Il y a des services dont on entend peu parler, mais qui sont d’une valeur inestimable pour les clientèles qu’elles desservent. La classe d’intégration sociale et de cuisine-repas de l’enseignante Nancy Houle, qui s’adresse à des élèves adultes présentant une déficience intellectuelle, fait certainement partie de ces services humains qui font du bien au cœur et que l’on se doit d’encourager et de faire connaitre. Plongeon au cœur d’une expérience d’apprentissage pas comme les autres.
C’est avec chaleur que l’auteure de ces lignes a été accueillie par les élèves de Nancy Houle, enseignante en intégration sociale au Centre de la Côte-de-Beaupré de Beaupré. Malgré le fait qu’ils vivent tous avec une problématique en santé mentale, ils étaient tous clairement heureux d’être présents ce jour-là et fiers de ce qu’ils réussissent à accomplir chaque jour avec l’aide remplie de compassion de leur enseignante qui a créé avec eux au fil du temps un lien de confiance.
«La classe a lieu trois jours par semaine. On y instaure une routine sécurisante. Avec la cuisine-repas, on encourage les recettes santé, les portions de fruits et légumes, on essaie de nouveaux aliments. On apprend à suivre les étapes, à reconnaitre les ingrédients, à faire notre liste d’épicerie, à calculer, on prépare notre table, on fait la vaisselle. Donc l’idée c’est de les aider à développer leur autonomie à travers diverses petites tâches», explique l’enseignante. «Quand on partage le repas que l’on a cuisiné tous ensemble, tout le monde se sent valorisé et le lien entre tous devient comme une petite famille.»
«Toutes les tâches et compétences que l’on apprend ici sont transférables à la maison.»
Nancy Houle, enseignante
Ouverte à tous, pourvu qu’ils soient un minimum autonomes, la classe est financée par le ministère de l’Éducation. Parmi les huit élèves réguliers, certains arrivent à lire et d’autres pas, donc l’entraide et la patience sont au rendez-vous. Avec les différentes activités de cuisine et éducationnelles, les étudiants apprennent à décoder des mots, et à garder leurs acquis en lecture, en mathématiques et en écriture en passant par des projets divers comme cultiver des légumes par exemple. Mais ils apprennent surtout à mieux comprendre leur environnement dans le but de soutenir leur autonomie au meilleur de leurs capacités individuelles.
«Moi j’ai commencé cette classe parce que j’aimerais un jour peut-être vivre en appartement et même avoir un petit travail et gagner des sous. Mais là au moins ça me fait sortir de ma chambre et je vois d’autre monde. C’est intéressant», exprime Dominique, qui répètera plusieurs fois au cours de l’entrevue son bonheur d’avoir la chance de participer à cette classe.
La ville de Beaupré a d’ailleurs subventionné la classe en octroyant 500$ récemment, ce qui a permis à la classe-repas de se poursuivre. À l’aide de divers partenariats avec d’autres organismes, différents projets de financement naissent de cette initiative, par exemple, la fabrication d’allume-feu, d’emballages alimentaires écologiques et de chandelles pour le Marché de Noël. «On aide aussi le service communautaire, par exemple la halte-garderie, où les élèves désinfectent les jouets. Le but c’est de créer des opportunités d’intégration et d’acception des différences. Chaque petite réussite est valorisante pour eux. Le but c’est qu’ils soient bien quand ils viennent à l’école. Ils ont aussi chacun leurs défis, parfois ils ont besoin de parler ou d’évacuer des émotions. Et malgré leurs différences ils s’entendent bien entre eux.»
Le centre de la Côte-de-Beaupré offre de la formation générale aux adultes qui veulent finir leur secondaire. La classe est donc intégrée dans la même école, ce qui peut donner lieu parfois à des rencontres au tour d’un casse-tête entre les étudiants réguliers et ceux de la classe d’intégration sociale. «On est dans le non jugement, dans une philosophie d’intégration et d’acceptation des différences. C’est notre mission éducative», termine l’enseignante, de toute évidence sur son X, et appréciée de ses élèves.