Société

Cinq bonnes raisons de se représenter seule en cour

La justice est là pour départager la vérité du faux et pour protéger les enfants.

De plus en plus de mamans élèvent leurs enfants seules au Québec. Les défis des mamans monos s’adresse à ces femmes et vise à les aider à relever leurs défis particuliers.

Isabelle Hamel-Hébert est avocate de profession et elle a crée le site article23.ca afin d’aider les gens, dont régulièrement des mamans solos, à se représenter seuls au tribunal. Elle nous donne ici cinq bonnes raisons, selon elle, de faire la démarche.

Bien sûr, la raison qui amène le plus souvent à considérer cette option c’est la raison financière. «Être représentée par un avocat dans un dossier de droit familial, quand ça ne fonctionne pas avec l’ex, c’est très souvent plusieurs milliers de dollars en frais. Ces frais, on ne les récupère jamais. C’est donc une très bonne raison de considérer l’option parce qu’il y a des économies importantes à faire en se représentant seule», commence-t-elle.

Se représenter seule développe aussi l’autonomie. «Au lieu d’être dépendante d’un avocat qui va décider de la stratégie, ça te permet de prendre le contrôle de ton dossier et de son dénouement. Ça te permet de mieux comprendre les stratégies et les enjeux pour toi, parce que tu es la mieux placée pour comprendre ta situation et ce que tu recherches. C’est ta vie à toi qui est en jeu.»

Ajoutons qu’avec les limitations liées aux finances, la relation avec l’avocat doit se faire rapidement puisque chaque minute qu’une personne prend à exposer sa situation lui sera facturée. Ce fait vient en quelque sorte limiter en même temps la compréhension de la situation par l’avocat qui nous représentera comparativement à notre propre connaissance des faits.

Reprendre son pouvoir

L’avocate évoque aussi l’avantage non négligeable de ce qu’elle appelle, faute de meilleure traduction, «l’empuissancement». «C’est mon choix de traduction pour empowerment, explique-t-elle en riant. J’accompagne beaucoup de mamans dans leurs démarches et c’est beau de les voir passer de la crainte, l’indécision et l’inquiétude à la fierté qu’elles ressentent quand elles sortent du tribunal et qu’elles ont réussi à convaincre le juge ou à obtenir ce qu’elles demandaient. Il y a une reprise de pouvoir sur ta vie que tu n’aurais pas eu autrement.»

Elle insiste par ailleurs sur le fait que lorsqu’on a des demandes et des raisons légitimes, on est sur un pied d’égalité, même face à un avocat d’expérience qui représente la partie adverse. «Ce qui fait les chances de succès à la cour ce sont les faits et la façon dont tu vas faire transparaitre la vérité. Oui il y a un peu de stratégie, mais ce n’est pas ce qui va faire que tu vas gagner ou perdre et ce n’est pas non plus le taux horaire que tu paies ton avocat qui fait la différence.»

Comme quatrième argument, elle croit que prendre son dossier en charge permet de devenir un modèle de personne qui se fait respecter. «Je pense beaucoup aux mamans dans mon groupe qui sont prises avec un ex déraisonnable et qui ont par le passé fait beaucoup de concessions pour garder l’harmonie dans une relation malsaine. Je les vois changer le paradigme dans leur relation avec l’ex et se repositionner comme un modèle différent aux yeux de leurs enfants. Une maman qui n’est plus victime et qui repend le contrôle de sa vie.»

Cette solution est encore alternative et peu envisagée alors qu’elle fait pourtant partie de notre code de procédure civile, en fait l’article 23, qui spécifie qu’une personne peut se représenter seule au tribunal dans la mesure où elle respecte les règles.

Isabelle Hamel-Hébert, avocate

Finalement, le fait d’apprendre à se représenter seule a aussi un impact sur un mouvement social qui se profile lentement. «Ça influence les juges et les règles à devenir plus souples pour un système de justice plus accessible pour tous. Éventuellement, on n’aura peut-être plus l’idée préconçue qu’il faut être représenté par un avocat ou faire partie d’une élite qui a de l’argent pour pouvoir défendre ses droits et gagner sa cause», termine-t-elle.

Pour consulter Isabelle Hamel-Hébert: isabelle@article23.ca.

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