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Santé mentale: peut-on «causer» de tout avec n’importe qui?

Photo: iStock

En ce 25 janvier, une certaine compagnie de télécommunications nous encourage à parler ouvertement de santé mentale afin que le sujet ne soit plus tabou. Si la cause est juste, peut-on vraiment se livrer à n’importe qui? Ne risque-t-on pas d’en dire trop? Métro s’est penché sur la question.

Quand on fait face à un enjeu de santé mentale, en parler est souvent primordial et parfois même vital, mais on peut aussi craindre de se rendre vulnérable. Pour s’assurer que nos confidences ne pourront pas se retourner contre nous, il faut tenir compte de l’interlocuteur.trice qu’on a en face de nous.

«La première chose à valider, souligne ainsi la psychologue Aglaé Lemarchand, c’est le lien de proximité qu’on a avec la personne. Il faut aussi se demander: est-ce qu’elle me soutient ou est-ce qu’elle a plutôt tendance à me critiquer?»

Lorsque je m’ouvre sur mes émotions, arrive-t-il que cela soit plus tard utilisé contre moi pour illustrer à quel point je suis «instable» ou «déraisonnable»? Dans un tel cas, la relation ne semble pas très saine, remarque la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier; mieux vaut donc s’abstenir. En somme, avant de pouvoir exprimer nos difficultés, «on doit se sentir en confiance, en sécurité et savoir qu’on a assez d’espace pour s’exprimer et être véritablement écouté».

En dire trop?

Qu’on évoque notre santé mentale avec un.e proche ou avec une simple connaissance, il est important de poser ses limites. On peut très bien aborder nos problèmes sans vouloir tout dire pour autant et sans être nécessairement à l’aise si on se retrouve assailli de questions.

«Si je ne me sens pas à l’aise, je peux rester vague en disant simplement que “je fais face à plus de défis en ce moment” ou en expliquant que je n’ai pas envie d’aborder tel ou tel aspect de la situation», illustre Geneviève Beaulieu-Pelletier.

«Raconter peut parfois être difficile pour nous et pour la personne qui nous écoute; on peut donc simplement nommer ce qui nous est arrivé. Entrer dans les moindres détails n’est pas utile pour notre rétablissement», renchérit Aglaé Lemarchand.

Comme la conversation est un dialogue, l’autre a aussi le droit de poser ses limites et il faut les respecter pour ne pas tomber dans ce qu’on appelle le trauma dumping ou le fait de «décharger» sur une autre personnes ses émotions en lien avec une expérience traumatisante sans que l’autre y soit préparé.

Pour s’assurer que notre confident.e a la capacité d’entendre ce qu’on a à dire, on peut tout simplement lui dire «J’ai vécu quelque chose de difficile, c’est un peu intense, est-ce que je peux t’en parler?», suggèrent les deux psychologues. On peut aussi rester attentif.ve aux réactions de la personne, à son non-verbal, la laisser réagir et s’arrêter si on sent qu’elle a l’air de vouloir mettre fin à la conversation.

Santé mentale et travail

Enfin, peut-on parler de santé mentale avec nos collègues de travail? Doit-on faire part des enjeux qu’on rencontre à notre employeur? Eh bien oui, cela peut être pertinent dans l’optique de mieux concilier votre travail avec vos difficultés, mais là encore, rien ne nous oblige à entrer dans les détails, souligne Aglaé Lemarchand.

«Pas besoin de tout dire, mais ça peut être utile d’expliquer qu’on a commencé une psychothérapie pour pouvoir, par exemple, se libérer des plages horaires en journée pour aller à nos consultations», ajoute Geneviève Beaulieu-Pelletier.

Si notre santé mentale affecte nos performances au travail à cause de symptômes comme la fatigue ou des difficultés à se concentrer, en parler peut aussi aider à la compréhension. «Dans tous les cas, on n’a pas nécessairement besoin d’évoquer les raisons personnelles derrière tout ça, mais expliquer de quelle manière ça nous affecte peut vraiment être pertinent», explique la psychologue.

Et pour ce qui concerne les collègues, «quand c’est une personne dont on est moins proche ou avec qui on ne souhaite pas s’épancher, on peut rester vague en expliquant seulement qu’on fait face à des défis», si on le souhaite.

Pour obtenir de l’aide, contactez:

Info-Social au 811 (ou le 911 en cas d’urgence)
Parlons suicide Canada 1 866 277-3553 ou 1 866 APPELLE

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