme maintenant âgé de 35 ans s’est mis à faire des recherches. Il a pensé à la chirurgie bariatrique, mais il n’a rien voulu savoir d’une «solution facile qui aurait des conséquences à long terme».
Photo fournie par David Fortin
Pendant un an, David a changé son alimentation, cessant de boire deux litres de boisson gazeuse par jour, de manger fréquemment dans les fast-foods et de s’empiffrer de multiples collations. De cette façon, il a perdu une centaine de lb, faisant osciller la balance à 333 lb. «Ce fut encourageant, mais j’étais toujours malheureux à l’intérieur», se rappelle-t-il.
Gymnase
Il se rend donc dans un centre de conditionnement physique pour une énième fois, se promettant que cette fois-ci sera la bonne. Précédemment, il voyait cela comme une perte d’argent étant donné que son taux de présence était rare ou inexistant.
L’entraîneuse Mélanie Payette se rappelle encore de sa première rencontre avec une personne à qui elle s’est rapidement attachée. «Nous n’étions pas capable de prendre sa pression artérielle puisque le brassard était trop petit pour son bras. Nous l’avons donc prise manuellement. David faisait de l’hypertension, alors il ne pouvait pas s’entraîner : il allait carrément péter au frette», illustre-t-elle.
Avant de commencer l’entraînement, il devait prendre des pilules pendant trois mois pour diminuer sa pression. «J’ai pris ça comme un pas de recul, voire un coup de poing en plein visage, mais je l’ai accepté. J’avais perdu une décennie de ma vie, alors il n’était pas question de perdre du temps.»
Une forte relation
En deux mois, les regards dirigés vers lui ont complètement changé. Au départ, on le dévisageait avec un peu de «dédain». Ensuite, on parlait de lui comme un modèle à suivre.
Photo Métro Média – Charles Lalande
C’est l’entraîneuse Caroline Clément qui l’a initié au gymnase pendant un peu moins d’un an avant de changer de carrière. Coach Payette a donc pris la relève.
«David était un ami avant d’être un client. Caroline lui a donné une bonne base d’entraînement et une structure alimentaire restrictive, mais il était un peu à bout malgré une fulgurante perte de poids.»
La mission de Mme Payette était donc de lui faire aimer l’entraînement. Pour s’y faire, elle a cessé de focaliser sur son poids puisque cela devenait une obsession.
Pesant aujourd’hui 270 lb, David Fortin s’entraîne à trois reprises par semaine au Gym Le Chalet de Sainte-Foy, en plus de courir une fois dans le club de course de son amie. Sa transformation dépasse largement le physique. «Le gymnase m’a permis de sortir de ma carapace, de me faire des amis et même de me découvrir un sens de l’humour», lance-t-il avec un grand sourire.
Photo fournie par David Fortin
Un combat
Néanmoins, des défis se dressent toujours devant lui: la motivation et l’alimentation. «L’an dernier, j’ai eu une rechute. J’ai pris 100 lb [passant de 220 à 320 lb]. J’étais moins motivé à venir m’entraîner et j’ai recommencé à manger mes émotions.»
«David, je le connais tellement bien. Il a parfois des gros up et des gros down, alors il faut le ramener, mais on forme une bonne équipe. La clé, c’est de ne pas le perdre», dit-elle en regardant son protégé.
«L’important, c’est de trouver un équilibre. Je ne mange plus de fast-foods, mais j’ai le droit de me gâter de temps en temps sans me sentir mal ou sans tomber dans l’excès.»
David Fortin n’a pas seulement perdu 180 lb. Il a gagné une bonne dose de confiance et Mélanie Payette, une entraîneuse et une amie en or.
Photo Métro Média – Charles Lalande