Élever la reine des volailles: partir de rien pour créer son rêve
Natacha Jobin et son conjoint Simon Brousseau ont démarré le projet de la ferme Québec-Oies en 2004 à partir d’absolument rien sauf un rêve commun. Près de 20 ans plus tard, le ferme de Saint-Tite-des-Caps est florissante.
C’est au cours de ses études en biologie que Simon s’est spécialisé dans le domaine des oiseaux aquatiques migrateurs. Lorsqu’il a rencontré Natacha, alors qu’ils travaillaient tous les deux au Mont-Sainte-Anne, il élevait déjà des cailles chez lui dans le but de les manger. «Donc le choix d’élever des oies, c’est venu de sa passion à lui, mais aussi de mon rêve à moi de vivre sur une ferme», raconte Natacha Jobin.
En 2004 ils ont commencé par acheter une centaine d’oies d’un éleveur pour les transformer en pâtés, terrines et autres aliments. La clientèle s’est tout de suite intéressée à leurs produits. À cette époque, ils avaient loué une terre à Saint-Ferréol et cuisinaient les oies dans les cuisines du Mont-Sainte-Anne qui les leur prêtait gracieusement quand la station fermait le soir. «C’est David Ruel, le chef actuel des Trois Becs, qui était à cette époque notre collègue de travail, qui nous a appris à créer les bases de nos recettes. À partir de là, on a pu développer nos propres recettes selon nos goûts.»
Pour permettre à leur entreprise de grandir, ils ont acheté un duplex à Saint-Ferréol, dans lequel ils ont installé une cuisine de transformation et une boutique au premier étage alors qu’ils habitaient au deuxième. «Nous sommes vraiment partis de rien, nous avions 0$, raconte Natacha en riant. Donc ce duplex a été notre premier gros investissement pour notre projet avec l’appui du CLD, la Financière agricole et la Sociétés d’aide au développement des collectivités(SADC).»
Cette période a été très difficile selon elle. «Notre vision des choses était par contre très solide, c’est ce qui nous a permis de convaincre ceux qui nous ont apporté du financement. On a vraiment construit ce projet étape par étape.»
En 2008, ils ont finalement acheté la terre à Saint-Tite-des-Caps sur laquelle ils ont rénové et aménagé la grange et investi pour une autre cuisine puisque celle de Saint-Ferréol ne suffisait plus. Le kiosque à la ferme a vu le jour en 2013. «C’est le fun, les gens viennent sur place et voient les oies dehors en été et l’hiver on a une clientèle de skieurs qui viennent s’approvisionner», s’enthousiasme la copropriétaire.
On fait la reproduction des oies nous-mêmes. Elles pondent au printemps seulement et il faut les élever dehors durant 4 mois. À l’automne vient le temps du gavage et de l’abattage. Et pendant l’hiver on cuisine.
Natacha Jobin
Demande locale en croissance
Avec la pandémie, de façon surprenante, la demande sur place s’est accentuée. On a donc délaissé le Grand marché de Québec où on était à l’année, ce qui nous a permis de réduire nos effectifs et de garder une mise en marché de proximité. J’aime mieux moins produire, avoir un moins gros chiffre d’affaires, mais un meilleur revenu et avoir moins de problèmes de main-d’œuvre», explique-t-elle.
Leur vision à long terme d’accueillir les gens sur place a toujours été très forte. Ils ont donc l’intention de développer d’autres idées pour que les gens puissent rester plus longtemps à la ferme. «On a plein de projets dont le principal devrait naitre cet été: on veut utiliser notre terrasse couverte et offrir aux clients des vins qui se marient bien avec nos produits à déguster sur place. En automne, on pourrait servir des pâtés à l’oie et des cassoulets avec un bon vin rouge. On veut par contre garder ça simple sans devenir un resto avec service aux tables», annonce l’entrepreneure qui a hâte de démarrer ce nouveau projet.
Québec-Oies est devenu une histoire de famille avec les trois enfants du couple qui mettent maintenant la main à la pâte. Leur fille ainée qui a presque 17 ans travaille dans la boutique, leur garçon de 15 ans s’occupe de l’entretien et des travaux manuels alors que la cadette, 10 ans, est en fusion avec les animaux.
Aujourd’hui, la famille élève 1500 oies et emploie 8 à 10 personnes par année. Leurs oies sont gavées au maïs entier naturel du Québec et élevées sans antibiotiques, ce qui donne une qualité supérieure au foie gras, selon Natacha Jobin.
Un gavage naturel
Contrairement aux croyances, le gavage n’est pas forcé chez les oies alors qu’il l’est chez le canard. Les oies sont des oiseaux migrateurs qui s’autogavent dans la nature avant de parcourir de grandes distances. L’oie a donc la capacité physiologique de se gaver et de garder les gras dans son foie. «On reproduit dans le fond ce qu’ils font dans la nature. Elles ne souffrent pas par ce procédé. Les oies se portent très bien. C’est vraiment notre façon de les élever et de les manipuler qui fait la différence. Comme les oies sont des animaux très nerveux, les toucher dès leur jeune âge les rend plus calmes. On voit d’ailleurs la différence depuis quelques années parce que notre plus jeune fille passe beaucoup de temps dans leur enclos.»
Les produits sont vendus sur place, à Saint-Tite-des-Caps. Ouvert du mercredi au dimanche de 9h à 17h, ouvert tous les jours à partir du 1er juillet.