Nadia Laliberté aborde l’intimidation de façon ludique
Dénoncé régulièrement, le fléau de l’intimidation chez les jeunes ne date pas d’hier. S’il a profité d’une pause relative durant le confinement forcé par la pandémie, il a repris avec le retour en classe et continue de faire des ravages. C’est pourquoi le travail de sensibilisation, initié il y a quelques années par la résidente de Québec Nadia Laliberté, garde tout son sens encore en 2023.
En effet, les petites victimes silencieuses ne savent pas vraiment comment réagir devant des comportements gratuits de dénigrement, de harcèlement et de mépris à leur endroit. Peu expérimentés en matière de relations humaines complexes et encore moins en règlement de conflit, les enfants ont le réflexe de se réfugier dans le silence. Or, l’espoir que les choses se replacent d’elles-mêmes s’avère souvent déçu. Si bien que le manège s’éternise et la situation s’envenime, au point de conduire à la perte d’estime de soi, voire à des troubles de personnalité.
C’est pour éviter la spirale néfaste vers un tel engrenage que Nadia Laliberté a senti le besoin d’agir. En se basant sur son vécu d’élève intimidée dans son enfance, la conceptrice a développé son projet baptisé Le Respect mutuel. Cette plateforme Internet aborde l’intimidation avec des mots simples, en recourant au support de la bande dessinée. Une série de thèmes sont couverts par des personnages ludiques qui contribuent à démystifier le phénomène.
«En plein développement de leur individualité, les jeunes de 5 à 12 ans sont paniqués lorsqu’ils sont humiliés et ridiculisés par des copains à l’école ou dans le parc. Pour eux, leur petit monde s’effondre et ils veulent sortir de ce chaos. Hélas, la colère se fait rarement bonne conseillère, alors que la fuite s’avère une solution temporaire. Pour résoudre le problème efficacement, il faut d’abord savoir identifier les comportements d’abus. Ensuite, on pourra mettre en pratique certaines techniques éprouvées», souligne celle qui anime également des conférences sur le sujet en milieu scolaire.
Soutenir par la BD et la vidéo
Dans son projet, Nadia Laliberté met à profit tant son expérience personnelle que ses connaissances. La détentrice d’un baccalauréat multidisciplinaire de l’Université Laval en Éducation, Pastorale et Théologie compte également sur la collaboration d’experts en pédagogie et en psychologie. Ainsi, Le Respect mutuel se veut une ressource de sensibilisation à l’intimidation, qui propose des outils pour savoir quoi faire lorsqu’on en subit.
«Les méthodes suggérées sont pacifiques. Elles cherchent à bâtir de meilleures relations avec les nouveaux amis et, surtout, les anciens intimidateurs. En désamorçant tôt un conflit potentiel, on évite que la crise dégénère. C’est justement pour se libérer de ce genre d’emprise malsaine que j’ai créé ma série de BD et de vidéos ludiques. Présentes sur YouTube, certaines dépassent les 25 000 visionnements à ce jour. Ça donne confiance que le fléau se résorbe», confie leur idéatrice.
Je veux aider, encourager et sensibiliser à l’intimidation. C’est un message que je souhaite partager autant avec les jeunes victimes que ceux qui intimident.
Nadia Laliberté, conceptrice du projet de lutte à l’intimidation lerespectmutuel.ca
Ajout de nouveaux chapitres
Amorcé en 2016, son travail de sensibilisation se poursuit sans relâche. En plus de rejoindre des centaines d’élèves ainsi que leurs enseignants, éducateurs et intervenants en milieu scolaire, elle entend bonifier ses publications animées. «Afin de contrer le phénomène chez les jeunes qui intimident dès le début de l’enfance, mes prochaines vidéos s’adresseront spécifiquement aux groupes d’enfants de 5 à 7 ans et de 7 à 9 ans. On s’aperçoit que comme pour la plupart des aspects qui construisent une personnalité, c’est en bas âge qu’ils s’acquièrent.»
De l’avis de Nadia Laliberté, le salut passe par la transmission d’outils aux jeunes, pour savoir mieux développer leur estime de soi et s’affirmer lors de situations d’intimidation. À cet égard, le défi s’annonce colossal, car la source du mal sévit à la grandeur du globe et une nouvelle cohorte arrive chaque année.