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Écrire pour déstigmatiser la maladie mentale

Photo: Vincent Desbiens/Métro

L’auteur de Saint-Sauveur Dominique Houle a publié son premier livre en carrière, le 28 janvier dernier. À travers les 178 pages de Du vertige vers la résilience, mon parcours en santé mentale, il raconte, sans filtre, les péripéties de sa vie depuis la première apparition de symptômes de psychose, en 1995.

L’idée d’écrire un livre sur son parcours est venue à Dominique Houle dans un groupe de discussion, en 2017. «J’ai commencé à verbaliser tout ce que j’ai dû traverser aux autres et j’ai réalisé à quel point ça me faisait du bien. Je me suis dit que je devais aller au bout de ce processus-là.»

Son «voyage en santé mentale» s’est amorcé à 23 ans, lorsqu’il étudiait à l’Université Laval. Les premières manifestations se sont faites à travers des périodes d’anxiété interminables. «Je ressentais un mal oppressant dès que j’étais seul ou que je marchais sur le campus, raconte l’auteur. Des fois, j’allais me cacher dans un boisé pas très loin pour respirer et retrouver mon calme. Ça fonctionnait seulement momentanément, jusqu’à ce que je revienne chez moi.»

Après cette année ô combien difficile, Dominique Houle a appris qu’il avait été choisi au baccalauréat en psychologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières. La légèreté a momentanément fait son retour dans sa vie. «Je découvrais un nouvel environnement et une nouvelle ville. J’étais heureux et occupé cet automne-là. Puis le mal-être est revenu à la charge dans les mois suivants», poursuit-il.

Dégringolade

Au fil des mois, l’état de Dominique Houle se dégrade à Trois-Rivières. Incapable de parler de ce qu’il ressentait, le jeune homme qu’il était a «erré sans but» pendant plus d’un an. «Je marchais environ 10 km par jour sans destination précise. Je ne mangeais pas, je buvais presque seulement du café et je revenais très tard le soir à la maison, complètement épuisé.»

Cette fatigue extrême était la seule échappatoire possible pour le quarantenaire qui n’avait «plus d’énergie pour réfléchir». «J’avais perdu tous mes repères. J’ai abandonné mes cours, je vendais mes meubles et je dessinais directement sur les murs. Un jour, plusieurs mois après avoir entendu des voix me disant d’aller tester la température de la Saint-Maurice en plein hiver, j’ai eu la présence d’esprit d’appeler mes parents pour qu’ils viennent me chercher.»

Bilan des courses: deux semaines d’internement à l’hôpital Charles-Lemoyne, diagnostic en santé mentale et prescription d’anxiolytiques puissants. «Je suis retourné à l’université avec ma médication et j’ai terminé mes études en étant complètement engourdi face à mes émotions et à ma persistante douleur intérieure», explique l’auteur.

Pentes abruptes

Par la suite, la vie de Dominique Houle s’est transformée en une série de montagnes russes faites de descentes lentes et de montées vertigineuses. Un suivi échelonné sur 12 ans dans une clinique de psychanalyse lui a permis de reprendre le contrôle sur sa vie en mettant des mots sur le mal qui l’habite. «Ça m’a fait voir beaucoup de choses que je n’aimais pas chez moi, des mécanismes de réflexion erronés et des mauvaises habitudes, constate-t-il. Maintenant, je sais qui est le vrai Dominique et ce dont j’ai besoin pour garder mon équilibre.»

Même s’il est désormais conscient de ce qu’il doit faire et éviter pour rester à flots, ce n’est pas une recette miracle. Pas plus tard qu’en avril 2021, sa dernière crise en date s’est déclenchée. Elle aura duré pendant plus de 16 mois. «Je remonte lentement la pente depuis le 9 août dernier. J’ai de nouveau un appartement, j’ai un bon réseau social et je dois continuer à utiliser mon temps pleinement pour me réaliser.»

En parler

Après avoir livré les anecdotes les plus marquantes de sa vie en trois parties distinctes, l’auteur de Du vertige vers la résilience, mon parcours en santé mentale laisse son adresse courriel aux futurs lecteurs pour mettre fin au récit. Cette décision n’a rien d’anodin. Il invite les gens à s’adresser directement à lui au besoin.

«J’ai fait ça, parce que je sais à quel point c’est important de parler de ce qu’on vit pour amorcer son cheminement. La maladie mentale peut affecter n’importe qui et il faut absolument que la situation soit prise en main le plus rapidement possible. Pour progresser, il faut faire preuve de courage, de détermination, de persévérance et de volonté.»

Même si l’offre de services de première ligne en santé mentale a énormément progressé dans les 28 dernières années, Dominique Houle espère voir davantage d’investissements de temps et d’argent en ce sens. «Il y a de plus en plus d’anxiété chez les jeunes dans les dernières années et c’est une situation qui doit être prise très au sérieux. J’espère que mon histoire en poussera d’autres à prendre la parole.»

Le livre Du vertige vers la résilience, mon parcours en santé mentale est disponible au www.editionslhybride.com.

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