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La nouvelle vie de Quentin Miller, repêché par les Canadiens

Quentin Miller, ancien gardien des Braves d'Ahuntsic, a été repêché par le Canadien de Montréal. Photo: Nicolas Monet/Métro

La vie de Quentin Miller a basculé en un instant lorsque le Canadien de Montréal a causé la surprise en le sélectionnant avec le 128e choix du dernier repêchage de la Ligue nationale de hockey (LNH). Métro est allé à la rencontre du gardien de but à l’aréna d’Ahuntsic, où l’ancien des Braves a enfilé pour la première fois ses patins.

Le jeune homme de 18 ans ne paraît pas trop déstabilisé par le tsunami d’appels, de textos et de demandes qui ont afflué depuis le 29 juin dernier. «C’est un ajustement», reconnait-il. Malgré tout, la réalité de joueur espoir du Canadien est bien différente de ce qu’il imaginait lorsqu’il y rêvait plus jeune.

La gestion d’horaire pour jongler avec les entrevues, les évènements et les entraînements est un casse-tête, souligne-t-il. Les entrevues en particulier se sont révélées un défi pour le jeune homme de nature discrète. «Je me suis amélioré un peu avec l’expérience, mais au début, ce n’était vraiment pas mon fort.»

Le soir à 19h, je regardais le Canadien avec mes frères et mes parents. Là, d’être repêché par eux, c’est incroyable […]. Quand je pratiquais ici [à l’aréna d’Ahuntsic], c’était mon but ultime. Tu entends dire que seulement 1% réussissent à percer, mais moi j’y croyais.

Quentin Miller, gardien de but des Remparts de Québec, repêché par le Canadien de Montréal.

Quentin Miller revient du camp de développement des Canadiens, où il a côtoyé les meilleurs espoirs de l’organisation. Loin d’être intimidé par le bassin de joueurs talentueux de partout dans le monde dont il affrontait les tirs, il souligne tout de même que s’entraîner dans les installations d’une équipe de LNH sort de l’ordinaire.

«Le matin j’arrivais dans le gym et il y avait Nick Suzuki [capitaine du CH] qui s’entraînait, raconte-t-il. C’est assez spécial!»

La consécration d’un « late bloomer »

Quentin Miller joue sept ans à Ahuntsic avant de joindre l’équipe de son école secondaire, le Collège Notre-Dame. «Les Braves, c’est l’équipe avec laquelle j’ai grandi», estime le fier Ahuntsicois. Il joue désormais pour les Remparts de Québec, dans la Ligue de hockey junior majeure du Québec (LHJMQ).

Reste qu’il est considéré par le milieu du hockey comme un late bloomer — quelqu’un qui se développe sur le tard — n’ayant jamais joué à un niveau élite avant son année M18 AAA. Comment se fait-il que sa progression ait été aussi rapide par la suite?

« C’est quelqu’un de très intelligent. Tout ce qu’il fait est réfléchi», souligne l’entraîneur des gardiens des Remparts de Québec, Pascal Lizotte. «Il pose des questions, et quand il est en attente, il observe les autres pour répéter leur bon coup et éviter leurs erreurs.»

«Je travaille extrêmement fort», abonde Quentin Miller. Il cite en exemple un été passé chez ses cousins, il allait s’entraîner tous les jours au parc, seul. «Ils me trouvaient un peu fou, mais ça a payé, affirme-t-il. Je voulais me prouver quelque chose, me démontrer que j’étais capable.»

Quentin Miller. Nicolas Monet/Métro.

Un d’état d’esprit qu’il a conservé avec les Remparts, même si le temps de glace était plus rare, note Pascal Lizotte. Quentin Miller n’était pas le gardien numéro 1 du club. «Son attitude est exceptionnelle, estime l’entraîneur. Il a compris le concept d’équipe.»

Le gardien n’a joué aucun match pendant le parcours en séries éliminatoires des Remparts à l’issue duquel ils ont remporté le championnat canadien, la coupe Memorial. Malgré tout, il a continué à arriver plus tôt et rester plus tard après les entraînements pour passer plus de temps sur la patinoire et faire plus de séances vidéo, relate Pascal Lizotte.

Il aurait pu tirer la plogue et se dire «je suis tanné, je ne jouerai plus de toute façon, donc on recommence en août». Il n’a jamais fait ça.

Pascal Lizotte, entraîneur des gardiens des Remparts de Québec

Une personne «normale» au parcours exceptionnel

Quentin Miller a commencé à jouer au hockey vers 5 ou 6 ans, pour suivre les traces de ses frères aînés. «On jouait tout le temps au mini-hockey dans le sous-sol, et comme j’étais le plus jeune, ils me forçaient à jouer gardien», se rappelle-t-il.

«J’ai appris à aimer ça, arrêter leurs tirs et les faire chier un peu [rires]!»

Jouer dans les buts est le meilleur des deux mondes, puisqu’il aime être seul et «faire ses affaires», mais aussi faire partie d’une équipe. «J’aime ça aussi d’avoir autant de pression, de pouvoir faire la différence dans un match», rajoute-t-il.

Loin d’être unidimensionnel, l’athlète se tourne vers sa fibre artistique pour décrocher. Le joueur de guitare, de piano et de basse compose des pièces instrumentales «rap et RnB/soul». Un mini-album de huit pièces est possiblement dans les plans, révèle-t-il.

Quentin Miller, à l’aréna d’Ahuntsic. Nicolas Monet/Métro.

L’attitude de plusieurs dans son entourage à son égard a changé depuis le repêchage, reconnaît-il. «Il ne faut pas s’enfler la tête, estime le jeune homme. C’est difficile dans les moments comme ça, où je reçois autant d’attention, mais il faut garder les deux pieds sur terre.»

«Les gens vont te percevoir différemment de ce que tu es vraiment», ajoute-t-il, soulignant être la même «personne normale» qu’auparavant.

Après sa rencontre avec Métro, le jeune espoir va jouer au tennis avec son frère puis voir le plus récent Mission impossible en famille au cinéma. Une soirée normale pour quelqu’un dont le parcours est loin de l’être.

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