Une nouvelle vie pour le Sagamité

Près de cinq ans après avoir été victime d’un incendie, le restaurant wendat Sagamité, le plus grand restaurant autochtone du Canada, rouvrira au public samedi 24 juin, avec une capacité augmentée de 340 places. En plus d’une réorganisation de l’espace intérieur et de deux terrasses extérieures, un projet de microbrasserie et une boucherie viendront augmenter l’offre de services dans les prochaines années. 

Pour le propriétaire, Steeve Gros-Louis, c’est l’aboutissement d’un long processus qu’il qualifie de cauchemar. En raison des spécificités liées à un commerce privé sur un territoire autochtone, le prêt pour la reconstruction a été difficile à obtenir. Par la suite, comme il le raconte, la Covid-19 est venue compliquer les choses. «Tout a été 40% plus cher, le coûts des matériaux, les sous-traitants…», explique M. Gros-Louis en réponse à ceux qui ont trouvé le processus particulièrement long, une critique qui est revenue souvent. «Enfin, on en voit le bout. C’est grâce à la persévérance et la résilience de ma famille et des piliers du Sagamité». 

Ne surtout pas faire table rase

Steeve Gros-Louis s’est fait conseiller de raser le bâtiment et d’en construire un nouveau. Une option non envisageable pour lui, puisqu’il voulait conserver l’âme de la bâtisse, ainsi que la structure et certains murs, tout en essayant de régler l’enjeu du manque de stationnements. «On a gardé le côté typique avec la modernité. Notre enjeu a été de demeurer toujours aussi chaleureux et accueillants», souligne-t-il. En effet, le Sagamité avait déjà vécu plusieurs transformations, depuis l’achat de l’immeuble en 1999. «Au début, il y avait 55 places. En 2004, on est passé à 135 places et en 2013, on avait 180 places». Actuellement, en plus, des fenêtres à crémone, un immense cellier en vitre a pu être conservé, tout comme certains artefacts. Des immenses totems ornent les salles à manger qui se retrouvent sur les deux étages, ainsi que de grandes baies vitrées. 

Une microbrasserie et une boucherie

Deux terrasses extérieures seront opérationnelles au cours du mois de juillet. La bâtisse adjacente au restaurant, une ancienne école primaire vétuste où Steeve Gros-Louis lui-même est allé, a été achetée par la famille Gros-Louis, et démolie en vue des projets d’expansion du restaurant. 

La phase 2 comprendra un pub et une microbrasserie à l’endroit de cette ancienne école. La construction devrait commencer en octobre prochain et devrait ouvrir à l’automne 2024. «On va avoir des bières des Premières Nations, brassées sur place, mais aussi des bières plus funky», mentionne l’entrepreneur. 

Une boucherie avec un comptoir de plats préparés ouvrira également en mai 2024, en-dessous du restaurant. «On aura notre viande de Wapiti de notre propre élevage, mais aussi des produits transformés comme des pâtés à la viande, notre fameuse tarte au sirop d’érable, de la bannique», précise-t-il. 

L’année 2024 devrait aussi marquer l’arrivée d’un service de livraison et de traiteur. 

Rester accessible

Le restaurant Sagamité avait pour réputation d’avoir des prix accessibles. «C’est certain que les ingrédients coûtent très cher aujourd’hui, surtout les protéines comme la viande. Mais on a refait nos calculs et on veut rester accessible», explique le propriétaire du restaurant qui tiendra la même carte qu’en 2018, entre autres pour que les anciens clients se sentent à nouveau chez eux. 

Le recette du succès? «J’ai de la relève. On est une famille tissée serrée. Ma femme et mes enfants s’impliquent beaucoup dans le restaurant».