Une jeune fille de 10 ans sans école pendant un mois
Une élève de 4e année de l’école Jules-Émond à Val-Bélair n’a pas pu aller à l’école pendant quatre semaines après avoir été suspendue pour comportement violent. Sa mère, Marie-Ève Boudreault, souhaite qu’aucune famille et qu’aucun enfant ne vivent une situation similaire à la sienne.
Le 21 mars dernier, la jeune Sophie* [prénom fictif pour protéger son identité] a été suspendue de l’école pour des comportements violents. Selon sa mère, Marie-Ève Boudreault, il y a eu une accumulation d’événements qui ont fait en sorte que sa fille aurait «pété les plombs» cette journée-là. La fillette aurait entre autres frappé les murs et fait des menaces.
«Elle a été suspendue et on nous a convoqué pour une rencontre le lendemain, avec son papa. On nous a alors parlé de la possibilité qu’elle intègre l’école Sainte-Monique dans une classe avec élèves pour troubles du comportement. Mais on ne nous a pas dit quand», a expliqué Mme Boudreault.
La maman a précisé que sa fille a un plan d’intervention à l’école, mais qu’elle n’a pas de diagnostic précis.
De nombreuses démarches
Par la suite, Mme Boudreault a fait régulièrement des démarches. Elle a téléphoné quelques jours après l’événement à la direction de l’école Sainte-Monique, qui aurait mentionné ne pas être au courant de l’arrivée prochaine de sa fille. À chaque trois ou quatre jours, la maman a téléphoné ou envoyé des courriels (dont Métro a obtenu copie) à la conseillère pédagogique du Centre de services scolaires de la Capitale ou aux écoles concernées, pour savoir ce qu’il allait advenir de sa fille. Les fois où elle a obtenu des réponses, c’était sans solutions concrètes.
Début avril, Marie-Ève Boudreault était sans ressources: sa fille était à la maison depuis le 21 mars. «Je voulais qu’on trouve une solution. J’en ai proposé à la conseillère pédagogique lors d’un appel, par exemple, une TES qui pourrait l’accompagner à son école habituelle. Mais ce qu’on m’a proposé, c’est une intégration partielle à Sainte-Monique une heure par jour avec le transport à ma charge», s’indigne-t-elle, pensant alors sérieusement devoir quitter son emploi si la situation n’évoluait pas.
Le 5 avril, le Centre de services scolaires a envoyé une enseignante pour venir enseigner à Sophie dans son milieu pendant une heure par jour, mais toujours pas de rescolarisation physique en vue. Le 6 avril, la maman a envoyé un formulaire de plaintes aux deux directions d’école, Jules-Émond et Sainte-Monique.
«Le 17 avril, j’ai reçu un appel de la conseillère pédagogique qui m’a dit qu’on peut envisager une intégration à Sainte-Monique dans deux semaines. Je n’ai pas accepté: à ce moment, cela faisait déjà plusieurs semaines que ma fille n’allait à l’école. J’avais été assez patiente. Ma fille n’est pas un dossier, alors je lui ai demandé de faire mieux», a résumé la maman.
Finalement, le 19 avril, Marie-Ève Boudreault a mentionné la possibilité de faire appel aux médias. On lui a répondu la journée même qu’une solution avait été trouvée et que sa fille pourrait réintégrer le pavillon Amédée-Boutin de l’école Jules-Émond en attendant sa place à Sainte-Monique début mai.
Le Centre de services scolaires confirme l’événement
«Dans ce cas-ci, l’élève a effectivement été mise en arrêt temporaire de scolarisation en mars dernier. Dès le lendemain, les parents ont été rencontrés et des solutions alternatives ont été proposées, entre autres, la scolarisation à la maison et, par la suite, une scolarisation de manière virtuelle. Les parents étaient satisfaits des solutions proposées», a pour sa part fait valoir Manon Jomphe, conseillère en communications pour le Centre de services scolaires de la Capitale. Elle confirme également que l’élève a pu être réintégrée ces derniers jours à l’école Jules-Émond, puisqu’une opportunité de l’accueillir dans un local spécifique avec une ressource dédiée s’est présentée en attendant son intégration à l’école Sainte-Monique.
Le CSSC a souhaité préciser qu’il ne procède pas à des expulsions, mais bien à des arrêts temporaires de scolarisation, quand la sécurité de l’élève ou des autres élèves est en jeu.
Lors de cet arrêt de scolarisation, qu’est-il prévu? «Quand survient un arrêt temporaire de scolarisation, notre équipe des Services de l’adaptation scolaire et des services complémentaires est toujours très proactive à offrir des alternatives afin de minimiser l’impact de l’arrêt temporaire de scolarisation sur l’élève. Chaque cas étant particulier, les alternatives sont proposées en tenant compte des particularités de chacun».
Une jeune fille triste
Marie-Ève Boudreault trouve que sa fille a l’air triste, mais peine aussi à savoir comment elle va réellement. En effet, Sophie a dû aller chez les grands-parents à plusieurs reprises ces dernières semaines, afin que la maman puisse se rendre au travail. «C’est une enfant qui a besoin de stabilité, d’encadrement et d’une relation de confiance», a-t-elle expliqué.