Cote-de-Beaupré– I.O.

Urgences des hôpitaux: s’inspirer des meilleurs pour s’améliorer

SANTÉ. «L’attente à l’urgence n’est pas une fatalité», soutient le commissaire à la santé et au bien-être qui, jeudi, déposait son étude comparative des urgences du Québec. Au cours des 14 mois qu’auront duré les démarches, Robert Salois a relevé certains modèles plus performants que d’autres, dont celui de l’Hôtel-Dieu de Lévis; il s’en est inspiré pour dresser une liste de neuf pratiques exemplaires à mettre en œuvre à court terme pour améliorer la situation dans les urgences.

À l’Hôtel-Dieu de Québec, 7 patients sur 10 qui se présentent à l’urgence auraient plutôt dû consulter leur médecin de famille, leur cas ne nécessitant pas une assistance immédiate. À Saint-François-d’Assise comme à l’Enfant-Jésus, le séjour moyen à l’urgence des patients hospitalisés sur civière est de 30,5h quand la norme devrait être de 12h, juge le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Au Centre hospitalier de l’Université Laval (CHUL), on attend en moyenne près de deux heures (107,7min) avant d’être pris en charge par un médecin.

C’est là un délai somme toute raisonnable quand on constate que les attentes de plus de 5h à l’urgence semblent être devenues la norme au Québec (35%) alors qu’ailleurs, comme aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, c’est l’exception (5%). En fait, la Belle Province affiche le rendement le plus défavorable parmi l’ensemble du pays, où 19% endurent ce temps d’attente prolongé.

Mais, dira Robert Salois, «l’idée du rapport n’était pas de faire un palmarès, mais d’apprendre des meilleurs». Si les grandes variations entre les performances des hôpitaux ont de quoi préoccuper le commissaire, elles ont en contrepartie le mérite de montrer la voie à suivre.

Apprendre des meilleurs

Aussi, parmi les 113 établissements évalués, M. Salois en a ciblé une vingtaine qui ont une longueur d’avance dont, chacun dans leur créneau respectif, l’Hôtel-Dieu de Lévis et le Centre Paul-Gilbert – Centre d’hébergement de Charny. Leur recette? La performance de l’urgence est traitée comme une priorité, les médecins et les infirmières collaborent de façon exemplaire, et des mécanismes d’arrimage sont mis en place avec les cliniques de première ligne, notamment.

De ces modèles qui ont fait leurs preuves, Robert Salois a donc décliné neuf recommandations afin d’améliorer l’accès à la première ligne de soins et services (les médecins de famille), d’optimiser les ressources et les processus au sein de l’urgence et de l’hôpital, et de favoriser une culture de l’excellence. Ces actions à entreprendre se trouvent déjà entre les mains des dirigeants du réseau hospitalier, «pour qu’ils puissent enclencher rapidement les changements nécessaires à l’amélioration de notre performance», mentionne le commissaire. Il est convaincu que ces recommandations peuvent s’appliquer dans toutes les urgences, pour peu qu’on fasse preuve de leadership.

Suivi?

Mais que saura-t-on des retombées de ce rapport si le gouvernement Couillard va de l’avant avec l’abolition de la Commission à la santé et au bien-être, créée en 2005 – sous Philippe Couillard comme ministre de la Santé – pour analyser les résultats du système de santé?

«Cette organisation-là doit rester, estime Robert Salois. Les meilleurs pays, les meilleures provinces ont des organisations qui évaluent la performance des systèmes de santé. En Ontario, ils ont une grosse équipe, ils dépensent 30M$ pour évaluer la performance, et ils sont parmi les meilleurs au Canada. Nous, on avait un petit 2,7M$…» Une somme annuelle qui aura à tout le moins permis à la Commission de produire une trentaine de rapports qui mettent en lumière le réseau de la santé.

Recommandations

1) Assurer une couverture médicale dans les Groupes de médecine familiale (GMF) les soirs et les fins de semaine en fonction du volume et des besoins des patients

2) Mettre en place un «Accueil clinique» dans les établissements de santé pour les diagnostics rapides

3) Mettre en place un mécanisme permettant d’ajuster le nombre de médecins à l’urgence lorsque l’achalandage est élevé

4) Accroître les responsabilités des infirmières à l’urgence en rehaussant leur rôle dans le traitement des patients ayant des problèmes mineurs

5) Assurer la disponibilité des lits à l’étage lors d’un débordement à l’urgence, mieux planifier les séjours des patients hospitalisés, et se doter des ressources nécessaires en soins à domicile, en réadaptation et en hébergement afin d’éviter que ces patients soient en attente de ces services dans un lit d’hôpital

6) Définir des cibles de performances fondées sur les meilleures pratiques, mesurer et suivre les résultats, et apporter les correctifs nécessaires au besoin

7) Mettre en place des processus et des outils pour mesurer la pertinence clinique et la performance des médecins à l’urgence afin de leur permettre de se comparer et d’améliorer leur pratique

8) Adapter le mode de financement dans les urgences pour tenir compte de leur performance

9) Rendre compte à la population de la performance des urgences en élaborant un rapport annuel déposé à l’Assemblée nationale

Les chiffres cités dans l’article concernant la performance des urgences relèvent des données de 2014-2015, compilées par la Commission.

Québec Hebdo

 

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