Entre la souffleuse, l’abri d’auto, la compagnie de déneigement ou la bonne pelle de plastique, quelle est la façon la plus écologique de déneiger son entrée de garage ou son trottoir ? Le Détecteur de rumeurs déblaie la question.
Dès qu’une tempête de neige s’abat sur le Québec, le ronron des souffleuses à neige se fait entendre. Or, ces machines qui carburent au pétrole sont de petites bombes climatiques. Selon le Department of Environmental Quality de l’Utah, qui a comme mission d’améliorer la qualité de l’air de cet État de l’ouest des États-Unis, l’utilisation d’une souffleuse à essence domestique pendant une heure génère autant de pollution que de rouler en voiture sur 500 km !
Un problème d’importance, car 25 % des ménages canadiens ont déclaré en 2019 qu’ils utilisaient une souffleuse et, dans 91 % des cas, il s’agissait d’un modèle à essence, selon l’Enquête sur les ménages et l’environnement de Statistique Canada.
L’enjeu, c’est que le moteur de ces machines n’est pas équipé d’un système antipollution efficace, au contraire des voitures récentes. Une pollution qui non seulement contribue au réchauffement climatique, mais intoxique également les utilisateurs avec du monoxyde de carbone et des particules fines riches en HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) cancérogènes, indique un document de 2021 de l’INRS français.
Virage électrique
Il existe toutefois une solution de rechange qui gagne en popularité : la souffleuse à neige électrique, avec des modèles à batterie ou à câble. Au fil du temps, sa puissance a augmenté et l’utilisation de batteries au lithium, comme dans les voitures, lui procure une plus grande autonomie.
Dans les magasins des bannières Rona et Réno-Dépôt, les souffleuses électriques constituent maintenant plus de 65 % de l’offre. « Nous l’augmentons d’année en année afin de répondre à la demande des consommateurs », explique Mathieu Villemaire, directeur de la commercialisation chez Lowe’s Canada, qui comprend les enseignes Lowe’s, RONA et Réno-Dépôt.
Les compagnies de déneigement
Mais déblayer la neige exige un bon effort physique. Pour cette raison, beaucoup de propriétaires préfèrent faire affaire avec une compagnie de déneigement. Or, le problème des déneigeurs, c’est qu’ils utilisent la plupart du temps de l’équipement lourd, qui consomme plus de 30 litres d’essence par heure.
La firme de génie-conseil LCL Environnement a estimé l’impact environnemental de ce mode de déneigement (voir tableau ci-dessous). Le résultat par hiver pour un stationnement de 2 à 4 places : 120 kg d’équivalent CO2 dans la région de Montréal et 160 kg d’éq. CO2 pour la région de Québec, qui reçoit 120 cm de plus de neige chaque hiver.
Une possibilité pour remplacer les déneigeurs professionnels : embaucher les petits voisins qui déblaient à la pelle. Avantage écolo, et occasion de développer leur autonomie financière.
Les abris démontables
Les abris d’auto, qu’on désigne communément comme des « abris Tempo », sont eux aussi une solution plus écologique que tout déneigement faisant appel à des machines à essence, car leur structure en acier et leur toile durent plusieurs années. Selon Richard Boisclair, président-directeur général des abris Tempo, une toile dure aisément de 10 à 15 ans avec un bon entretien et une bonne installation. Quant à la structure métallique, elle risque de vous survivre.
Toutefois, l’intégration de matériaux recyclés dans les toiles de polyéthylène se fait toujours attendre. Richard Boisclair aimerait faire mieux, mais c’est une question de durabilité. « La durée de vie des toiles incorporant des matériaux recyclés est beaucoup moindre, de 20 à 35 %. L’avantage écologique n’y est pas encore », soutient-il.
En fin de vie, les toiles aboutissent au rebut. Recyc-Québec confirme qu’il n’existe pas de débouchés spécifiques pour cette matière. Richard Boisclair affirme toutefois qu’elles acquièrent une seconde vie dans les chantiers de construction, où elles sont fortement recherchées, notamment pour protéger le béton frais des intempéries.
Rien de mieux que la pelle
L’option la plus écologique reste le pelletage manuel. Et il est possible de restreindre davantage son impact carbone en pelletant avec un outil à neige en plastique recyclé. Une étude du Centre international de référence sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable, ou CIRAIG (pas accessible en ligne) a été menée en collaboration avec le fabricant québécois d’outils de jardinage Garant : elle conclut qu’une pelle en plastique recyclé réduit les émissions de gaz à effet de serre de 9 % par rapport aux pelles faites de matière vierge.
Comment reconnaître en un coup d’œil une pelle en plastique recyclé ? Sa couleur sera noire ou foncée, car il est impossible de donner une couleur vive à du plastique recyclé, explique un représentant d’EraGroup, un fabricant montréalais de pelles à neige.
Et pour la glace ?
Les produits chimiques, comme le chlorure de sodium et le chlorure de calcium, ont la cote pour déglacer les voies de circulation. Mais ils ne constituent pas des solutions très écologiques, puisqu’ils endommagent la végétation, le béton et son armature de métal. Les écologistes privilégieront du sable et du gravier, des matières naturelles, mais qui doivent néanmoins être excavées. La meilleure solution, préconisée par Frédéric Bouchard, ingénieur et président de Second Cycle, une entreprise spécialisée en économie circulaire, c’est de placer des tapis en caoutchouc recyclé sur les voies piétonnes.
« Lorsque la glace s’y incruste, il suffit de secouer le tapis et le tour est joué », dit-il. Ces couvre-sols, qui ont une longue durée de vie, contribuent en plus à régler le problème de la gestion des pneus usagés à partir desquels ils sont produits. De quoi faire d’une pierre deux coups !