GND: «Je serais l’allié de Legault pour la transition écologique»
«Je serais l’allié de François Legault à chaque fois qu’il voudra faire un pas pour la transition écologique», a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois. Le chef solidaire était le cinquième et dernier chef de parti politique à venir présenter sa vision devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain en vue des élections provinciales du 3 octobre prochain. Devant le milieu d’affaires, le co-porte-parole de Québec solidaire (QS) a livré un puissant plaidoyer pour une économie verte.
Quelques jours après les signes de volonté montrés par le chef caquiste pour collaborer avec les oppositions sur plusieurs sujets, dont l’environnement, l’aspirant premier ministre solidaire s’est dit prêt à soutenir une politique de développement des transports en commun, par exemple.
Un esprit de collaboration, tout en pragmatisme. «Chaque fois qu’il voudra prendre des raisons pour faire reculer [la transition écologique], il va trouver en moi en adversaire», a-t-il poursuivi.
Ce passage de l’intervention de M. Nadeau-Dubois était pourtant le seul montrant de la sympathie envers le gouvernement sortant. Pendant son allocution, le co-porte-parole de QS a durement critiqué la passivité alimentée par certains politiciens – il a particulièrement pointé les caquistes en critiquant le projet du troisième lien – quant à la lutte aux changements climatiques.
La vraie question économique, ce n’est pas de se demander quels sont les risques d’agir trop rapidement, mais plutôt quels sont les risques de ne pas agir assez rapidement, les risques de la climatopassivité.
Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire et candidat dans Gouin
Priorité au transport et à l’énergie
«Il fallait absolument qu’on expose le milieu d’affaires» à Québec solidaire, a lancé le président de la CCMM, Michel Leblanc, en introduction. Une façon d’indiquer que le public n’était pas si favorable au parti de gauche. Face aux gens d’affaires, Gabriel Nadeau-Dubois a insisté pour dire qu’économie et écologie n’étaient pas incompatibles.
«Gouverner, c’est faire des choix», a-t-il fait valoir. Il a rappelé ses promesses d’investissements dans les infrastructures de transport en commun, tout en soulignant que le secteur du transport est responsable de la plus grande part des émissions de GES au Québec. «Quand nos infrastructures sont à la traîne, ça nuit à notre économie», a-t-il exposé, prenant l’exemple de la déconnexion de la Gaspésie du reste de la province.
Le porte-parole masculin de QS a ainsi présenté deux nouveaux engagements «verts». Le premier serait un investissement de 1 G$ dans le secteur de la biomasse forestière résiduelle dans un premier mandat. «On va demander de soutenir la production de biocarburants» afin de remplacer les hydrocarbures par la biomasse, a-t-il plaidé.
Ce qui fond aussi, ce sont les économies des pays qui ne s’adaptent pas aux changements climatiques.
Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire et candidat dans Gouin
Une autre promesse solidaire présentée devant la CCMM: un financement de 1,5 G$ pour soutenir la filière des batteries. Gabriel Nadeau-Dubois considère que les minerais dans le sous-sol québécois doivent servir la population. Il souhaite se défaire de l’importation de batteries et exploiter les ressources minières «dans le respect des normes environnementales les plus strictes».
Fiscalité et immigration au menu
Selon Michel Leblanc, la vision de la transition écologique portée par QS pourrait être perçue par beaucoup comme une façon de dicter à tout un chacun le mode de vie qu’il faudrait adopter. GND croit qu’il s’agit plutôt d’offrir plus d’options aux citoyens pour qu’ils fassent le choix de la transition écologique et qu’ils disposent de solutions de remplacement à «l’autosolo», entre autres, propos assortis d’une flèche au projet de troisième lien de la CAQ et du PCQ.
La figure de proue solidaire a également été questionnée sur le programme fiscal de QS. Le président de la CCMM dit avoir compté 11 nouvelles taxes dans sa plateforme – «il y en a peut-être plus» – avant de demander au co-porte-parole du parti: «Ça s’arrête où?»
«Le plan fiscal de Québec solidaire ne comporte aucune augmentation du fardeau fiscal pour la classe moyenne et aucune mesure fiscale qui vise les PME. […] On a passé beaucoup de temps dans cette campagne à parler du sort des gens qui ont deux millions de dollars, et qui vont devoir payer 19,23 $ par semaine avec la mesure fiscale de Québec solidaire, et pas mal moins de temps à parler des centaines de milliers d’aînés qui arrivent à la retraite avec pas un sou dans leur poche», lui a rétorqué M. Nadeau-Dubois.
L’aspirant premier ministre n’a pas manqué de rebondir sur les propos tenus par François Legault la veille, au même endroit. «Ça affaiblit la cohésion sociale et l’identité québécoise, a-t-il lâché. [Les personnes immigrantes] nous aident à relever le défi du vieillissement. La majorité de l’immigration économique parle français, les autres veulent l’apprendre […] C’est dans la francisation en milieu de travail qu’il faut investir», estime-t-il.
Sa promesse d’accueillir 80 000 immigrants par an a, elle, été saluée par le président de la CCMM.