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Des framboises d’ici à l’épicerie?

Les frères Daniel et Guy Pouliot forment la 11e génération familiale d'agriculteurs. Ils ont repris les rênes de l'entreprise en 2001 des mains de leur père, Onésime Pouliot. /Photo gracieuseté Photo:

AGRICULTURE. Les framboises québécoises se feront de plus en plus abondantes dans les supermarchés de la province au cours des prochaines années. C’est l’avis de Guy Pouliot, copropriétaire de la ferme Onésime Pouliot, qui travaille avec une nouvelle technique: la culture hors sol.

L’industrie de la framboise provinciale est bien implantée chez les amateurs d’autocueillette et dans les marchés publics, mais peine à se frayer un chemin dans les rayons des grandes surfaces.

«C’est la Californie qui contrôle le marché 12 mois par année, mais on est en train de les tasser tranquillement, grâce à de nouvelles méthodes que l’on a développées chez nous» affirme M. Pouliot.

Combattre le froid

Les aléas de l’hiver limitent considérablement l’exploitation de la terre au sens traditionnel du terme, puisque la framboise ne se conserve que pour une courte période après sa récolte, même dans les meilleures conditions.

Pour contourner cet enjeu de taille, la Ferme Onésime Pouliot a décidé de sortir des sentiers battus: elle se tourne désormais vers la culture hors sol. Cette technique consiste à planter les framboisiers dans des pots en utilisant la fibre de noix de coco comme substrat, pour éviter les maladies que l’on trouve dans la terre.

«Comme ça, on peut conserver nos plants tout l’hiver sans problème sous des abris géotextiles dans les champs ou en les entreposant dans un réfrigérateur à -1 degré, explique M. Pouliot. On peut alors sortir les framboisiers progressivement au printemps pour décaler le moment où les fruits seront prêts à être récoltés.»

Au cours de leur première année de croissance, les framboisiers en technique hors sol sont plantés dans des pots d’environ deux litres remplis de fibre de noix de coco, afin d’éviter les maladies qui peuvent se loger dans la terre traditionnelle. /Photo gracieuseté

Cette technique très répandue en Europe augmente considérablement le rendement des producteurs, puisqu’elle maximise la durée de vie des fruits en plus d’étirer la saison des récoltes de plusieurs semaines.

«On s’est inspirés de la technique hollandaise pour ce qui est de la culture elle-même, mais on a bien évidemment dû apporter quelques modifications pour la conservation, étant donné que chez eux, l’hiver est plus doux et plus court», constate l’agriculteur de l’Île d’Orléans.

Cette manière de produire des framboises en plus grandes quantités requiert beaucoup de main-d’œuvre. Celle-ci est souvent originaire du Mexique et la Ferme Onésime Pouliot se fait une fierté de les accueillir dans les meilleures conditions, encore plus en période de pandémie.

D’après Guy Pouliot, les travailleurs étrangers respectaient scrupuleusement les mesures sanitaires imposées par le gouvernement l’été dernier et il s’attend à la même chose cette année.

«Ces gens-là, on les connait, plusieurs reviennent année après année et ils sont ici pour faire de l’argent, pas pour aller visiter le Petit-Champlain. Ils ont besoin de sous pour nourrir leurs familles et veulent à tout prix éviter de tomber malade ou de manquer du travail», affirme-t-il avec assurance.

Tradition et innovation

Le 26 mars dernier, la Ferme Onésime Pouliot a fêté ses 20 ans d’opération en tant qu’entreprise incorporée. Cependant, les frères Daniel et Guy Pouliot forment la 11e génération d’entrepreneurs agricoles de leur famille, la septième sur cette terre à Saint-Jean-de-l’île-d’Orléans.

Les dix dernières années ont marqué un véritable tournant à la ferme, qui s’est entre autres dotée d’un département de recherche et développement. «C’est vraiment cet ajout-là qui a fait la différence pour nous dernièrement, c’est grâce à l’équipe de recherche qu’on a pu élargir notre champ d’expertise, ils travaillent très fort et ça rapporte», conclut M. Pouliot.

«C’est une fierté de voir à quel point on réussit à perpétuer la tradition depuis très longtemps. Ça impressionne beaucoup nos visiteurs qui viennent de Californie ou de l’Ouest canadien, étant donné que l’occupation du territoire s’est faite beaucoup plus tard là-bas.» – Guy Pouliot

Durant la saison des récoltes, la Ferme Onésime Pouliot emploie environ 250 travailleurs étrangers, provenant pour la plupart du Mexique. /Photo gracieuseté

Québec Hebdo

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