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Budget provincial: déception générale dans le milieu de l’habitation

Chantier construction de logements en hiver
Pour les intervenants en habitation, le besoin criant de logements à la grandeur du Québec a été mis de côté pour remplir la promesse de baisse d’impôt. Photo: Métro – Archives

Le budget provincial 2023 du ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a laissé le milieu de l’habitation sur sa faim. Importante intervenante de cette industrie de première nécessité, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) déplore le peu d’initiatives concrètes pour favoriser l’accès à la propriété des jeunes ménages et résorber l’actuelle crise du logement.

«Bien que nécessaires, les mesures annoncées sont insuffisantes pour relever les défis du secteur. Notons en résumé: le déficit de 100 000 habitations au Québec, le taux d’inoccupation des logements locatifs faméliques, l’abordabilité à son pire niveau en plus de trois décennies et le taux de propriété en baisse pour la première fois depuis 1971», indique Paul Cardinal, directeur du service économique à l’APCHQ.

Pour répondre à ces enjeux, le regroupement d’entrepreneurs recommandait notamment de hausser les remboursements de TVQ pour les habitations neuves, éliminer les droits de mutation pour les premiers acheteurs et bonifier les programmes d’efficacité énergétique afin de rénover les bâtiments existants. Il salue néanmoins les efforts du gouvernement afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre.

Faits saillants bien accueillis par l’APCHQ

  • 303,6M$ sur cinq ans pour la construction de 1500 nouveaux logements abordables dans le cadre du Programme d’habitation abordable Québec.
  • 191,3M$ pour accélérer la réalisation d’environ 3300 logements.
  • 105M$ en 2023-24 pour rénover le parc d’habitations à loyer modique.
  • 53,2M$ d’ici 2027-28 pour attribuer 2000 unités au Programme de supplément au loyer.
  • 45M$ pour appuyer la création de 450 logements financés par l’Initiative pour la création rapide de logements du gouvernement fédéral.

Manque d’ambition pour endiguer la crise

Alors que les mises en chantier ralentissent partout au Québec Vivre en Ville s’attendait à des mesures plus ambitieuses pour soutenir le développement de l’offre de logement à but non lucratif. Pour l’organisme, sortir durablement de la crise de l’habitation demandera un changement d’approche. Celle-ci exigera non seulement d’investir massivement, mais aussi de revoir le régime fiscal et le cadre d’aménagement du territoire.

Sur cet aspect, l’investissement de 87M$ sur cinq ans, qualifié de «première série de mesures structurantes» s’avère digne d’intérêt. Cependant, le plan de mise en œuvre attendu en avril prochain devra être beaucoup plus ambitieux. «Les acteurs de l’aménagement continuent de réclamer un investissement minimal de 100M$ par an, pour favoriser le développement d’écoquartiers et la consolidation urbaine partout au Québec», rappelle Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.

Désengagement envers le logement social

De son côté, le Regroupement québécois des OSBL en habitation (RQOH) dénonce le renoncement du gouvernement provincial à s’attaquer au manque de logements sécuritaires et accessibles pour des dizaines de milliers de ménages. «Les mesures annoncées dans ce budget ne reflètent en rien l’urgence de venir à bout d’une crise du logement qui n’est pas près d’être éradiquée», avise André Castonguay, directeur général de l’organisme.

À ses yeux, seulement 191M$ (sur les 561M$ nécessaires) sont investis pour débloquer une partie des logements déjà annoncés via AccèsLogis (3300 unités). De plus, la seule programmation supplémentaire de nouveaux logements pour les cinq prochaines années comprend 1500 unités dans le Programme d’habitation abordable Québec, dont 500 sont réservées aux promoteurs privés à profit.   

«Après la levée de boucliers provoquée il y a peu par l’annonce de la fin du programme AccèsLogis, nous nous serions attendus à un changement de cap. C’est un budget très décevant en matière de logement. Le gouvernement a fait la sourde oreille aux municipalités et aux experts de l’habitation sociale et communautaire, qui demandaient un investissement dans un vrai programme structurant apte à répondre aux besoins de la population», analyse M. Castonguay.

Soutien à l’économie apprécié

Sur le plan économique, la Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ) salue les mesures visant à améliorer la productivité des entreprises et le développement des zones d’innovation. Toutefois, des défis demeurent en matière de main-d’oeuvre.

«Nous avions proposé une série de solutions pour aider les entreprises à faire face aux défis de main-d’oeuvre. Nous accueillons positivement les modulations au Régime de rentes pour encourager les travailleurs expérimentés et l’injection de sommes supplémentaires dans la francisation des travailleurs. Il faut poursuivre les efforts pour attirer plus de travailleurs et d’étudiants étrangers à Québec», estime le président de la CCIQ, Steeve Lavoie.

Parmi les mesures jugées satisfaisantes, la CCIQ souligne:

  • Investissement de 100M$ sur cinq ans pour les zones d’innovation avec espoir qu’InnoVitam (dédié à la santé durable à Québec) soit des projets retenus.
  • Injection de 500M$ sur cinq ans pour renforcer l’intégration en emploi des personnes immigrantes et réduire les délais de traitement des dossiers.
  • Investissements importants pour soutenir les grands projets d’investissements.

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