Louer une terre: une solution gagnant-gagnant
AGRICULTURE. D’un côté, des propriétaires terriens qui ne veulent pas que leur terre tombe en friche. De l’autre, des entrepreneurs pleins d’idées qui ont besoin d’une parcelle de terre à travailler. L’occasion était trop belle pour Développement Côte-de-Beaupré et la MRC, qui ont créé une banque de terres à louer dans la région.
(Photo TC Media – Prisca Benoit)
Mathieu Morrissette et sa conjointe viennent de démarrer un élevage de bœufs de boucherie à échelle humaine. «Nos clients sont propriétaires de leur bête, afin qu’ils sachent que c’est un animal qu’ils mangent», résume l’entrepreneur. C’est aussi une façon de conscientiser les consommateurs à l’industrie de la viande, qui contient son lot de désagréments, selon lui.
Comme leur projet est en démarrage, le couple n’avait pas besoin d’une terre très vaste pour s’occuper de leurs bêtes. «Quelques hectares pour le pâturage et quelques autres pour faire des balles de foin pour l’automne et s’était parfait pour nous», poursuit-il. Les propriétés sur le marché sont actuellement soit trop petites ou trop grandes pour eux et, bien souvent, très chères pour de nouveaux entrepreneurs.
C’est son beau-frère qui lui a parlé de la banque de terres de Développement Côte-de-Beaupré. Le principe est simple: les propriétaires et les locataires s’inscrivent, puis les employés de CDB et de la MRC tentent de trouver la combinaison parfaite. Le tout se fait dans la confidentialité. «On choisit beaucoup par rapport au projet, explique la conseillère en développement culturel et rural à DCB, Bianca Cadieux. Il faut que les projets et les besoins s’harmonisent bien.»
Si la MRC et DCB ont décidé de s’investir dans un service de banque de terres, c’est pour s’assurer que chaque parcelle de terre agricole y soit utilisée à son plein potentiel. «C’est dans nos priorités du Plan de développement des zones agricoles de dynamiser l’industrie et de favoriser la venue de nouveaux producteurs, estime Mme Cadieux. On veut aussi aider aux transferts de fermes et voir si on peut remettre en culture des terres en friche.»
Dans le cas de Mathieu Morrissette, les choses se sont passées assez rapidement. C’est d’ailleurs le premier maillage réalisé via la banque de terres. Son locateur, Alain Dupont, avait déjà fait de l’élevage de bovins sur la terre qu’il a loué. Ensemble, ils se sont bâti une entente qui correspondait aux désirs de chacun.
Les avantages pour le locataire sont surtout monétaires, considère M. Morrissette. «C’est la capacité d’achat de la terre qui fait que je me tourne vers la location, explique-t-il. La valeur des terres agricoles monte en flèche à cause des étrangers qui viennent en acheter. La relève qui a un projet local et qui veut encourager la sécurité et le commerce alimentaire québécois ne peut plus se les permettre.»
Le propriétaire s’assure quant à lui de ne pas laisser sa terre tomber en friche, et ce, même s’il n’a plus le temps ou l’énergie pour s’y consacrer. «C’est permettre au propriétaire d’avoir un entretien sur leur terre quand il ne s’en sert pas, estime M. Morrissette. Quand le projet correspond à la vision qu’ils ont de leur terre, le projet va aller de pair avec ce qu’il aurait fait lui-même.»
Pour l’instant, ce sont surtout des producteurs de la relève à la recherche d’une terre qui sont dans la banque de terres, ou encore des producteurs qui veulent agrandir leur culture. La MRC et DCB cherchent plus activement des propriétaires qui veulent louer leur terre. «C’est un jeune projet encore, il faut continuer à en parler», croit Mme Cadieux.
La banque de terre accueille toujours des candidatures. Pour s’inscrire, il faut se rendre sur le site internet de la MRC de La Côte-de-Beaupré.