Budget 2023: Hausse des dépenses et nouvelle réserve pour contrer les changements climatiques
Dans un contexte de «turbulences économiques», la Ville de Québec augmentera ses dépenses de 7 % par rapport à l’an dernier dans son budget 2023. Comme promit par le maire Marchand, les taxes foncières seront toutefois limitées à une hausse de 2,5 %. Le budget atteignant 1,772 milliard de dollars demeure cependant équilibrée grâce à diverses mesures proposées afin d’augmenter les revenus.
La hausse des dépenses qui représente 116,4 millions de dollars est notamment attribuable à des ajouts de services aux citoyens (+ 45,8 M$), au contexte inflationniste (+ 31,2 M$), à la hausse des dépenses des différentes unités administratives (+ 24,4 M$) ainsi qu’à la création d’une nouvelle réserve d’infrastructures pour changements climatiques (+15 M$).
Quant aux revenus, la hausse moyenne de 2,5 % des taxes foncières devrait rapporter 30,8 M$ alors que les nouvelles constructions rapporteront 25,1 M$. Les nouveaux paliers d’impositions des droits de mutation annoncés en novembre devraient pour leur part rapporter 8 M$ supplémentaires. Par ailleurs, les revenus liés aux services rendus par la Ville augmenteront de 13 M$ dont 3,8 M$ proviendront de l’indexation des tarifications des biens et services fournis par la Ville (1,7 M$) et de hausses de certains tarifs de stationnements (2,1 M$). Finalement, 39,5 M$ proviendront de revenus en intérêt, de la quote-part, de ventes d’actifs ou d’autres sources.
Nouvelle réserve pour contrer les impacts des changements climatiques
La création de la nouvelle réserve d’infrastructures pour changements climatiques a pour but de mettre de côté des sommes qui seront éventuellement utilisés afin de maintenir les infrastructures de la Ville. «Les besoins sont grands à court et moyen termes afin de mettre à niveau nos infrastructures. Je pense notamment à la préservation du lac Saint-Charles et à la mise à niveau de nos usines d’eau», a notamment expliqué le directeur général de la Ville, Luc Monty. D’ici 2028, l’administration souhaite y déposer 300 millions de dollars.
«On pourrait comparer ça au Fonds des générations, mais il est dédié aux changements climatiques. Idéalement, nous l’utiliserons le plus tard possible. L’idéal, ce serait de l’amener à 300 M$, de l’avoir en banque et de ne jamais l’utiliser, mais ça n’arrivera jamais. Ça va donner de la latitude pour faire face à des défis qui se présenteront», a mentionné le maire Marchand.
Un programme d’investissement sur 10 ans axé sur les transports
Le budget 2023 montre aussi la porte au Plan d’investissement quinquennal (PIQ) au profit du Plan d’investissement décennal (PID). Ce choix est justifié par une «volonté d’accroître la prévisibilité de nos actions auprès des citoyens et des nombreux partenaires de la Ville», selon l’administration Marchand. Ce plan sur dix ans prévoit des dépenses de plus de 10,114 G$, dont plus du tiers (3,492 G$) seront réservées au projet de réseau structurant. Il ne s’agit pas là de la seule dépense en transports prévue dans ce plan puisqu’on y prévoit aussi 738,8 M$ pour des projets de maintien au Réseau de transports de la Capitale (RTC), 609,6 M$ pour des projets d’électrification au RTC, 229,4 M$ pour des projets de développement du RTC et 23,1 M$ pour l’acquisition de véhicules et bornes de recharge électriques. Résultat: plus de 50 % des investissements prévus dans le nouveau PDI iront directement à des mesures liées aux transports.
Ce programme d’investissement sur dix ans ne fait toutefois pas l’unanimité. Les trois oppositions ont dénoncé la logique derrière celui-ci. «Une façon de pelleter par en avant», a dit le chef de l’opposition officielle, Claude Villeneuve, «c’est un programme de développement indéterminé», a renchéri Patrick Paquet de Québec 21 en le qualifiant aussi «d’improvisé» quelques minutes plus tard. «Je ne comprends pas pourquoi ils ont fait ce changement», a complété la cheffe de Transition Québec et conseillère municipale de Limoilou, Jackie Smith.
La réduction de la dette plus lente qu’anticipé
Quant à la dette municipale, le budget prévoit qu’elle soit réduite de 4,7 M$ pour atteindre 1,539 milliard de dollars à la fin de l’exercice financier. Pour y arriver, un montant de 310,4 M$ sera alloué au service de la dette, soit 17,5 % du budget de fonctionnement. Cette baisse est toutefois plus lente qu’anticipée en 2022 alors que l’administration prévoyait qu’elle atteindrait plutôt 1,530 milliard de dollars à la fin de 2023. «Pour nous, c’est le ratio qui est le plus important. C’est ce que les gens qui nous évaluent regardent», a exprimé le maire Bruno Marchand. À ce sujet, Québec revoit les cibles de son cadre financier et souhaite que les ratios de la dette et de service de la dette sur les revenus de fonctionnement passent respectivement de 89,1 % à 70 % et de 14,6 % à 10 % d’ici 2032.