Pas de récession en vue, selon la Banque de développement du Canada
Pierre Cléroux , vice-président Recherche et économiste en chef de la Banque de développement du Canada (BDC), a dressé un portrait plutôt positif de l’avenir économique du pays, lors de la sixième édition du colloque de la chambre de commerce de l’Est de Montréal, le 27 octobre.
S’il prédit une grande baisse du taux de croissance, qui passerait de 5,6% en 2021 à 0,6% pour le Québec, l’économiste en chef n’entrevoit pas de récession, sauf en cas d’un imprévu provenant des États-Unis.
Vers la fin de la crise
Selon Pierre Cléroux, les entreprises ont fait face à trois grands défis dans les dernières années, soit l’inflation, les problèmes d’approvisionnement et la pénurie de main d’œuvre. Mais la situation tend à s’améliorer
«À mesure qu’on s’éloigne de la pandémie, les problèmes se résolvent», soutient M. Cléroux. Il prévoit que la crise d’inflation va se régler, grâce notamment au changement du taux d’intérêt directeur annoncé par la Banque du Canada le 26 octobre.
Selon lui, d’autres augmentations sont à prévoir dans les 12 prochains mois, dont une autre avant Noël. L’économie, «en surchauffe» depuis 18 mois, devrait alors ralentir et faire baisser l’inflation.
Il souligne que cette baisse a déjà commencé, l’inflation étant passée de 8% à 6% dans les derniers mois, en partie à cause du retour à la normal des prix de l’essence.
Ce retour atténue aussi les problèmes liés à l’approvisionnement. Les coûts de transport, notamment avec l’Asie, sont en baisse et continuent d’aller dans cette direction. À cet effet, l’économiste et professeur émérite à l’UQAM Pierre Fortin souligne que le prix du transport «est en baisse de 40% depuis les six à neuf derniers mois».
Des désaccords sur la pénurie de main-d’œuvre
Seul point où le vice-président de la BDC n’est pas optimiste: la pénurie de main-d’œuvre. «Actuellement, 21% des travailleurs ont 55 ans ou plus; ça veut dire qu’une personne sur cinq risque de partir à la retraite d’ici 10 ans», s’inquiète Pierre Cléroux, qui croit cependant que la technologie et différentes formations peuvent atténuer le problème. Il ne voit tout de même pas de solution complète à la pénurie avant le «mini baby boom», dont les individus devraient entrer sur le marché du travail dans une dizaine d’années.
Des propos qui ne trouvent pas écho du côté de Pierre Fortin. Si l’économiste et professeur à l’UQAM est en accord avec les prévisions de Pierre Cléroux sur l’inflation et la chaîne d’approvisionnement, il pense que ce dernier est «dans le champ» sur les questions de pénurie de main-d’œuvre.
«Si on regarde les pays de l’OCDE, il n’y a aucune relation entre la population et la pénurie, lance-t-il à Métro. Quand tu as plus de main-d’œuvre – par l’immigration ou une hausse des naissances, par exemple –, tu augmentes aussi la demande car ces gens-là consomment plus.»
Le problème, selon M. Fortin, vient plutôt d’une trop grande production. De ce fait, le ralentissement prévu de l’économie devrait, selon lui, régler le problème. Un mouvement déjà amorcé selon le professeur, qui rappelle que le manque de main-d’œuvre, exprimé par le taux de postes vacants, est passé de 6,5% en juin à 5,9% actuellement selon les chiffres de statistique Canada.
Qu’est-ce que le Colloque de l’Est?
Le Colloque de l’Est est organisé chaque année par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal. Anciennement appelé «Colloque PME», il accueillait aussi cette année les organismes à but non lucratif (OBNL) de l’Est de Montréal.
Le but du Colloque est de proposer des solutions aux PME et aux OBNL face à l’évolution de la conjoncture économique du pays, pour qu’ils puissent maintenir ou améliorer leurs performances.
Cette année, les PME et OBNL pouvaient assister à deux ateliers au choix, en plus de la conférence de Pierre Cléroux.