Dépoussiérer les femmes: la mission de Valérie Deschamps

Qui sont les femmes qui ont façonné l’histoire québécoise, trop souvent dans l’ombre? Saviez-vous que la femme la plus forte du monde était québécoise? Connaissez-vous Charlotte Ouellet ou encore Isabelle Montour? À travers l’histoire du Québec allant de la Nouvelle-France à aujourd’hui, les femmes ont forgé la collectivité et les communautés. 

À l’occasion des Fêtes de la Nouvelle-France, la professionnelle en histoire Valérie Deschamps parle lors d’une conférence de tout un pan de l’histoire occulté pendant des siècles: les femmes.

«Dans la mémoire collective, les héros nationaux sont masculins parce que les milieux de pouvoir étaient masculins. Pourtant il y a eu des pionnières, en économie ou encore dans le sport, que ce soit en Nouvelle-France, ou aux 19^e et 20^e siècles», explique Mme Deschamps.

Selon elle, ces héros au masculin ont été construits selon les standards de l’époque, soit ceux où les femmes devaient être soumises et confinées au foyer.

«Seulement 10% des odonymes [noms de rues] sont féminins au Québec selon des chiffres de 2018, regrette-t-elle. On va changer nos manière de rendre hommage et faire la place aux femmes dans l’histoire», mentionne-t-elle au sujet de sa conférence. 

Quelques femmes notables

Isabelle Montour est une métisse du 17^e siècle qui a par exemple joué un rôle très important dans le commerce des fourrures. Elle a aussi aidé à la diplomatie de l’époque, en aidant les Anglais à négocier avec les Premières Nations au fur et à mesure de leur occupation du territoire.

Marie Sirois est une québécoise de la fin du 19^e siècle, de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, qui fut la femme la plus forte du monde. Elle a défié le célèbre homme fort Louis Cyr, qui n’a jamais voulu l’affronter. 

Charlotte Ouellet vient du même village. Au 18^e siècle, elle a pris les armes lors de la guerre de la Conquête avec d’autres paysannes du coin. Les femmes se sont déguisé en hommes et ont attaqué des soldats britanniques pour défendre les leurs et leurs territoires. 

Groupes des «gouttes de lait»: au début du 20^e siècle, la mortalité infantile est élevée dans la province, notamment en raison de microbes dans le lait dont la conservation au froid laisse à désirer. Des infirmières et des femmes s’allient pour fonder des cliniques appelées «gouttes de lait», où les jeunes mères reçoivent des conseils sur les soins à apporter aux bébés, ainsi que du lait de vache dont la salubrité a été contrôlée pour éviter les microbes.

Redonner leur place aux femmes

Si insister sur l’histoire méconnue des femmes se fait en parlant de ces héroïnes, pour Valérie Deschamps, féministe, il est aussi important de se défaire du patriarcat. «Devant chaque grande femme, il y a toujours un homme qui lui fait de l’ombre», illustre-t-elle avec ironie.