Les enfants et les ados sont aussi la cible des fraudeurs
Demande d’amitié Facebook provenant d’une séduisante inconnue d’outremer, textos proposant de l’argent ou courriels en exigeant: on peut souvent, en temps qu’adulte, reconnaître les signes d’une manœuvre de cyberfraude. Par contre, à un âge où la naïveté dépasse parfois l’expérience, ce n’est pas toujours le cas des enfants et des adolescents.
Que ce soit auprès d’un adulte, un aîné ou un jeune, les fraudeurs vont rechercher les mêmes choses: «obtenir des renseignements personnels», «soutirer de l’argent» ou «trouver quelqu’un pour commettre un crime ou blanchir de l’argent», explique Valérie Parente, conseillère en prévention de la fraude chez Desjardins. Toutefois, comme les adultes et les aînés, les adolescents constituent un groupe d’âge qui a des habitudes de consommation et de communication spécifiques. Ainsi, «ce qui va changer, c’est le stratagème employé par le fraudeur pour obtenir ce qu’il veut», spécifie Mme Parente.
Jeux vidéo et renseignements personnels
Un enjeu de cybersécurité auquel les jeunes sont plus souvent exposés, «ce sont les jeux et les applications qui vont parfois demander des informations personnelles juste pour obtenir le jeu gratuitement. Ça soulève de petits drapeaux rouges».
Même les entreprises établies et les jeux connus peuvent poser un risque. Par exemple, Epic Games et son géant Fortnite ont été reconnus coupables le 19 décembre d’avoir malmené les données privées de milliers d’enfants usagers de sa plateforme. L’entreprise devra payer plus d’un demi-milliard à cet effet.
Le faux ami
Plus facilement impressionnables, les jeunes peuvent également représenter des cibles de choix pour le stratagème du «faux ami», où «le fraudeur va créer une fausse identité pour créer un lien de confiance avec un jeune», notamment sur les réseaux sociaux. Par exemple, un fraudeur peut se lier «d’amitié avec le jeune ou son groupe d’amis» et maintenir l’illusion qu’il a du «succès». «Une fois le lien établi, le fraudeur peut offrir au jeune d’investir dans une nouvelle application, un jeu. C’est malheureux, mais une fois que l’argent est investi, on ne reverra peut-être plus jamais cet argent», nous dit Mme Parente.
En ligne, il arrive aussi qu’un fraudeur parvienne à usurper l’identité «d’un vrai ami» et à demander «de l’aide financière» au jeune. «Il fait ainsi vraiment passer le jeune pour un héros», ce qui le motive à embarquer dans le stratagème, affirme Valérie Parente.
Elle soutient que pour les parents, il est «important de surveiller les relations».
Textos promettant de l’argent
Si les textos d’hameçonnage et ceux promettant de l’argent sont habituellement envoyés par milliers à différents numéros de téléphone, et qu’ils ne visent donc pas en particulier les jeunes, ces derniers – qui peuvent être plus naïfs – peuvent tomber dans le piège, et ce, même s’ils ne divulguent pas de renseignements personnels ou bancaires. Parfois, «il suffit de cliquer» sur un lien piégé, rappelle Mme Parente.
Ça peut être aussi rudimentaire que de répondre à l’un de ces textos louches. C’est le cas de la fille de Johan Batier, qui a permis à un fraudeur par texto d’empocher 200 $.
Ma fille de 12 ans s’est fait hameçonner et a validé huit fois des messages de 25 $, appelés «messages premium», soit 200 $.
Johan Batier, père d’une adolescente victime de cyberfraude
Devant la menace constante, de la sensibilisation à la cyberfraude se fait maintenant dans les écoles.
«À cet âge-là, tu penses concrètement, même si tu as du jugement, que tu peux gagner un téléphone rapidement en répondant à un concours», décrit Johan pour soulever la vulnérabilité des adolescents, issue de leur impressionnabilité. Même si sa fille était sensibilisée à la cybersécurité, elle n’a pas pu éviter le piège. «Ils ont déjà eu des cours de cybersécurité à l’école, mais pour elle, ces textos ce n’était rien», ajoute le père.
Pour Mme Parente, l’un des problèmes d’une telle situation est l’insuffisance de la sensibilisation. «On a beau être sensibilisé, il faut aussi développer des réflexes», dit-elle, en ajoutant qu’«on peut tous être victimes» de tels stratagèmes.
Pour développer des réflexes dans le but d’éviter de tomber dans les pièges, Mme Parente recommande de se renseigner auprès de la Clinique de cybercriminologie. La Clinique, une initiative associée à l’école de criminologie de l’Université de Montréal, «offre des services gratuits d’accompagnement, de formation et d’informations aux personnes victimes d’actes criminels facilités par les nouvelles technologies, ainsi qu’à leurs proches», comme elle le décrit sur son site web.
En date du 30 septembre 2022, le Centre antifraude du Canada (CAFC) recensait 7051 signalements de messages hameçon qui ont fait 1722 victimes.