Santé mentale des tout-petits
SANTÉ MENTALE. Le couple formé de Marina Siffredi et son conjoint Christian, arrivés d’Argentine il y a 8 ans, a deux enfants qui vivent des difficultés en lien avec la santé mentale. Au quotidien, c’est toute l’organisation familiale qui est revue pour assurer un bien-être et une stabilité à leur progéniture.
Arrivés au Québec en 2011, le couple a amené avec eux leur fils aîné, Simon, maintenant âgé de 10 ans, diagnostiqué TSA (atteint du Trouble du spectre de l’autisme) depuis ses 4 ans et demi. Ensuite est né Benjamin, âgé de quatre ans, qui est présentement en évaluation dans l’attente d’un diagnostic.
Un contexte trompeur
Comme Marina et son conjoint sont des immigrants de langue espagnole, que leur fils a changé drastiquement d’environnement, les spécialistes ont d’abord cru que l’aîné avait du mal à s’adapter aux changements. De plus, il ne rentrait pas dans tous les critères facilement identifiables pour établir le diagnostic. «Mais quand on l’a eu, pour nous ça a été un soulagement. On a pu se faire aider et savoir quoi faire. On se doutait depuis qu’il avait 13 mois qu’il avait quelque chose qui n’allait pas. Il était hypoactif, il ne supportait pas de se salir lorsqu’il mangeait et ne parlait pas», raconte sa mère. Mais moi l’autisme, je ne connaissais pas du tout ça, c’était le film <@Ri>Rainman<@$p>, et c’est tout», a-t-elle admis. Benjamin, lui, présente des difficultés d’ordre différent. «Lui, c’est plus sensoriel, il ne supportait pas la lumière sur lui quand il était bébé par exemple, tout comme l’eau. Se laver les mains est un problème pour lui. Il a également des troubles de langage».
Marine Siffredi rappelle qu’il existe autant de sortes d’autisme qu’il y a de personnalités et que le trouble se présente sous différents aspects. Elle s’attend donc à ce que son 2e garçon reçoive un diagnostic similaire malgré les différences avec son frère.
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Les défis
«C’est exigeant d’être parent d’un enfant autiste. On vit des montagnes russes. De petites choses qui ne sont pas habituelles peuvent lui faire vivre une crise. Par exemple, si on a oublié la tranche de fromage dans son sandwich, ça peut le bloquer complètement et le désorganiser. Notre vie est donc pleine de rituels très rigides auxquels on ne doit jamais déroger. Des fois, on oublie, on veut faire des surprises, aller manger une crème glacée. Mais après on s’en veut car ça les déstructure trop. Ya jamais rien qui roule tout seul, sortir n’est pas facile non plus mais on le fait et on se donne le droit à l’erreur. On est chanceux car on n’est pas trop isolé malgré le manque de réseau», confie la maman.
Mme Siffredi souffre du fait que son fils a du mal avec son intégration à l’école, qu’il se fait intimider et vit du harcèlement. «Plus il vieillit, plus on voit les différences», rapporte-t-elle. Elle aimerait que les enfants différents soient mieux acceptés au quotidien. «Mon fils a deux amis autistes. Il aimerait tellement avoir un ami qui ne le soit pas, mais il n’y arrive pas, à cause de sa rigidité et ça le rend triste», explique la mère de celui qui va dans une classe régulière de 4e année.
La différence comme un plus
Malgré toutes ces difficultés, les garçons vont mieux et Marina Siffredi est reconnaissante de l’aide offerte à l’école et au CPE. L’organisme Le Petit Répit vient également donner un coup de main régulièrement au couple pour qu’il souffle un peu tandis qu’une éducatrice s’occupe des enfants. «Tout ce qui a été mis en place et se met en place, ça donne des résultats», fait-elle valoir. Pour elle, les différences chez ses enfants permettent d’être plus ouverte, de ne pas juger le monde, d’avoir une meilleure vision de la vie.
Favoriser le bien-être mental des petits
Pour la résidente du quartier Montcalm, la clé, c’est l’acceptation de la différence par le parent d’abord. «Il faut respecter leur rythme, suivre leurs intérêts. Simon adore les animaux, il en parle sans arrêt. Nous allons régulièrement au zoo, à l’Aquarium». Ensuite, elle croit que les stimulations en bas-âge, comme les salles de psychomotricité et les stimulations sensorielles dont ses deux garçons ont bénéficié dans un CPE sont la clé pour commencer à travailler les difficultés de ces enfants.
«Ça fait deux ans que Simon parle du fait qu’il est autiste. Quand on s’en parle tous les deux, je lui parle d’abord du positif, des super pouvoirs de l’autisme. Mais il connaît aussi ses difficultés, ses limites. Il lui arrive de me dire qu’il ne peut plus contrôler son corps», indique sa mère.
«Pour moi, l’autisme, c’était Rainman et c’est tout»-Marina Siffredi