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Rémy Bélanger de Beauport en résidence à New York

Photo: Gracieuseté/Kerry Samuels

Dès le 1er août prochain, le violoncelliste improvisateur Rémy Bélanger de Beauport plongera dans une toute nouvelle aventure, soit celle d’une immersion de cinq mois sur la scène new-yorkaise. Cette immersion aura lieu grâce au programme de résidence du Conseil des arts et des lettres du Québec. Metro en a discuté avec l’artiste.

Question (Q): En quoi constitue cette résidence à New York?

Réponse (R): Chaque année, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) offre l’opportunité à des artistes d’aller passer jusqu’à une demi-année dans diverses villes internationales. Il y a des résidences à Rome, à Tokyo, en Allemagne et ailleurs. Puis, il y a celle à New York, qui, dans mon milieu, est la plus prestigieuse. Ce sont des résidences offertes à toutes sortes d’artistes. La résidence au studio du Québec à New York est offerte à tous les types d’arts, mais il faut que ce soit des artistes établis depuis au moins une dizaine d’années. C’est un jury de pairs qui décide quel artiste y va.

Q: Comment abordes-tu cette résidence?

R: Ce qui est bien avec le programme du CALQ, c’est que ce n’est pas un programme duquel il doit absolument sortir une production. Je ne vais pas là pour travailler sur un projet en particulier. Ils offrent le studio à des artistes qui bénéficieraient d’un temps pour faire le point et être ailleurs pour voir les choses différemment. Je ne m’en vais pas commencer quelque chose de nouveau. Je travaille déjà sur plusieurs affaires que je vais continuer là-bas, dont un album à sortir bientôt en vinyle et des compositions en cours. J’écris actuellement quatre solos et je fais aussi beaucoup de montage pour d’anciennes prestations. Je vais faire toutes ces choses-là là-bas comme je les aurais faites ici, sauf que je m’en vais à une place qui est reconnue internationalement pour la musique expérimentale, actuelle et improvisée, ce qui est mon créneau. En plus de mon travail habituel, j’irai donc me coltailler avec les pratiques les plus actuelles et avant-gardistes. Je m’en vais peut-être un peu apprendre et poursuivre ce que je fais depuis longtemps.

Q: Est-ce que c’est la première fois que tu tentais d’obtenir cette résidence-là?

R: J’ai appliqué un certain nombre de fois sur une résidence en Allemagne pour les compositeurs et je ne l’ai jamais obtenue. Je n’osais pas postuler pour la résidence à New York parce qu’elle est tellement prestigieuse. L’an dernier, je me suis dit que j’appliquais et que je me faisais la promesse d’appliquer jusqu’à ce que je l’aille. Si ça devait prendre dix ans, ça prendrait dix ans. Finalement, je l’ai eue du premier coup! En musique expérimentale, on est une petite communauté très internationale. C’est ma première fois à New York, j’ai hâte de rencontrer les gens là-bas.

Q: Tu as choisi de documenter ta résidence en ligne. Les gens pourront te suivre au remyresidence.blogspot.com. Qu’est-ce qui te motive à documenter ton parcours à New York?

R: Ce n’est pas la première fois que je documente un passage à l’étranger sur un blogue. Un peu comme pour la musique, je suis mon premier public. Tout ce que j’écris là-dessus me permet de me rappeler de tout ce qui m’arrive. Je suis assez sociable. Quand j’arrive ailleurs, je rencontre plein de monde et un moment donné, je ne me souviens plus qui j’ai rencontré et où. Pour moi, c’est important de prendre des notes. L’écriture, c’est aussi une façon de réfléchir. Le but du blogue, c’est de me donner un espace pour m’arrêter et réfléchir. Tant qu’à le faire pour moi, j’aime bien le partager à tout le monde. Si ça intéresse quelqu’un, ce sera disponible. La dernière fois que j’ai fait une résidence, c’était en 2017 et je faisais un article par jour. C’était une résidence de 10 jours. Là, ce sera plus de 150 jours, donc je n’écrirai pas tous les jours. Je ne m’impose pas de fréquence. C’est une résidence de réflexion et de ressourcement, je me laisse vraiment le loisir de ne pas être en mode production et comptes à rendre tout le temps. Je ne me mets pas de pression.

Q: Les gens qui ne sont pas nécessairement familiers avec le milieu des arts ont probablement entendu ton nom pour la première fois dans les tristes circonstances des attaques dans le Vieux-Québec le soir de l’Halloween en 2020. Tu avais alors été blessé par l’assaillant et tu avais livré un poignant témoignage sur ce que tu avais vécu dans les jours suivants les événements. Comment te relèves-tu de ça aujourd’hui?

R: Ma vie de création ne s’est pas arrêtée, même quand j’étais dans la plus grande incapacité et alité. J’avais des compositions en route et j’avais des commandes à avancer. Je les avançais comme je pouvais. Tous les gains que j’ai pu faire, à partir du moment où j’étais à moitié mort à aujourd’hui où je suis très vivant, je les ai intégrés à ma pratique. Pendant un an, je n’ai pas fait beaucoup de scène, bien que j’en aie fait un peu. C’était la pandémie pendant ce temps-là, tout le monde était arrêté. Moi je l’étais à cause de ce qui était arrivé en octobre 2020, mais le reste du monde était aussi arrêté. J’étais hyper motivé à faire tout ce qu’il fallait et j’ai mis les bouchées doubles sur toute la réhabilitation et je continue. Pas plus tard que tantôt, j’étais à la piscine en train de faire des longueurs. Je suis rendu au stade où la ligne est floue entre la réhabilitation et si je suis juste en train de vivre ma vie. Pour moi, ça a toujours été que j’étais en train de vivre ma vie. Pour ce qui est de ma pratique artistique, elle a toujours été basée sur les limites du corps. Le fait que le corps ait changé n’a pas changé ma démarche, je ne trouve pas que j’ai fait un tournant. J’ai continué dans la même direction.

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