Le grand écran retrouve sa popularité au Québec
L’odeur des sièges et du pop-corn, l’écran géant qui en met plein la vue et le volume qui plonge en immersion. Pas de doute, de plus en plus de Québécois renouent avec le goût d’aller au cinéma. Après trois ans de fermetures ponctuelles, de distanciations sociales et de sorties en dent de scie, les cinémas québécois affichent un achalandage en forte hausse, retrouvant leur niveau prépandémique.
Quelque 569 000 Québécois ont été voir un film au cinéma dans la semaine du 30 décembre 2022 au 5 janvier 2023. Ces bons chiffres concerneraient les cinémas multiplexes ainsi que les cinémas indépendants.
Un tel niveau de fréquentation n’avait pas été atteint depuis la semaine du 27 décembre 2019 au 2 janvier 2020, quelques semaines avant la pandémie. Cette reprise fait entrevoir le meilleur à des propriétaires de cinémas.
2022, plus ou moins difficile
Globalement, cette hausse fait suite à un automne 2022 compliqué dû à un creux de nouveaux films à l’affiche, croit Éric Bouchard, co-président de l’Association des propriétaires de cinéma du Québec (APCQ). L’année dernière a été marquée par un confinement en janvier et des mesures de distanciation sociale en février, mais un retour à la normale de mars à la fin de l’année. La fin des mesures sanitaires n’a pourtant pas entrainé un retour à la normale de l’assistance à l’échelle de la province.
«Il y a un retour notable à la normalité depuis l’automne 2022», constate malgré tout Roxanne Sayegh, directrice générale des cinémas Beaubien, du Parc et du Musée, à la programmation différente des grands cinémas multiplexes. Elle constate aussi que la situation a été différente pour les ces salles après l’été.
«Depuis l’automne, il y a une hausse constante de l’assistance», remarque également Jarrett Man, directeur du Cinéma Moderne au Mile-End. Le Cinéma Moderne et le Cinéma Beaubien présentent plus de films québécois que certains concurrents. Dans la semaine du 25 novembre au 1er décembre, les productions locales ont constitué 30,7% des visionnements, un score plus haut que la moyenne annuelle de 8%.
Pour M. Man, la programmation diversifiée de son cinéma d’une seule salle explique ces bons chiffres. En 2023, «mon objectif est qu’on dépasse les chiffres prépandémiques», s’enthousiasme-t-il. Le même optimisme est observé du côté de Roxanne Sayegh.
2023, de bon augure
Le début d’année 2023 et la fin d’année 2022 ont été marqués par la distribution de la superproduction américaine Avatar : La voie de l’eau qui enregistre mondialement un méga succès au box-office. Les films américains accaparent d’ailleurs 92% des entrées en salle en ce début d’année.
«On est aussi bons que les films qu’on présente», ironise M. Bouchard, rappelant que le meilleur argument de vente des cinémas réside dans les bandes-annonces diffusées avant une projection. Un film à succès peut donc pousser ses spectateurs à revenir au cinéma.
Les gens ont besoin de sortir de chez eux. Ils ont fait le tour de l’offre des plateformes numériques et ils veulent voir autre chose que leurs sous-sols.
Éric Bouchard, co-président de l’APCQ
Avec les bons chiffres que connaissent les cinémas, faire revenir les spectateurs n’est plus une préoccupation, selon le co-président de l’APCQ. Il préfèrerait plutôt qu’ils reviennent plus régulièrement.
Considérant la performance des premières semaines de 2023 et les sorties à venir, les cinémas Beaubien, du Parc et du Musée estiment retrouver cette année leurs revenus d’avant la pandémie.
«En été on voulait se voir, être dehors, mais dès l’automne, les spectateurs sont revenus au cinéma», analyse Jarrett Mann. Il a de l’espoir pour le cinéma au Québec.
Les cinémas indépendants de Montréal se porteraient bien, car la ville dispose d’un grand bassin de cinéphiles avares de festivals destinés au septième art, croit-il. Par ailleurs, dans son cinéma, des films disponibles sur les plateformes numériques susciteraient tout de même l’intérêt du public.