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Enragé contre «Occupation double»? Mais pourquoi?

Occupation Double critiques
Photo: Métro

L’actuelle saison d’Occupation double est marquée par l’intimidation et le rejet. Des phénomènes qui déplaisent aux spectateurs, qui se sont plaints par milliers sur les réseaux sociaux, forçant la production à intervenir. Mais qu’est-ce qui explique que le public soit si investi dans l’émission et à ce point consterné par ce qu’il y voit de troublant? On en jase avec une psychologue. 

Tout d’abord, une téléréalité, par nature, crée un investissement particulier chez le spectateur par sa dimension justement de «réalité», lance Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue.  

Dans une œuvre de fiction, on ne se sentira peut-être pas très bien si l’on est témoin d’une situation d’intimidation, mais il demeure que l’on sait que c’est un scénario. Alors que face à une émission de téléréalité, on peut davantage s’identifier aux participant.e.s, croit la psychologue.  

Et comme ce que l’on voit est censé être réel, «certains candidats peuvent nous faire penser à nous-même ou à des gens de notre entourage, de notre passé», ajoute-t-elle. «On est investi, car on assiste à une scène sociale qui peut évoquer des expériences qu’on a déjà vécues ou qu’on pourrait être appelé à vivre.» 

La douleur du rejet 

Ce sentiment d’identification serait d’ailleurs exacerbé quand il est question de rejet, croit Geneviève Beaulieu-Pelletier.  

«On est des êtres sociaux et on a tous cette crainte fondamentale d’être rejetés. C’est une douleur immense, on ne veut pas la vivre et on ne veut pas la voir chez d’autres puisqu’elle nous ramène à notre propre douleur potentielle», explique la psychologue. 

C’est pourquoi on peut avoir une réaction viscérale lorsque l’on voit dans Occupation double les «méchants» Philippe ou Isaack attaquer les «bons» Jonathan ou Tommy. 

Occupation Double Martinique - Les gars
Gracieuseté : Noovo

Évacuer la colère 

La réaction très forte du public dans les derniers jours face à des situations présentées dans l’émission s’est ainsi manifestée sur les réseaux sociaux. Beaucoup de spectateurs sont allés jusqu’à écrire des messages de haine adressés aux « bourreaux » de l’émission, certains ont appelé à son boycottage, tandis que d’autres ont imploré la production d’intervenir pour mettre un frein à ces comportements jugés répréhensibles.  

On le sait, avec les réseaux sociaux, il est devenu très facile de dire ce que l’on pense, de déverser notre charge de colère. On sait aussi que c’est rarement productif, mais la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier croit que c’est une manière pour certain.e.s de surmonter l’impuissance ressentie devant leur téléviseur.

«Le fait d’aller exprimer son désaccord sur les réseaux sociaux, c’est une façon personnelle de reprendre un certain contrôle sur la situation, précise-t-elle. On sait très bien que le commentaire ne va pas changer la réalité, mais l’acte de dénoncer va nous faire du bien sur le moment, comme si on avait au moins essayé d’agir.» 

Ce sont les fonctions de base de la colère qui entrent en jeu ici, estime Geneviève Beaulieu-Pelletier: défendre notre intégrité ou celle des autres quand elle est menacée et se sortir de l’impuissance quand on ne se sent pas bien. 

Effet de groupe 

Enfin, l’ampleur de la réaction collective sur les réseaux sociaux s’explique selon l’experte par un effet d’engouement social.  

«Plus il y a de commentaires, plus on se sent légitimé d’aller déverser un surplus de haine», résume simplement la psychologue. 

Et cette permission que les internautes s’accordent d’insulter des personnes en ligne vient du fait qu’ils et elles considèrent que leurs intentions sont bonnes. Ils et elles ont le sentiment de dénoncer une injustice et de protéger l’intégrité de certaines personnes, au point de ne plus se rendre compte qu’ils et elles perpétuent un cercle de haine. 

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