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Rue du Campanile: les défis d’une artère privée

Des résidents du secteur de la Pointe-de-Sainte-Foy se plaignent du manque d’entretien de la rue du Campanile. Ils demandent à la Ville de Québec d’intervenir, mais celle-ci a peu de recours à l’endroit du propriétaire de cette artère privée. Photo: Métro Média - François Cattapan

MUNICIPAL. Depuis quelques années, des citoyens reviennent régulièrement à la charge et déplorent la dégradation des installations de la rue du Campanile. Il faut reconnaître que la crise sanitaire n’a rien fait pour améliorer la situation de cette artère commerciale autrefois plus glorieuse. La Ville de Québec et le conseil d’arrondissement ont été interpelés afin de faire bouger les choses favorablement.

Une pétition appuyée par près de 300 signataires dénonce «l’état de délabrement de la rue du Campanile qui a un impact sur la quiétude et la sécurité des résidents du quartier. Autant les trottoirs que la voie routière sont parsemés d’embuches inacceptables dans un environnement aussi densément peuplé. Nids de poule, chaussée défoncée et pavés cassés compliquent les déplacements.» Elle réclame une intervention ferme de la municipalité auprès du propriétaire des lieux.

@R:Au cours du dernier conseil d’arrondissement de Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge, la présidente Anne Corriveau a rappelé qu’il s’agit d’une artère privée. Cela complique la situation. «Néanmoins, mentionne-t-elle, les équipes de la Ville ont rencontré les propriétaires riverains de la rue pour dresser un état des lieux. C’est à eux que revient le fardeau de restaurer et relancer l’artère commerciale. La balle est dans leur camp. Il leur incombe de prendre des actions.»

En effet, une municipalité ne peut intervenir sur un domaine privé. Toutefois, l’élue se propose de soutenir les initiatives envisagées. «Tout est fait de notre côté, ajoute-t-elle. Ce sont de grosses sommes qui sont en jeu. Nous n’avons pas eu de précisions concernant les échéanciers et les intentions des propriétaires.»

Situation complexe

Autre constat désolant, plusieurs locaux ont été désertés et l’offre de services de proximité s’est amoindrie au fil des ans. Une partie du problème, selon des gens d’affaires ayant quitté les lieux, serait attribuable au manque de fidélité de la clientèle locale. Celle-ci préférant magasiner à moindre coût dans les grandes surfaces. Bref, on se retrouve devant une spirale négative. Les installations déclinent faute d’investissements, alors les consommateurs désertent, ce qui provoque la fermeture de commerces et réduit les revenus de locations du propriétaire.

Heureusement, des établissements importants restent présents, dont le supermarché IGA Coop, la pharmacie Brunet, la succursale de la SAQ et divers services de soins. Malgré la dissolution de l’association des marchands, il s’agit d’une base solide autour de laquelle bâtir. Il n’a toutefois pas été possible d’entrer en contact avec le propriétaire pour en savoir plus. Dans un récent reportage du quotidien Le Soleil, on apprenait que la gestion était assurée par le Groupe Boudreault, pour le compte de la fiducie familiale Trudel Power. Des pourparlers se poursuivent avec la Ville de Québec et des partenaires pour revitaliser le secteur. Des annonces sont attendues dans les prochains mois.

Municipalisation peu évidente

Devant l’inaction persistante, des voix se sont élevées en faveur de la municipalisation de l’artère commerciale. Or, voilà une option qui s’avère peu évidente dans l’état actuel des choses. De fait, un seul des cinq critères techniques est comblé, soit la propriété par la Ville des infrastructures souterraines (aqueduc et égout). Par contre, un aspect important n’est pas rencontré, celui de la largeur de la chaussée limitée à 7 mètres alors qu’une rue municipale doit avoir plus de 9 mètres. Un élargissement ferait perdre des cases de stationnement pour les commerces, en plus de modifier le concept original. Néanmoins, la porte reste ouverte et la réflexion se poursuit.

Critères de municipalisation d’une artère

  • Infrastructures de surface propriétés de la Ville (ici non)
  • Infrastructures souterraines propriétés de la Ville (ici oui)
  • Infrastructures d’éclairage propriétés de la Ville (ici non)
  • Arpentage des lots piquetés et rue distincte (ici non)
  • Dimensions minimales: chaussée 9m et emprise 15m (ici non)

Un peu d’histoire

  • La rue du Campanile a été développée par l’Industrielle Alliance en 1986-87, sous le nom du Faubourg Laudance.
  • Voulue étroite, elle fait partie d’un concept architectural d’ensemble visant à créer un esprit de communauté.
  • Son caractère privé a permis de la soustraire aux normes municipales pour respecter le concept architectural d’origine.
Récipiendaire du Prix d’excellence de l’Ordre des architectes du Québec en 1987, la rue du Campanile vit le défi de la gestion d’une artère privée dans un contexte de déclin commercial. Photo Métro Média François Cattapan

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