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Moins de cours de natation et pénurie de sauveteurs : les risques liés à la baignade pourraient augmenter cet été

La fermeture des piscines au début de la pandémie de Covid-19 a privé des millions de personnes au Canada de cours de natation. Photo: iStock/BalanceFormcreative
Audrey R. Giles, Sofia Pantano, et Umerdad Khudadad - Université d’Ottawa - La Conversation

ANALYSE | Chaque année, des centaines de personnes se noient accidentellement au Canada. Le manque de cours de natation, la pénurie de sauveteurs et les changements climatiques pourraient rendre les activités aquatiques encore plus risquées cet été.

Bon nombre des facteurs de protection qui existaient auparavant — comme les cours de natation et les lieux de baignade surveillés — se font rares, alors que le temps chaud incite les gens à trouver de nouveaux endroits, souvent peu connus et dangereux, pour se rafraîchir.

La fermeture des piscines au début de la pandémie de Covid-19 a privé des millions de personnes au Canada de cours de natation. Maintenant que les installations sont ouvertes dans tout le pays, les parents ont beaucoup de mal à inscrire leurs enfants aux cours qui sont offerts.

En conséquence, de nombreux parents s’inquiètent, craignant que leurs enfants n’acquièrent pas les compétences nécessaires pour être en sécurité dans l’eau, sur l’eau ou près de l’eau. Bien que nous n’ayons pas de données similaires au Canada, il est intéressant de savoir qu’une enquête menée en Australie a révélé que 55 % des parents ont signalé une baisse des habiletés en natation de leurs enfants de 2019 à 2021.

Cours et sauveteurs

Certaines études indiquent que les cours de natation peuvent jouer un rôle important dans la protection des enfants contre la noyade. Cependant, les données relatives à l’efficacité des cours dans la prévention des noyades ne sont pas suffisamment solides.

Les personnes qui savent nager peuvent surestimer leurs aptitudes et s’aventurer dans des endroits risqués, s’exposant ainsi à des conditions dangereuses. Alors que l’on s’inquiète du manque de cours de natation au Canada, on a tendance à sous-estimer les risques de la baignade dans des zones sans surveillance.

Au Canada, moins d’un pour cent des noyades se produisent dans des endroits surveillés par des moniteurs de natation ou des sauveteurs. Cependant, ces lieux sont actuellement en quantité insuffisante. Lorsque la Covid-19 a contraint la fermeture des piscines et des plages, cela a entraîné l’arrêt des cours de formation et de certification des sauveteurs.

La Société de sauvetage canadienne a indiqué que, en 2020, il y avait 60 % de candidats en moins pour les formations en sauvetage et en surveillance aquatique et un cinquième du nombre habituel de candidats à la formation de moniteur de natation.

Le manque de sauveteurs et de moniteurs de natation s’est répercuté sur les années suivantes. Il y a beaucoup moins de personnes qui travaillent dans le secteur aquatique qu’avant la pandémie. Dans l’ensemble du Canada, le ratio chômeurs-postes vacants est à un niveau historiquement bas, ce qui aggrave le déficit de sauveteurs et de moniteurs de natation.

Dans certaines régions, d’anciens travailleurs du secteur aquatique ont accepté d’autres emplois qui exigent moins de responsabilités et une formation moins coûteuse.

La pénurie de personnel dans le secteur aquatique est telle que le gouvernement de l’Ontario envisage de réviser s aLoi sur la protection et la promotion de la santéafin d’abaisser l’âge minimum des sauveteurs de 16 à 15 ans. Certaines municipalités proposent de payer la formation pour devenir sauveteur et offrent des incitations, comme des cartes-cadeaux de Starbucks, aux personnes qui acceptent des quarts de travail.

Baignade dangereuse

Pendant qu’on réduit les heures de surveillance des plages et des piscines en raison du manque de personnel et que le climat se réchauffe, de plus en plus de personnes se cherchent des endroits non surveillés où se rafraîchir. Cela pourrait avoir des conséquences tragiques.

Quand on se baigne dans un lieu qu’on ne connaît pas, on n’a souvent pas conscience des dangers cachés, tels que des tombants ou des rochers, ou encore des courants d’arrachement. Ces éléments ne sont pas toujours signalés dans les zones non surveillées. L’eau froide peut aussi constituer un risque, même pendant les vagues de chaleur estivales.

Le secteur aquatique compte beaucoup moins de travailleurs qu’avant la pandémie. (Shutterstock)

Même les bons nageurs auront du mal à nager dans de l’eau froide en raison de réactions physiologiques. Entrer dans de l’eau froide peut causer un état de choc, qui engendre de l’hyperventilation. Si les voies respiratoires sont sous l’eau au moment où on hyperventile, on risque d’inhaler de l’eau, ce qui peut entraîner la noyade. Il est donc extrêmement important de porter un gilet de sauvetage pour que les voies respiratoires restent hors de l’eau.

Si on survit à la phase de choc, on risque de souffrir d’une perte de motricité due au froid, qui se déclare lorsque les muscles et les nerfs se refroidissent. Cela peut causer un épuisement à la nage, lorsqu’il devient impossible de garder la tête hors de l’eau. Là encore, le port d’un gilet de sauvetage peut jouer un rôle déterminant dans la survie, car il permet de rester à flot et d’atteindre un endroit sûr.

L’hypothermie survient lorsque la température du corps descend en dessous de 35 °C, ce qui prend généralement au moins 30 minutes, mais cela dépend de la température de l’eau et de la masse corporelle. Une personne souffrant d’hypothermie peut perdre connaissance. Si elle porte un gilet de sauvetage, elle continuera à flotter.

Si les Canadiens sont confrontés à un risque accru d’accidents aquatiques, il existe des moyens de gérer ce risque. D’abord, il vaut mieux nager dans des zones surveillées. Il est aussi recommandé de porter un gilet de sauvetage en bateau, surtout dans des eaux froides ou qu’on ne connaît pas, ou encore, si on n’est pas un bon nageur. Ensuite, on devrait toujours nager avec quelqu’un. Finalement, on devrait s’assurer de rester à portée de main des enfants.

Si vous êtes l’adulte chargé de surveiller des personnes qui se baignent, rangez tout appareil qui pourrait vous distraire et concentrez-vous sur ce qui se passe dans l’eau. Le respect de ces pratiques vous aidera à assurer la sécurité de vos proches cet été.

Audrey R. Giles, Professor in Human Kinetics, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa; Sofia Pantano, Masters Student, Human Kinetics, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa et Umerdad Khudadad, PhD Student, School of Human Kinetics, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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