Le sureau: une baie aux puissantes vertus
DOSSIER. Alors que les premières récoltes de l’été arrivent, L’Autre Voix est allé à la rencontre de producteurs aux cultures non traditionnelles. Cette semaine, on découvre le sureau, une baie aux multiples bénéfices.
(Photo gracieuseté)
Originaire de Saint-Tite-des-Caps, Daniel Côté avait quitté sa terre natale pour vivre pendant plusieurs années sur la Rive-Sud de Montréal. «À un moment donné, j’ai décidé de racheter la terre de mes ancêtres, raconte-t-il. Cinq générations auparavant, elle appartenait à la famille Côté.» Il y avait eu entre-temps ce qu’il décrit comme un «massacre»: une coupe à blanc qui avait complètement détruit le sol.
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Devant ce constat, le producteur n’a eu d’autre choix que de retravailler sa terre avec de nouvelles semences. «Au début, j’ai essayé de replanter des choses, sans trop savoir quoi», poursuit-il. Il avait une idée en tête cependant: il voulait trouver une culture originale. «Ça me prenait quelque chose de vraiment proche de la terre, sans agents chimiques.»
Après quelques recherches, quelle ne fut pas sa surprise de se rendre compte qu’un des fruits qu’il avait en tête, le sureau, poussait déjà à l’été sauvage au Québec. «C’est une plante très cultivée dans les pays scandinaves, explique-t-il. Il y a beaucoup de produits dérivés à base de sureau là-bas, étant donné que ça pousse dans notre climat.» La plante convenait donc bien au temps plus froid qu’on retrouve dans l’est de la MRC de La Côte-de-Beaupré.
Une plante médicinale?
Comme plusieurs baies et petits fruits, le sureau comporte un excellent apport en antioxydants, «plus même que la canneberge», note M. Côté. D’autres avancent que la baie pourrait aider à lutter contre les symptômes de la grippe, un peu comme l’échinacée. Selon le producteur, plusieurs histoires chez les autochtones et chez les Européens rapportent que la baie de sureau était utilisée de multiples façons pour prévenir ou guérir des maladies.
(Photo gracieuseté)
Mais, au-delà des histoires du passé, une chercheuse de l’Université du Québec à Montréal, Evelyne Muhire, a établi un lien entre la consommation de baie de sureau et la prévention du cancer du cerveau. C’est l’anthocyane de ces baies qui donnent la couleur bleutée au fruit et qui permet de réduire la prolifération des glioblastomes, un cancer du cerveau très agressif. «Ce sont des études très sérieuses qui sont en cours présentement. On verra leur résultat plus concrètement dans quelques années, mais pour l’instant, tout est concluant.»
Le producteur de Saint-Tite-des-Caps s’est plutôt concentré sur l’aspect alimentaire du fruit. «Je le transforme en gelée, beurre, confit d’oignons, des pâtes de fruit, des chocolats… C’est surtout des sucreries!», s’amuse-t-il. Le fruit est meilleur lorsque cuisiné, parce que son goût naturel se révèle assez acre.
Après avoir fait un premier test de mise en marché dans la région de Charlevoix, qui s’est révélé être un franc succès, Daniel Côté et son associé ont préféré mettre leur projet sur pause. «On veut s’assurer de bien répondre à la demande, avoue-t-il. Il fallait que je puisse supporter cette demande-là, alors j’ai tout arrêté pour m’assurer que mes plants de sureau poussent suffisamment.»
Éventuellement, Daniel Côté souhaiterait léguer sa terre à ses neveux, lui qui n’a pas d’enfants. «Ce sera à eux, ils pourront avoir une petite compagnie…» Entretemps, d’autres projets fleurissent pour l’entrepreneur, comme l’ouverture d’une auberge.
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