Des câlins pour chasser le cancer
SANTÉ. Samedi, la population de Québec a reçu des câlins par centaines grâce à la première édition de la Grande câlinothérapie contre le cancer. Menée par l’Organisation québécoise des personnes atteintes de cancer (OQPAC) et ses bénévoles, l’initiative a pris la forme d’une marche symbolique balisée par huit stations sous le signe de l’accolade, érigées le long d’un parcours de 15 kilomètres reliant six hôpitaux de la ville.
«Le cancer isole», posera d’emblée le président-directeur général de l’OQPAC, Martin Côté. Avec la chimiothérapie qui affaiblit le système immunitaire, les contacts physiques se font rares. Lorsque cessent les traitements, «c’est difficile de se réapproprier son intimité, ce contact avec les autres», fait-il valoir.
Aussi est-ce pour sensibiliser les gens à cette réalité méconnue du post-traitements que l’OQPAC a généreusement distribué des accolades, samedi, lors de cette première édition de la Grande câlinothérapie qui s’est mise en branle sur le coup de 9h, au départ de l’hôpital Laval. Sur le terrain, plus d’une vingtaine de participants en marche ou postés à l’une ou l’autre des stations réparties le long du trajet, qui devait s’achever dans un gros câlin collectif à 15h, au parc Cartier-Brébeuf.
Au coin de la rue Myrand, les «voulez-vous un câlin?» de la bénévole Sophie Quemeneur ont reçu en retour nombre de confidences. «Le cancer touche tout le monde», de près ou de loin, observe-t-elle. Au Québec, plus de deux personnes sur cinq vivront avec cette maladie dont le taux de survie est aujourd’hui de 65%. Pour ces rescapés, la vie ne sera plus la même. Les câlins non plus: ils gagneront en signification.
Une histoire vraie
La présidente du conseil d’administration de l’OQPAC, Annie Falardeau, en sait quelque chose. «Il n’y a pas de bons mots quand tu reçois un diagnostic de cancer. Un câlin, ça fait le travail, ça fait du bien», estime celle dont les ganglions ont été pris en otage par une tumeur, à 18 ans. Cinq ans plus tard, après avoir remis sa santé entre les mains expertes des équipes médicales, elle est à quelques mois d’une rémission complète. Mais l’histoire n’est pas finie pour autant, et le besoin de câlins n’est pas nécessairement moins vif.
«Le post-traitements, on n’est pas préparé à ça, avoue-t-elle. C’est difficile de recommencer à vivre normalement, de se réapproprier son quotidien.» C’est là où intervient un organisme comme l’OQPAC, qui offre un programme post-traitements pour aider les personnes à reprendre la vie là où elles l’ont laissée avec l’annonce du diagnostic. En collaboration avec le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec, nutritionniste, kinésiologue, infirmière, travailleur social et accompagnateur psychosocial les accompagnent dans ce difficile retour à soi.
Les participants à la marche symbolique n’auront pas manqué de parler de ce programme à la population câlinée. Car l’initiative visait également à ramasser des sous pour en assurer la poursuite. Annie Falardeau en ressent encore les bienfaits, habitée par la chaleur humaine que lui aura procurée l’OQPAC.
Québec Hebdo