Pourquoi autant de vols sont-ils en retard cette année à l’aéroport Montréal-Trudeau?
Pour son nombre élevé de retards, l’aéroport Montréal-Trudeau figurait au deuxième rang des pires aéroports du monde, selon un classement de CNN paru à l’automne 2022. Plutôt que de s’améliorer, la tendance empire selon les statistiques de l’année 2023.
«Quand on regarde les statistiques de l’an passé, ça tournait autour de 50% de vols retardés. Cette année, on est à 80%. C’est plus élevé que la pire année qu’on a eue depuis toujours», remarque le PDG et cofondateur de Vol en retard, Jacob Charbonneau. Son entreprise «accompagne et informe» les voyageurs aériens pour s’assurer qu’ils reçoivent les compensations auxquelles ils ont droit lorsque leur vol est retardé.
«La tendance des retards est là pour rester», ajoute M. Charbonneau, qui observe la situation de très près. Si tous les aéroports du monde sont touchés par «le manque d’effectifs» depuis la pandémie, Montréal-Trudeau subirait ses effets de manière plus sévère que les autres aéroports. Notamment parce que l’aéroport «fait affaire avec de nouveaux fournisseurs» de main-d’œuvre, si bien qu’un temps d’adaptation est nécessaire pour retrouver une efficacité stable, croit le PDG de Vol en retard.
Les problèmes s’accumulent
Si la pénurie de personnel dans les aéroports peut expliquer en partie les retards, le manque d’employés au sein des lignes aériennes joue aussi pour beaucoup. «Le manque d’effectifs fait qu’on a moins d’équipes de relève et que les équipes sont surutilisées. [Les lignes aériennes] ont une limite des normes aériennes du nombre d’heures de vol et, avec les retards, on dépasse ce nombre d’heures», affirme M. Charbonneau.
Pour éviter de ne pas pouvoir voler en raison d’équipes qui auraient dépassé leur nombre limite d’heures de vol, il est de la «responsabilité des lignes aériennes d’avoir des équipes de relève», mais le manque d’effectifs complique cette tâche. «Sans les équipes de relève, ça a un impact direct sur les retards», ajoute-t-il.
Quand on est en période de pointe, ça met une pression plus forte sur l’écosystème…
Jacob Charbonneau, PDG et cofondateur de Vol en retard
Une perception erronée
Malgré ce qu’en dit le PDG de Vols en retard, «les opérations aéroportuaires à YUL Aéroport international Montréal-Trudeau se déroulent beaucoup mieux qu’à l’été 2022», partage le conseiller en communication de l’Aéroport Montréal-Trudeau, Eric Forest.
«En juin, ce sont 49% des vols au départ qui ont été retardés, et 6,6% des vols annulés. Jusqu’à présent en juillet, ce sont 52% des vols au départ qui ont été retardés, et 7,9% des vols annulés», ajoute-t-il. Ces données sont à propos des retards de quinze minutes ou plus.
En plus des éléments structurels nommés par M. Charbonneau, «la ponctualité des vols peut être affectée par divers facteurs tels que les arrivées tardives des aéronefs, la disponibilité de l’équipage, les bris techniques, le contrôle du trafic aérien, mais aussi, les conditions météorologiques à Montréal ou à l’aéroport de destination» sont aussi à prendre en compte pour expliquer les retards, rappelle M. Forest.
Minimiser les pertes face à un retard
Si vous faites face à un vol retardé, vous pourriez bénéficier de certaines compensations. «Pour un vol en retard de trois heures, les lignes aériennes doivent offrir un vol avec une autre compagnie avec laquelle elles ont une entente commerciale. Après neuf heures, elles doivent offrir un vol avec n’importe quelle ligne aérienne même si elles n’ont pas d’entente commerciale. Par contre, elles ne vont jamais l’offrir et les passagers ne le savent pas», selon M. Charbonneau.
Faire connaître ses droits et aider les usagers à minimiser les pertes en cas de retard sont les objectifs de Vol en retard. Si vous subissez un retard, une perte de bagage ou tout litige avec une entreprise aérienne, vous pouvez remplir le formulaire de contestation disponible sur le site volenretard.com. Si vous n’avez pas gain de cause, il n’y a pas de frais, mais si vous avez gain de cause, Vol en retard conserve 25% de la compensation et vous remet le reste.
L’entreprise offre également une formule prépayée à 15 $ qui permet aux voyageurs d’éviter les tracas. «Ce que ça fait, c’est qu’on suit le voyageur dès qu’il réserve un voyage, ensuite on l’éduque au fur et à mesure sur ses droits. Pour une perte de bagage, un retard de bagage, etc., on va chercher les compensations en temps réel», explique M. Charbonneau.