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Ce que vous devez savoir sur les tiques ce printemps

Les températures plus chaudes du mois d'avril annoncent la reprise d'activités de ces petites bestioles, à la recherche d'un hôte qu'elle piquera pour se développer. Photo: iStock, Andrei310

Ixodes scapularis! Non, il ne s’agit pas d’une curieuse formule magique… C’est plutôt le nom scientifique de la tique à pattes noires, cet acarien connu pour transmettre la maladie de Lyme dont il faut tant se méfier. Les températures plus chaudes du mois d’avril annoncent la reprise d’activités de cette petite bestiole, à la recherche d’un hôte qu’elle piquera pour se développer. Pour mieux se protéger contre celle-ci, voici ce qu’il faut savoir.

«La saison des tiques s’étend du début avril jusqu’à la fin novembre. Elles vont être plus actives du moment où il fait plus de 4 °C», précise la conseillère scientifique spécialisée de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) Roxane Pelletier.

Au printemps, ce sont les nymphes – la tique rendue à son deuxième stade de développement – qui représentent le plus de risques de développer la maladie de Lyme. Étant petites, elles sont moins visibles lorsqu’elles s’accrochent à l’humain ou aux animaux de compagnie, contrairement aux tiques adultes, qui sont un peu plus grosses et qui sévissent plus à l’automne.

La mode anti-tique

Initialement, les tiques qui se concentraient dans le nord-est des États-Unis ont progressivement monté au Québec. L’Estrie et la Montérégie sont les régions les plus touchées par leur présence et où le risque de contracter la maladie de Lyme est significatif, d’après la carte interactive élaborée par l’INSPQ.

«L’ensemble des régions du Québec présente un risque possible d’acquisition de la maladie de Lyme par la tique, explique Roxane Pelletier. Les tiques arrivent par les oiseaux migrateurs qui les dispersent un peu partout sur le territoire. Quand les tiques se décrochent, si elles rencontrent un milieu favorable à leur développement et à leur survie, elles peuvent s’y établir.»

Comme personne n’est à l’abri du petit envahisseur, la vigilance est de mise. La meilleure façon de se protéger, c’est d’éviter de se faire piquer. À cet égard, Roxane Pelletier conseille un moyen simple à adopter pour y arriver lors d’activés en plein air ou lorsqu’on se rend dans des endroits boisés ou jonchés de feuilles mortes.

Vêtements longs, chandail dans le pantalon, chaussettes remontées par-dessus celui-ci: voilà un accoutrement efficace bien que moins chic, admet la scientifique. Au lieu de vous parfumer de votre eau de toilette, optez plutôt pour un chasse-moustique à base de DEET ou d’icarine diffusé sur vos vêtements.

Roxane Pelletier conseille également de demeurer sur les sentiers quand on fait une randonnée.

Une inspection du corps est aussi de mise après une journée passée dehors, en portant une attention particulière aux plis cutanés, ces zones qui ont plus tendance à être piquées, soit derrière les oreilles ou les genoux, dans les aines, le bas du dos.

Quand une tique s’accroche à vous

Vous le remarquerez si vous avez été piqué, car l’acarien sera agrippé à votre peau, contrairement à une araignée ou à un moustique, indique la spécialiste clinique en biologie médicale de l’INSPQ Karine Thivierge. Et le meilleur moyen de se protéger contre la tique, conseille celle qui est aussi l’une des autrices du Guide d’identification des tiques du Québec, c’est de l’enlever le plus rapidement possible.

«On n’attend pas de consulter son médecin dans quatre jours. Le plus rapidement on la retire, moins grandes sont les chances qu’elle nous donne la maladie dont elle est porteuse.»

Plus spécifiquement, dans le cas de la tique à pattes noires, il faut qu’elle soit restée en place pendant plus de 24 heures pour transmettre une infection, ajoute pour sa part le microbiologiste-infectiologue au CHU de Sherbrooke Alex Carignan.

Pour retirer la tique qui se gave de notre sang, il faut la saisir le plus près possible de la peau à l’aide d’une pince à épiler ou encore d’un crochet à tique et la retirer dans un mouvement perpendiculaire au site cutané.

«Il n’y a pas vraiment de danger dans la manipulation de la tique. Cependant, on évite de presser son abdomen au risque de la faire régurgiter et qu’elle nous transmettre peut-être la bactérie Borrelia burgdorferi qui cause la maladie de Lyme», conseille Karine Thivierge.

Une fois l’occupant capturé, il est judicieux de le placer dans un contenant hermétique en y indiquant la date de son retrait au cas où vous devriez consulter un médecin. Les premiers symptômes associés à la maladie de Lyme se manifestent normalement entre le troisième et trentième jour après la piqûre.

«Bien que ce ne soit pas le cas pour tous les patients, on peut voir au site de la piqûre de la tique une lésion rougeâtre ovalaire qui va s’étendre progressivement, mentionne le Dr Carignan. Ensuite, entre la quatrième et la douzième semaine suivant la piqûre, il y a la phase disséminée précoce où la bactérie va se répandre dans l’ensemble du corps par voie sanguine, ce qui peut engendrer des complications neurologiques, articulaires ou cardiaques. Enfin, il y la phase tardive associée principalement à de l’arthrite.»

Pour connaître les risques sur votre santé associés à l’espèce de tiques qui vous a piqué, il est possible de soumettre une photo de l’acarien par l’entremise de l’application etick, créée par l’Université Bishop’s, qui se chargera de son identification.

Un traitement préventif

Il y a maintenant un traitement unidose préventif – la prophylaxie post-exposition (PPE) – qui permet de réduire de manière importante le risque de transmission de la maladie de Lyme.

Pour amorcer un traitement, nuance le microbiologiste-infectiologue Alex Carignan, la tique doit être restée accrochée pendant plus de 24 heures dans la peau. De plus, il faut que le délai entre le retrait de la tique et la prise de la PPE soit de moins de 72 heures.

Si vous contractez la maladie de Lyme, les chances de rétablissement sont grandes, selon le Dr Carignan. À preuve, une étude publiée en 2022 montre que plus de 99% des patients traités dans les hôpitaux des régions endémiques de l’Estrie et de la Montérégie voyaient la disparition des signes de la maladie après trois mois de traitement.

Avec l’augmentation des cas rapportés de la maladie de Lyme, les gens consultent plus rapidement après l’apparition des symptômes, ce qui permet un diagnostic et un traitement précoces, ajoute le Dr Carignan.

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