Le maire Marchand déplore les tergiversations du caucus caquiste sur le tramway
MUNICIPAL. À n’en point douter, la lune de miel est terminée entre le maire de Québec et le gouvernement provincial. Excédé par l’ajout de nouvelles conditions à chaque report d’échéancier pour l’aménagement du tramway, Bruno Marchand dénonce l’attaque frontale des députés du caucus régional. Il réfère à l’apparition d’une autre condition, soit l’abandon du concept de rue partagée sur René-Lévesque, pour obtenir l’adoption de l’ultime décret ministériel nécessaire aux appels de propositions.
«C’est une mauvaise journée pour l’indépendance des villes du Québec et pour l’autonomie de la Ville de Québec. C’est à la demande du gouvernement du Québec que l’ancienne administration est allée présenter des scénarios pour protéger les arbres. La nouvelle administration a toujours fait valoir la pertinence d’une rue partagée. Ce concept est appuyé par 57% des résidents de Montcalm, alors que davantage souhaitent une baisse des vitesses», rappelle le maire de la capitale.
Selon ce dernier, il n’y a pas de guerre à l’automobile. Le boulevard René-Lévesque ne sera pas fermé. Il sera simplement ramené à une voie dans chaque sens pour limiter au maximum la coupe d’arbres, avec une réduction de la vitesse. Mais, les automobilistes pourront toujours transiter par la Grande Allée, le chemin Sainte-Foy, voire les boulevards Charest ou Champlain.
«Les automobilistes de la haute-ville qui se dirigent vers les ponts empruntent déjà principalement la Grande Allée. Qu’il y ait tramway ou pas, en 2028 la situation sera pire que maintenant en raison de la hausse prévue de 100 000 déplacements additionnels par jour dans la région de Québec. On peut attendre et ne rien faire. Mon administration veut agir pour assurer une meilleure mobilité aux citoyens de Québec», précise M. Marchand.
Solution d’avenir
Pour lui, il ne fait aucun doute que le tramway est la solution pour améliorer les temps de déplacements dans la majorité des principaux tronçons routiers. «Nous avons repris le projet de l’ancienne administration municipale, parce qu’il apparaît comme la meilleure solution pour optimiser une mobilité régionale. Surtout, faire en sorte que celle-ci soit favorable au développement économique et respectueuse de l’environnement. Anticiper un « parking » sur Laurier et sur Grande Allée, c’est complètement faux», argue-t-il.
«C’est le projet d’avenir pour Québec et on pensait qu’on avait l’appui du gouvernement du Québec comme on a celui du gouvernement fédéral. On travaille pour les générations à venir et leur léguer une ville efficace et performante. Je demande au provincial que les bottines suivent les babines. Présentement ce qu’on a, c’est un laissez-passer A38 comme dans la maison des fous d’Astérix.»
Bruno Marchand déplore toujours devoir en faire plus et compléter une autre étape. «On a déjà joué dans ce film-là, c’est le jour de la marmotte. C’est assez! On nous demande d’améliorer l’acceptabilité sociale du projet, alors qu’on cesse de nous tirer dans le pied», clame-t-il en appelant les élus provinciaux à s’engager en faveur du projet maintenant et sans conditions. «C’est le temps d’agir en faveur des générations futures, pour ne pas leur léguer une planète qui va être pire que celle que nos parents nous ont transmise».
La coupe déborde
Les propos critiques de certains ministres de la CAQ ont piqué au vif le maire de Québec. Il a senti le besoin de clarifier les choses lorsque le ministre des Transports, François Bonnardel, a estimé que M. Marchand dérogeait de l’objectif de faire du tramway un projet régional. Ce dernier avait précédemment déclaré qu’il ne planifiait pas le projet de transport collectif pour plaire aux résidents de Saint-Appolinaire ou de Château-Richer.
Il a aussi rejeté les affirmations du ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, qui a lancé que le maire Marchand «prouve sa bonne volonté et qu’il cesse de polluer l’existence des automobilistes avec des idées comme ça». Il faisait alors directement référence au concept de rue partagée envisagé sur une portion du boulevard René-Lévesque, à la hauteur de l’avenue Cartier. Des propos pour lesquels le ministre s’est ensuite amendé pour rectifier le tir.
Du pour et du contre à l’hôtel de ville
«Je suis plus que satisfaite du ton que le maire a utilisé aujourd’hui, il faut absolument tenir notre bout pour la rue partagée sur René-Lévesque. Ce n’est pas vrai que le tramway va congestionner le centre-ville, au contraire de nombreux déplacements pourront se faire en transport en commun. La rue partagée, c’est le choix de la mobilité durable et de la préservation des arbres, c’est ce que la population souhaite.» – Jackie Smith, cheffe de Transition Québec
«La sortie intempestive du maire n’est pas propice à augmenter l’adhésion à l’égard du projet. À l’exception de vouloir faire un coup d’éclat de communication, il n’y avait aucune utilité à s’engager dans une joute verbale contre le gouvernement, qui est le plus grand bailleur de fonds du projet.» – Éric Ralph Mercier, chef de Québec 21