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Thanatologie: quand un métier devient une vocation

Devenue plus expéditive, la société actuelle consacrerait moins de temps aux cérémonies funéraires. Photo: Noah Silliman

Depuis plus de 15 ans, Catherine Caron est thanatologue à la Coopérative funéraire des deux rives de Charlesbourg. Un métier aussi méconnu qu’essentiel. 

Mais comment devient-on thanatologue? «Je pense que c’est la question que l’on me pose sans arrêt, répond-elle en riant. Dès mon adolescence, j’étais intéressée par la chirurgie, la biologie et j’étais aussi férue d’émissions policières. Ce monde me fascinait.» Par la suite, c’est lors d’une journée de présentation des métiers en demande qu’elle découvre le métier d’embaumeur. «Ça a été une révélation, il englobait tellement de choses qui m’intéressaient, c’était le métier idéal pour moi. Ça s’est mis sur mon chemin et j’en suis très heureuse», se remémore celle qui s’est formée à Montréal.

Un métier pluridisciplinaire

Le métier de thanatologue regroupe plusieurs disciplines. «On apprend à être conseiller aux familles, thanatopracteurs, à connaître la crémation, à pouvoir renseigner les gens sur les cercueils, à diriger des funérailles», détaille-t-elle. Patience, écoute, respect du rythme des familles et gestion des émotions vives composent le quotidien de ces spécialistes de la mort. 

Passionnée par son travail, c’est la relation d’accompagnement avec la famille qu’elle affectionne particulièrement. «J’aime cette relation d’aide, le volet cérémonial, le respect de la personne décédée. Il faut aussi trouver des célébrations qui lui correspondent, qui soient à son image. Nous avons un rôle important pour les gens dans un moment particulièrement difficile. On peut faire une grande différence pour eux, c’est un aspect qui m’apporte beaucoup.»

Finalement, le thanatologue accompagne tant les personnes qui restent que la personne décédée. «Embaumer un défunt, c’est lui redonner l’apparence que la famille a connue. On est très satisfait lorsque l’on prépare les gens, que l’on sait que l’on a fait un bon travail et que la famille va être contente du résultat», explique la spécialiste. 

Je suis à l’aise avec la mort. Nous avons une certaine ouverture en famille pour en parler, notamment grâce à mon métier. Mes filles ont la chance d’être confrontées à ce sujet qui est habituellement tabou, ça amène des conversations de famille intéressantes.

Catherine Caron, Thanatologue 

Une société de plus en plus expéditive 

Confronté à l’humain dans l’un des pires moments de sa vie, le thanatologue est un témoin privilégié de notre société et de son évolution. «À l’époque, lorsqu’une personne décédait, les gens arrêtaient tout pour ses funérailles. À présent, c’est le contraire, c’est expéditif», constate Catherine Caron.

Est-ce par pudeur ou manque de temps? La conseillère estime que la majorité des gens souhaitent passer à autre chose rapidement et que la mort est devenue un fait à régler. «L’aspect plus solennel des funérailles a été perdu selon moi, tranche-t-elle. Les cérémonies se déroulent sur une journée. Tout va vite. On est dans le tourbillon de la vie et l’attention portée aux funérailles n’a plus la même place. Avant on pouvait voir des cérémonies sur trois jours avec beaucoup de solidarité, ce n’est plus ça du tout.»

La thanatologue explique que la découverte du métier d’embaumeur a été pour elle une véritable révélation. / Photo: Gracieuseté Catherine Caron

La distance comme protection 

Pour exercer ce métier si particulier et ne pas se faire submerger par ses situations complexes, il est nécessaire de savoir prendre de la distance. «Nous sommes beaucoup dans une relation d’aide, mais il ne faut pas s’attacher, il faut mettre en place une barrière.» Une distance qui ne l’empêche pas d’être parfois davantage touchée par certaines situations. «Il existe des dossiers plus difficiles, plus prenants, confie-t-elle en évoquant les décès de jeunes enfants ou les suicides. On a parfois les yeux dans l’eau, ça arrive. On ne peut pas être complètement insensible.» 

À ce titre, Catherine Caron rappelle que ce métier comporte son lot de défis et doit être une vocation. «C’est un métier très valorisant, qui apporte beaucoup. On est fait pour ce métier ou pas. Ça ne se force pas.» 

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