Le maire Juneau souhaite effacer la dette de Saint-Augustin
MUNICIPAL. Devant le contexte économique qui prévaut et la hausse anticipée des taux d’intérêt, le maire de Saint-Augustin-de-Desmaures revoit sa stratégie. Pour Sylvain Juneau, il n’est plus question de se contenter de rabattre la dette au niveau du budget de fonctionnement. Sans réduire les services, il désire éponger totalement le déficit accumulé, afin de libérer son administration d’un important fardeau financier.
Selon le principal intéressé, la prévisible envolée des frais d’emprunt liée à la forte inflation force la réflexion sur ce qu’il convient de qualifier «d’endettement acceptable». Pour une municipalité, il estime opportun de réévaluer la règle consistant à viser une dette équivalente à son budget de proximité. Cela équivaut à atteindre 35M$ à Saint-Augustin, alors que son passif a été ramené de 120M$ à moins de 60M$ au cours des six dernières années.
«Considérant le contexte inflationniste, l’extinction complète de la dette devient un objectif souhaitable et réaliste. Actuellement, les intérêts payés annuellement par la Ville sur la dette s’élèvent à près de 2M$. Or, ce montant risque de croître au fil des ans, malgré nos efforts de saine gestion. Je l’ai déjà indiqué et je le réitère, il est aberrant d’envoyer ainsi des millions de dollars dans les poches des banquiers. Il s’agit des taxes versées par des milliers d’Augustinois, en pure perte», explique M. Juneau.
Obligé de respecter les fenêtres de remboursement sans pénalité, comme pour une hypothèque résidentielle, il prévoit que le déficit sera réduit à la hauteur du budget de proximité (35M$) vers 2024. Élu en 2015 sur la promesse de faire le ménage dans les finances publiques, le maire de Saint-Augustin n’entend pas s’arrêter en chemin. Selon ses projections, la Ville pourrait être libérée entièrement de sa dette d’ici 2029.
Trois objectifs
La situation s’est grandement améliorée, mais il reste encore du pain sur la planche. À son avis, la vigilance s’impose afin de ne pas retomber dans les mauvaises habitudes. «Nous devons encore vivre avec un lourd passif, hérité d’une gouvernance passée laxiste. En guise d’exemples, la Ville traîne toujours des dettes respectives de près de 4 et 6M$ sur l’Aréna Activital et le centre communautaire Jean-Marie-Roy, tous deux démolis», souligne le maire Juneau.
Se voulant rassurant, il maintient le cap sur trois objectifs. Maintenir des services de qualité, ramener le compte de taxes à un niveau régional concurrentiel grâce à un gel jusqu’en 2025 et rabattre la dette au maximum. Ce sera possible notamment en profitant des surplus accumulés pour créer un fonds de roulement servant à payer comptant les immobilisations et des opportunités de remboursements anticipés.
Cela dit, le passif municipal ne pourra jamais réellement être à zéro. En effet, la Ville devra toujours procéder par règlement d’emprunt pour des projets impliquant une taxe de secteur ou profitant d’un programme de subvention. Néanmoins, d’importantes marges de manœuvre seront ainsi dégagées pour combler les besoins futurs.
Impact du surendettement
Lorsque la dette de Saint-Augustin frôlait les 120M$ en 2015, cela représentait 400% du budget de proximité et accaparait près du tiers des dépenses locales de la Ville.