Commotion cérébrale: la résilience de Mathieu Auger
PATINAGE DE VITESSE. «C’est ta première commotion cérébrale?» «Non, c’est ma cinquième», corrige Mathieu Auger, un brin amusé par la surprise que cause sa réponse. Le patineur de vitesse de 18 ans ne la trouve pas drôle pour autant, sa blessure, qui a frappé plus fort que les précédentes, au point de mettre sa saison sur la glace.
Ce jour-là d’octobre dernier, «je n’ai pas chuté fort, mais je suis mal tombé», commence Mathieu Auger. Quitte pour un mal de tête, il poursuit l’entraînement. Les jours suivants, le moindre effort sur la patinoire lui cause des nausées.
Le souvenir de ses quatre commotions cérébrales lui laisse peu de doute sur la nature de sa blessure, «mais c’était plus subtil cette fois-ci», dira l’athlète de Charlesbourg. D’ailleurs, après un mois d’arrêt recommandé par les spécialistes qu’il finit par consulter, ses tests à l’effort et ses tests cognitifs confirment qu’il peut reprendre progressivement l’entraînement.
Or, «je ne me sentais pas prêt. J’avais des nausées encore», se rappelle Mathieu Auger. Peinant à suivre sur la glace, il décide de se tourner vers une autre clinique, «plus expérimentée en commotion cérébrale». Alors qu’on avait surtout traité ses douleurs physiques reliées au choc encaissé à la tête – mal de cou, nerfs coincés, perte de motricité oculaire… –, on s’attarde maintenant davantage à ses séquelles neurologiques.
«Balancer les bras en patinant, ça me stressait. Me faire flatter les bras, même, ça me stressait», donne-t-il comme exemple des symptômes ressentis. Comme si, décrira-t-il, le traumatisme crânien «avait switché à off des trucs dans mon cerveau». L’acupuncture, notamment, permettra d’y rétablir l’équilibre.
Un échelon à remonter
Finalement, sa commotion cérébrale l’aura tenu éloigné de la patinoire pendant deux mois. Ce repos forcé, l’athlète junior l’a trouvé difficile, mais il ne sait que trop bien que «si on revient trop vite, ça ralentit le processus [de guérison]». Reste qu’il n’avait pas nécessairement anticipé que le retour, aussi, serait pénible.
«J’ai perdu beaucoup de ce que j’ai appris», constate celui qui sait d’ores et déjà qu’il devra reconquérir son statut Élite lors de la prochaine saison, faute d’avoir pris part à suffisamment de compétitions pour se maintenir dans les 60 meilleurs. Un coup dur pour la motivation, admet Mathieu Auger, mais qui le conforte dans la façon dont il se voit comme athlète: «Je ne le fais pas pour les autres. Je suis en compétition d’abord avec moi; il faut que je me surpasse.»
Craint-il la prochaine commotion cérébrale? «Je n’y pense pas trop; c’est là que les accidents arrivent.» Tout de même, le danger plus grand du volet courte piste pourrait bien l’amener à mettre tous ses œufs dans le même panier du longue piste. Mais s’il y a une chose que sa commotion n’aura pas altérée, c’est bien sa passion pour le patinage de vitesse.
Conseils de Mathieu Auger en cas de commotion cérébrale
– Écouter ce que les spécialistes nous disent
– Faire les exercices recommandés
– Répondre franchement aux questions des spécialistes
Québec Hebdo