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Ces écrits qui brûlent pour mieux renaître

L'oeuvre L'incendie de Wartin Pantois. Photo: (Photo gracieuseté - Wartin Pantois)

Exposition Trans.mutation

Nous vous promettions l’intégralité de cet article dans notre dernière version papier du journal Québec Express. Voici ce qui se cachait sous les flammes:

PAPIER. L’artiste de rue Wartin Pantois, aussi appelé le Banksy de Québec, vient d’exposer sa nouvelle œuvre intitulée L’incendie, dans le cadre de l’exposition Trans.mutation, qui a réuni une vingtaine d’artistes multidisciplinaires au sein de la bibliothèque Gabrielle-Roy dans Saint-Roch. Celle-ci est actuellement en chantier avant sa métamorphose finale, prévue pour fin 2021.

Une transformation nécessaire

Inspiré par le thème de la transformation de la bibliothèque et des livres qui ont quitté pour revenir bientôt dans une structure renouvelée, Wartin Pantois a appelé son travail Le projet Phénix. «On voit sur la photo un vrai rayon de bibliothèque et aussi une image de feu que j’ai trouvé dans un livre», explique Wartin Pantois. Les livres et la transformation du lieu m’ont vraiment inspiré un Phénix qui renaît de ses cendres.»

Sens caché

Wartin Pantois laisse entendre que son œuvre possède une référence cachée. «À partir du lieu, de l’événement, du contrat que j’ai signé, cela m’a inspiré une autre thématique», confie-t-il.

En effet, dans le cadre de l’exposition Trans.mutation, on lui a demandé de signer un contrat d’artiste qui stipulait que son travail ne devait pas montrer d’images glauques, ni avoir de revendications. Bref, cela devait respecter certaines exigences afin de ne pas nuire à l’institution. «Je peux le comprendre et j’ai signé. Ça reste une forme d’orientation de la création artistique, on veut que ce soit dans le divertissement», précise l’artiste, plutôt habitué à  dénoncer et à l’art engagé. Puisqu’on ne change pas sa vocation facilement, Pantois, inspiré par les exigences de son contrat, a voulu évoquer la scène des livres qui s’embrasent dans Farhenheit 451, de Ray Bradbury. «Quand j’étais adolescent, je lisais des romans d’anticipation, comme Farhenheit 451 ou encore 1984, de George Orwell. Dans ces romans, les personnages se rendent comptent qu’il y a quelque chose qui cloche», se souvient l’artiste. Ces livres qui dénoncent une forme de société contrôlée mais qui sont aussi, dans leur narration eux-mêmes, des outils d’éducation et de divertissement à bannir, ont inspiré M. Pantois. Celui-ci indique que les remises en question des systèmes politiques et de contrôle des masses l’ont même incité à aller étudier en sociologie.

L’œuvre fait également référence à l’artiste italien Claudio Parmiggiani, qui a inventé un procédé baptisé Delocazione, qui consiste à mettre le feu à une installation. Une fois la combustion terminée, la fumée et la suie révèlent des traces en négatif, comme une forme de pochoir. Une de ses œuvres les plus connues est justement les traces laissées par une bibliothèque qui a pris feu.

Encore plus loin

Livres qui brûlent, numérique qui prend le relais, écrits qui restent, le Banksy de Québec poursuit sa réflexion. Les écrits sont source de divertissement, outils d’éducation mais également d’information. «Les médias sont nécessaires à la démocratie. Malgré la fuite des revenus publicitaires, vous, vous êtes encore en format papier, ce n’est pas rien», fait-il valoir, s’adressant au Québec Express.

À l’instar de ces livres qui se font dévorer par les flammes, la presse écrite se fait, elle aussi, dévorer par les flammes des gros joueurs du web. L’avenir de celle-ci sera d’ailleurs discuté en commission parlementaire à l’automne.

 

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